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  • Le drame syrien

    Le drame syrien

    Depuis quelques jours, dans l’indifférence générale, le conflit entre loyalistes et insurgés en Syrie s’est développé de manière incroyable puisque les combats se rapprochent du cœur du régime, de Damas et que le pouvoir a dû envoyer plus de deux mille soldats d’élite afin de réoccuper une banlieue de la capitale. Il a fallu des combats à l’arme lourde, à l’aide de chars et de véhicules blindés pour desserrer l’étau et forcé les insurgés à décrocher. Désormais, l’armée syrienne libre (al-Djish al-souri al- hor) a les moyens de faire tomber le régime qui n’a plus la ressource d’amorcer quelque dialogue national que ce soit.

    Il faut dire que les dernières journées de ce mois de janvier furent singulièrement atroces tant la répression a été aveugle= même des enfants en bas âge n’ont pas été épargnés, un journaliste indépendant dit même avoir été témoin d’égorgements d’adolescents C’est dire. C’est une erreur d’appréciation de parler de guerre civile car cela signifierait qu’une partie de la population lutte contre une autre. Il n’en est rien : il s’agit d’un peuple tout entier qui se soulève contre un clan tyrannique qui a accaparé le pouvoir pour son propre intérêt.

    On parle déjà de sept à huit mille morts, militaires et soldats compris. La Russie qui craint de perdre son unique bastion au cœur du Moyen Orient, s’accroche et défend mordicus un régime qui est indéfendable. Je m’tonne que les Russes n’aient pas appliqué la bonne vieille méthode héritée de l’époque soviétique : susciter un coup d’Etat militaire en favorisant un nouveau clan, plus ouvert et moins tyrannique.

    Il est presque certain que la coalition des Européens et des Américains, sans oublier les Arabes, réussira à faire céder la Russie. Le monde n’assistera pas sans bouger à de telles effusions de sang. Je salue au passage les sacrifices consentis par ce peuple qui subit la dictature implacable d’une famille, qui, de père en fils, s’est arrogée tous les pouvoirs.

    Un dernier mot : un récent article dans Le Figaro a retenu mon attention car il a suscité en moi une certaine perplexité : l’auteur y soulignait que les Occidentaux ne devraient pas commettre les mêmes erreurs que celles commises pour les autres pays arabes ayant vécu un printemps qui a donné lieu à une montée de l’islamisme et à une purge des Chrétiens, le journaliste parle même d’une guerre de religions. Ce qui l’a conduit à cette remarque, c’est le slogan entendu dans les rues des villes insurgées de Syrie : les Alaouites dans le cercueil et les chrétiens à Beyrouth (al-alawi fi-l-tabout wa-l mashiyyin fi Beyrouth…)

    En effet, c’est inquiétant, mais est-ce vraiment étonnant ? Méditons le cas libyen, et le cas égyptien et le cas tunisien…

  • L’interview télévisée de Nicolas Sarkozy

     

    L’interview télévisée de Nicolas Sarkozy

    Je ne sais plus qui dénonça jadis, le premier, le fameux pacte politico-médiatique, soulignant par là le caractère peu sacré de cette union entre les acteurs politiques, dûment mandatés par la nation, et les commentateurs qui réussissent à créer l’événement et à l’imposer contre vents et marées.

    Je n’entends pas par là amoindrir l’importance ni la qualité de l’intervention d’hier, mais simplement dire que de contre-pouvoir la presse est devenue un pouvoir tout court et que cette évolution est néfaste, ou pour parler comme les Allemands, promus depuis hier soir nos maitres à penser et nos références indiscutables (ce que je répète moi-même à l’longueur d’articles depuis des années) : unheilig. Voilà pour le préambule.

    Nicolas Sarkozy a bien parlé hier soir, il a changé ou a voulu donner cette impression, mais pourquoi ne pas le croire ? Il a maintes fois cité le Premier Ministre, et aussi le gouvernement, éveillant ainsi l’impression que les facteurs politiques sont plusieurs et qu’on a quitté la monarchie depuis quelque temps ; il a détaillé les mesures à prendre, peut-être même un peu trop, puisque les précisions, utilement recherchées, pourraient passer nettement au-dessus de la tête des Français dont il espère qu’ils vont lui apporter leurs suffrages en découvrant qu’il s’occupe d’eux concrètement.

    J’ai relevé la référence à l’authenticité et à la sincérité, voire même cette petite réflexion un tantinet philosophique sur la vérité et ses figures…

    N’étant pas économiste je ne parlerai pas de la fameuse TVA sociale (si mal nommée, selon le président), ni de la taxe sur les transactions financières, ni même de la baisse des prélèvements, même si cela représente un aspect majeur de l’avenir économique de ce pays.

    Non, ce qui m’intéresse, à plus d’un titre, c’est la relation à l’Allemagne, promue au rang de modèle et devenue une sorte d’horizon insurpassable. Ce n’est pas le philosophie-germaniste, auteur de ces lignes, qui va s’en plaindre, cela fait bien longtemps que je répète la nécessité pour les Français de quitter un peu cette mentalité de jouisseur pour se soumettre enfin aux sacrifices lorsqu’ils se révèlent incontournables. Je n’aime pas beaucoup le maréchal Pétain mais j’ai bien apprécié, à travers les livres d’histoire, ce qu’il disait à propos de l’esprit der jouissance, opposé à l’esprit de sacrifice. La France doit enfin se réveiller et se mettre à l’heure allemande. Je sais bien qu’il ne faut pas le dire aussi brutalement, je sais tout aussi bien que sur certains plans, l’Allemagne devrait elle aussi nous imiter. En revanche, aujourd’hui nous devons, nous, changer…

    Je me souviens encore de cet important conseiller de l’Elysée, si proche collaborateur du chef de l’Etat qui, me recevant dans bureau, s’étonna, de prime abord, de ce qu’il nomma mon tropisme germanique… C’est dire combien d’efforts restent à fournir !

    Je n’entends pas par là que la culture allemande est supérieure à la culture française, je ne dis pas qu’il fait mieux vivre à Berlin ou à Munich que dans nos provinces ou à Paris (dont raffolent tous les diplomates allemands que j’ai connus), je dis simplement que les Français doivent cesser de rêver la réalité et comprendre que les situations économiques et financières sont ce qu’elles sont. On ne les changera pas par des incantations.

    Les références à l’Allemagne et à sa gestion économique et financière m’ont donc beaucoup plu, mais cela ne résout pas le problème : le président ne nous a pas dit comment on transforme la mentalité française en mentalité allemande. L’histoire des Gaulois n’est pas vraiment identique à celle des Germains. Clémenceau et Poincaré ne donneront jamais Bismarck qui avait fait afficher cette terrible pancarte dans toutes les salles classe de l’empire l’homme n’est pas sur terre pour être heureux mais pour accomplir son devoir ; Der Mensch ist nicht auf Erden um glücklich zu sein, sondern um seine Pflicht zu tun.

    Même au plan intellectuel et culturel, en général, la germanisation de la France n’est pas envisageable. Par ailleurs, l’Histoire nous offre l’exemple inverse : ce sont nos académiciens et nos encyclopédistes qui ont animé la vie intellectuelle de Berlin au cours du XVIIIe siècle. Et l’exemple le plus frappant n’est autre que celui du roi Frédéric II dont la francophilie le poussait, nous dit-on, à ne parler allemand qu’à son… cheval !

    C’est ce rattachement à l’Allemagne qui me paraît le fait le plus important de l’intervention du chef de l’Etat hier. Certes, certains commentateurs politiques dénonceront cette mise à la remorque de l’Allemagne, surtout après la perte du triple A…

    Le chef de l’Etat a changé. Je me souviens que lors de son bref passage à Bercy, ses plus proches conseilleurs commençaient à émettre l’idée de remplacer le couple franco-allemand par un tandem franco-britannique. C’était un peu plus d’un an avant l’élection présidentielle. Les choses ont changé depuis cette époque..

    Mais hier, le chef de l’Etat a parlé vrai, il a dit les choses comme il devait le faire. Il a insisté sur les charges qui lui incombent, notamment ne pas cesser de s’occuper de la France pour ne s’occuper que de la campagne électorale. Il a placé les intérêts du pays avant les siens propres.

    C’est très méritoire, mais il ne faut pas qu’il tarde trop à se déclarer. Le facteur temps est crucial. Et même si Aristote disait dans sa Physique que le temps n’existe pas au fond, puisqu’il est le nombre du mouvement, mais que c’est la durée qui compte, le temps politique, lui, n’attend pas et ne soucie guère de toutes ces subtilités.

    Nicolas Sarkozy doit se déclarer vite, car la nature ne change pas : elle a toujours horreur du vide.

    Maurice-Ruben HAYOUN

    TDG du 30 janvier 2012

  • LA SUISSE ET L’UNION EUROPEENNE

    LA SUISSE ET L’UNION EUROPEENNE
    Ce titre pourrait étonner, tant j’ai pour habitude de ne pas faire du nombrilisme helvétique, mais d’élargir les centres d’intérêts afin d’entendre battre le cœur du vaste monde : Proche-Orient, révolutions arabes, politique des USA, religion, philosophie etc…
    Et si j’évoque brièvement ce thème, celui des relations entre l’ilôt suisse et le vaste océan européen, c’est parce que cette confédération a fait le bon choix en refusant de s’intégrer dans un magma dont personne ne sait à quoi il ressemblera demain. Un certain nombre de points militent, hélas, dans ce sens :

    a)    les graves incertitudes économiques et monétaires : la Suisse a une monnaie forte, qui reflète la vraie richesse du pays et a même servi de valeur refuge lorsque l’Euro fut sérieusement attaqué. Partant, intégrer la zone Euro ressemblerait au mieux à de la folie, au pire à un véritable suicide.
    b)    L’absence d’une gouvernance économique en Europe : la Suisse est une confédération, mais les dossiers les plus régaliens, dirais-je, dépendent de Berne et non de Genève ou de Zurich. Aujourd’hui, l’Europe a une monnaie commune mais c’était folie de vouloir faire marcher l’Allemagne  et la Grèce (ou le Portugal et l’Espagne, ou l’Italie, voire même la France) au même pas.
    c)    L’immigration et l’insécurité : venant à Genève par le train ou par la route presque chaque semaine, je me rends compte du nombre de douaniers et de policiers qui contrôlent les entrées dans le pays. L’Europe est malheureusement ouverte aux quatre vents, ce qui, dans la situation actuelle, renforce le réflexe sécuritaire et renfloue au plan électoral les partis extrémistes…
    d)    La crise économique : l’intervention télévisée du chef de l’Etat français, ce soir, montre à l’envi, l’extrême fébrilité qui s’est emparée des citoyens des pays européens, en attente d’une élection importante. Et on se demande si la montagne ne va pas accoucher d’une souris.

    La Suisse serait donc bien inspirée à conserver son statut d’îlot de sécurité, d’indépendance et de prospérité (relative) dans cet océan houleux qu’est devenue l’Europe des vingt-sept.