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Conflit israélo-arabe

  • Edmond Fleg II

     

     

    Edmond Fleg, II

     

    Je dois à mon éminent collègue et ami, le professeur Yves CHEVALIER l’opportunité de revenir sur l’article déjà publié ici même sur ce grand maître du judaïsme français et francophone que fut Edmond Fleg. Il m’a indiqué l’existence d’un précédent numéro de la revue SENS (3-1984) qu’il m’a procuré : sans son aide, je ne serais pas revenu sur cet important maître tombé dans un oublie immérité. Alors que sa contribution dans d’innombrables domaines est absolument indéniable, à une époque, notamment au lendemain de la Shoah, où il fallait rebâtir et les pierres et les âmes (Grand Rabbin Jacob Kaplan).

     

    Ce numéro de 1984 m’a impressionné par sa richesse et sa qualité, ce qui n’est guère étonnant de la part d’une revue si bien dirigée.

     

    Je vais me concentrer ici sur un extrait fondamental, tiré de l’Enfant prophète (pp 89-91) et qui semble résumer à la perfection le judaïsme que Fleg (= l’Enfant prophète) appelait de ses vœux.

     

    Résumons les idées principales et replaçons les dans le contexte idéologique et religieux de l’époque. Comme c’est toujours le cas dans de pareilles circonstances, c’est-à-dire dans les temps de crise de la tradition rabbinique ancestrale, la transmission laisse grandement à désirer et les nouveaux venus, les enfants devenus adultes, ne savent plus du tout pourquoi ils sont juifs. C’est que la génération précédente, terrassée par l’antisémitisme plus ou moins violent, ne croyait déjà plus aux valeurs juives qu’elle était censée transmettre à ses descendants. Partant, les nouveaux adultes se trouvaient en possession de lambeaux, de pièces disparates, de pratiques incompréhensibles et incomprises, car on n’avait plus de maître pour les expliquer et leur redonner vie. C’est le constat que fait le jeune homme (E.F.) : et il n’hésite pas à entrer directement in medias res puisqu’il dit ne pas vouloir célébrer sa bar mitzwa

     

    Et pour quelle raisons ? C’est le texte que je vais étudier succinctement qui l’explique : de manière assez surprenante, il estime ne pas en être digne, il explique qu’il faut redéfinir le judaïsme, le repenser, le réformer (sans le défigurer ni en trahir la vocation première), et, signe révélateur, il propose d’en réorganiser le contenu autour de la figure du Messie.

     

    Ici, on peut parler d’une sorte de polémique souterraine à l’égard d’un christianisme agressif, qui se structure totalement autour de la messianité de Jésus, lequel, de par sa venue même, donne le coup de grâce au contenu juridico-légal de la Bible, c’est-à-dire aux préceptes et commandements bibliques. C’est la source même de l’antinomisme de Saint Paul qui a, selon l’Apôtre, spiritualisé la nouvelle religion, par opposition à l’ancienne qui se serait englué dans des pratiques charnelles au lieu d’opter pour une intériorisation de la foi. On est là au cœur des contestations judéo-chrétiennes depuis les origines : la synagogue tient mordicus aux mitzwot là où les adeptes de la nouvelle religion considéraient que la crucifixion sonnait le glas de l’accomplissement concret des commandements divins.

     

    J’ai surtout réfléchi au Messie, oui au Messie, dit le jeune homme (E.F.), qui répond ainsi au rabbin qui veut le convaincre de faire, malgré tout, son entrée dans la congrégation juive, à savoir sa Bar-Mitwa.. Et je jeune homme, dans une longue et très riche tirade, va développer ses idées novatrices face à un rabbin dont le désarroi intérieur est attesté par la présence d’une larme discrètement essuyée du doigt… Ses répliques ne sont pas très étendues, à peine une ligne, voire parfois, moins, alors que le jeune homme, censé n’avoir que treize ans, parle d’abondance.

     

    Ces fêtes, ces pratiques, lui dit il, devraient être mises au service de l’avènement messianique ! On sent un jeune esprit, apeuré par un amoncellement, un réseau d’interdits les plus mystérieux les uns que les autres, et face auxquels on se sent tout petit. Et ce nouvel esprit du judaïsme est le seul à pouvoir hâter la venue du Messie. On a l’impression que Fleg privilégie l’enseignement et le témoignage de la littérature prophétique par rapport aux lois du Pentateuque de Moïse. 

     

    Nous sommes autour des années vingt, donc dans la période de l’entre-deux-guerres : Rosenzweig a publié l’Etoile de la rédemption en 1921, Buber son Je et Tu en 1923, Léo Baeck son Essence du judaïsme (réimpression en 1922) et Heidegger son Sein und Zeit en 1927… Dans un autre domaine, Scholem se prépare en 1923 à faire le grand saut et à émigrer en Eréts Israël. Dans son autobiographie allemande, De Berlin à Jérusalem, il fait le même diagnostic que Fleg qui a publié son ouvrage en 1926 : la jeunesse juive de son temps était prisonnière d’un processus d’effilochage (Zerfasungsprozess), sans savoir à quel saint se vouer, exposée au millage des âmes par le christianisme (Grand Rabbin Jacob Kaplan)

     

    Un débat interne au judaïsme se déroulait autour des valeurs juives les plus vitales : alors que Rosenzweig, dans son retour à un judaïsme orthodoxe, défendait une orthopraxie, Buber, de son côté, estimait qu’une législation ne pouvait pas avoir été l’objet de la Révélation. La réponse de Rosenzweig ne se fit point attendre dans un magnifique texte intitulé Les bâtisseurs (Die Bauleute), allusion au verset qui fait un jeu de mots entre banayikh (tes fils) et bonayikh (tes bâtisseurs) : sous entendu, tes fils sont ceux qui poursuivent ton œuvre…

     

    Une redéfinition du judaïsme, selon Fleg, doit viser à faire du judaïsme la religion du Messie, c’est-à-dire un nouveau message prophétique : de nouveau, Fleg en vient au symbolisme comme on va le voir, plutôt qu’à la fidélité sans faille à la lettre. Si le Messie de paix et de justice venait enfin, tout serait plus simple et surtout plus clair…

     

    Ainsi, dans la fête de Pâque, la Mer rouge serait la mer de sang que devra traverser le Messie pour marquer son avènement… Ici aussi, la fameuse méthode d’interprétation allégorique accomplit son effet. L’événement salvifique d’un Israël fuyant l’Egypte avec son armée le poursuivant est compris de manière allégorique et spirituelle. Il en va de même de la cérémonie du Grand pardon (Yom Kippour) : ce jeûne doit nous aider à expier nos péchés afin que le Messie puisse venir dans une humanité régénérée. Et auparavant, à Rosh ha shana, le nouvel an juif, la corne de bélier est censé appeler le Messie et célébrer son avènement. La fête des cabanes se distingue par le fameux bouquet festif que l’on agite durant la prière afin de rendre hommage aux prophètes de toutes les religions qui ont annoncé le Messie.

     

    On voit que sans prôner un syncrétisme, en vogue à l’époque, Fleg propose simplement d’élargir le sein d’Abraham (Ernest Renan). Enfin, le sabbat connaît lui aussi une interprétation philosophique : il apporte le repos à toute une humanité en gésine de Messie. Fleg ajoute cette phrase Ô combien révélatrice de son malaise intérieur : On mangerait, on vivrait autrement que les autres, mais on saurait pourquoi : pour conserver la race qui doit enfanter le Messie. En d’autres termes, le Messie naît en Israël et se destine aussi aux enfants d’Israël. Et les juifs depuis deux millénaires d’exil endurent tout pour entretenir cet espoir d’un avenir meilleur pour l’ensemble du monde. Fleg considère donc que l’axe central du judaïsme est et demeure l’avènement messianique…

     

    Fleg parle de la Terre sainte qui doit être développée car c’est là bas que naîtra le Messie. Voilà un sionisme aux racines théologiques. En se préparant à recevoir le Messie, Israël doit évacuer tout le mal sous toutes ses formes. Et c’est seulement à ce prix qu’on sera digne de le recevoir. Voici une pastorale de la Rédemption qui se confond avec un humanisme universel : si personne ne ment, ne dupe ni ne tue, alors l’humanité se trouve dans un état de post-rédemption… Tous les hommes aimeraient alors Dieu de toutes leurs forces : Fleg reprend ici des formules du chapitre 6 du Deutéronome qui se trouvent dans la profession de foi juive (Shema’ Israel).

     

    L’amour, la paix et la justice régneraient alors sans partage puisque le mal aura été banni à tout jamais.

     

    Pour conclure sa péroraison, le jeune homme assène cette phrase conclusive à un pauvre rabbin entièrement sonné : Voilà à quoi j’ai pensé Monsieur le rabbin. Un pauvre rabbin qui s’attendait à tout sauf à cela, à une véritable action de repenser le judaïsme.

     

    Eh bien, si c’était ça le judaïsme, ne croyez vous pas que tout le monde le comprendrait ? Et que tous les juifs redeviendraient juifs ? C’est là une véritable exécution capitale. Et ce n’est pas fini puisque le jeune homme reprend la parole de ce pauvre rabbin qui lui avait dit que chaque Israélite est un prête… La réponse :

     

    dim. 25 août 11:11 (il y a 1 jour)

       

    À moi

    Dans ce cas, si cela était vrai, tous les hommes deviendraient des Juifs.

    Voilà une mémorable charge anti rabbinique. Fleg est un peu sévère avec une classe rabbinique qui s’est contenté de gérer un héritage reçu d’autres. Mais soyons justes : sans l’élite rabbinique, nous ne serions plus juifs. A quel prix le sommes nous restés, ça c’est une autre histoire…

     

     

     

    Edmond Fleg, II

     

    Je dois à mon éminent collègue et ami, le professeur Yves CHEVALIER l’opportunité de revenir sur l’article déjà publié ici même sur ce grand maître du judaïsme français et francophone que fut Edmond Fleg. Il m’a indiqué l’existence d’un précédent numéro de la revue SENS (3-1984) qu’il m’a procuré : sans son aide, je ne serais pas revenu sur cet important maître tombé dans un oublie immérité. Alors que sa contribution dans d’innombrables domaines est absolument indéniable, à une époque, notamment au lendemain de la Shoah, où il fallait rebâtir et les pierres et les âmes (Grand Rabbin Jacob Kaplan).

     

    Ce numéro de 1984 m’a impressionné par sa richesse et sa qualité, ce qui n’est guère étonnant de la part d’une revue si bien dirigée.

     

    Je vais me concentrer ici sur un extrait fondamental, tiré de l’Enfant prophète (pp 89-91) et qui semble résumer à la perfection le judaïsme que Fleg (= l’Enfant prophète) appelait de ses vœux.

     

    Résumons les idées principales et replaçons les dans le contexte idéologique et religieux de l’époque. Comme c’est toujours le cas dans de pareilles circonstances, c’est-à-dire dans les temps de crise de la tradition rabbinique ancestrale, la transmission laisse grandement à désirer et les nouveaux venus, les enfants devenus adultes, ne savent plus du tout pourquoi ils sont juifs. C’est que la génération précédente, terrassée par l’antisémitisme plus ou moins violent, ne croyait déjà plus aux valeurs juives qu’elle était censée transmettre à ses descendants. Partant, les nouveaux adultes se trouvaient en possession de lambeaux, de pièces disparates, de pratiques incompréhensibles et incomprises, car on n’avait plus de maître pour les expliquer et leur redonner vie. C’est le constat que fait le jeune homme (E.F.) : et il n’hésite pas à entrer directement in medias res puisqu’il dit ne pas vouloir célébrer sa bar mitzwa

     

    Et pour quelle raisons ? C’est le texte que je vais étudier succinctement qui l’explique : de manière assez surprenante, il estime ne pas en être digne, il explique qu’il faut redéfinir le judaïsme, le repenser, le réformer (sans le défigurer ni en trahir la vocation première), et, signe révélateur, il propose d’en réorganiser le contenu autour de la figure du Messie.

     

    Ici, on peut parler d’une sorte de polémique souterraine à l’égard d’un christianisme agressif, qui se structure totalement autour de la messianité de Jésus, lequel, de par sa venue même, donne le coup de grâce au contenu juridico-légal de la Bible, c’est-à-dire aux préceptes et commandements bibliques. C’est la source même de l’antinomisme de Saint Paul qui a, selon l’Apôtre, spiritualisé la nouvelle religion, par opposition à l’ancienne qui se serait englué dans des pratiques charnelles au lieu d’opter pour une intériorisation de la foi. On est là au cœur des contestations judéo-chrétiennes depuis les origines : la synagogue tient mordicus aux mitzwot là où les adeptes de la nouvelle religion considéraient que la crucifixion sonnait le glas de l’accomplissement concret des commandements divins.

     

    J’ai surtout réfléchi au Messie, oui au Messie, dit le jeune homme (E.F.), qui répond ainsi au rabbin qui veut le convaincre de faire, malgré tout, son entrée dans la congrégation juive, à savoir sa Bar-Mitwa.. Et je jeune homme, dans une longue et très riche tirade, va développer ses idées novatrices face à un rabbin dont le désarroi intérieur est attesté par la présence d’une larme discrètement essuyée du doigt… Ses répliques ne sont pas très étendues, à peine une ligne, voire parfois, moins, alors que le jeune homme, censé n’avoir que treize ans, parle d’abondance.

     

    Ces fêtes, ces pratiques, lui dit il, devraient être mises au service de l’avènement messianique ! On sent un jeune esprit, apeuré par un amoncellement, un réseau d’interdits les plus mystérieux les uns que les autres, et face auxquels on se sent tout petit. Et ce nouvel esprit du judaïsme est le seul à pouvoir hâter la venue du Messie. On a l’impression que Fleg privilégie l’enseignement et le témoignage de la littérature prophétique par rapport aux lois du Pentateuque de Moïse. 

     

    Nous sommes autour des années vingt, donc dans la période de l’entre-deux-guerres : Rosenzweig a publié l’Etoile de la rédemption en 1921, Buber son Je et Tu en 1923, Léo Baeck son Essence du judaïsme (réimpression en 1922) et Heidegger son Sein und Zeit en 1927… Dans un autre domaine, Scholem se prépare en 1923 à faire le grand saut et à émigrer en Eréts Israël. Dans son autobiographie allemande, De Berlin à Jérusalem, il fait le même diagnostic que Fleg qui a publié son ouvrage en 1926 : la jeunesse juive de son temps était prisonnière d’un processus d’effilochage (Zerfasungsprozess), sans savoir à quel saint se vouer, exposée au millage des âmes par le christianisme (Grand Rabbin Jacob Kaplan)

     

    Un débat interne au judaïsme se déroulait autour des valeurs juives les plus vitales : alors que Rosenzweig, dans son retour à un judaïsme orthodoxe, défendait une orthopraxie, Buber, de son côté, estimait qu’une législation ne pouvait pas avoir été l’objet de la Révélation. La réponse de Rosenzweig ne se fit point attendre dans un magnifique texte intitulé Les bâtisseurs (Die Bauleute), allusion au verset qui fait un jeu de mots entre banayikh (tes fils) et bonayikh (tes bâtisseurs) : sous entendu, tes fils sont ceux qui poursuivent ton œuvre…

     

    Une redéfinition du judaïsme, selon Fleg, doit viser à faire du judaïsme la religion du Messie, c’est-à-dire un nouveau message prophétique : de nouveau, Fleg en vient au symbolisme comme on va le voir, plutôt qu’à la fidélité sans faille à la lettre. Si le Messie de paix et de justice venait enfin, tout serait plus simple et surtout plus clair…

     

    Ainsi, dans la fête de Pâque, la Mer rouge serait la mer de sang que devra traverser le Messie pour marquer son avènement… Ici aussi, la fameuse méthode d’interprétation allégorique accomplit son effet. L’événement salvifique d’un Israël fuyant l’Egypte avec son armée le poursuivant est compris de manière allégorique et spirituelle. Il en va de même de la cérémonie du Grand pardon (Yom Kippour) : ce jeûne doit nous aider à expier nos péchés afin que le Messie puisse venir dans une humanité régénérée. Et auparavant, à Rosh ha shana, le nouvel an juif, la corne de bélier est censé appeler le Messie et célébrer son avènement. La fête des cabanes se distingue par le fameux bouquet festif que l’on agite durant la prière afin de rendre hommage aux prophètes de toutes les religions qui ont annoncé le Messie.

     

    On voit que sans prôner un syncrétisme, en vogue à l’époque, Fleg propose simplement d’élargir le sein d’Abraham (Ernest Renan). Enfin, le sabbat connaît lui aussi une interprétation philosophique : il apporte le repos à toute une humanité en gésine de Messie. Fleg ajoute cette phrase Ô combien révélatrice de son malaise intérieur : On mangerait, on vivrait autrement que les autres, mais on saurait pourquoi : pour conserver la race qui doit enfanter le Messie. En d’autres termes, le Messie naît en Israël et se destine aussi aux enfants d’Israël. Et les juifs depuis deux millénaires d’exil endurent tout pour entretenir cet espoir d’un avenir meilleur pour l’ensemble du monde. Fleg considère donc que l’axe central du judaïsme est et demeure l’avènement messianique…

     

    Fleg parle de la Terre sainte qui doit être développée car c’est là bas que naîtra le Messie. Voilà un sionisme aux racines théologiques. En se préparant à recevoir le Messie, Israël doit évacuer tout le mal sous toutes ses formes. Et c’est seulement à ce prix qu’on sera digne de le recevoir. Voici une pastorale de la Rédemption qui se confond avec un humanisme universel : si personne ne ment, ne dupe ni ne tue, alors l’humanité se trouve dans un état de post-rédemption… Tous les hommes aimeraient alors Dieu de toutes leurs forces : Fleg reprend ici des formules du chapitre 6 du Deutéronome qui se trouvent dans la profession de foi juive (Shema’ Israel).

     

    L’amour, la paix et la justice régneraient alors sans partage puisque le mal aura été banni à tout jamais.

     

    Pour conclure sa péroraison, le jeune homme assène cette phrase conclusive à un pauvre rabbin entièrement sonné : Voilà à quoi j’ai pensé Monsieur le rabbin. Un pauvre rabbin qui s’attendait à tout sauf à cela, à une véritable action de repenser le judaïsme.

     

    Eh bien, si c’était ça le judaïsme, ne croyez vous pas que tout le monde le comprendrait ? Et que tous les juifs redeviendraient juifs ? C’est là une véritable exécution capitale. Et ce n’est pas fini puisque le jeune homme reprend la parole de ce pauvre rabbin qui lui avait dit que chaque Israélite est un prête… La réponse :

     

    dim. 25 août 11:11 (il y a 1 jour)

       

    À moi

    Dans ce cas, si cela était vrai, tous les hommes deviendraient des Juifs.

    Voilà une mémorable charge anti rabbinique. Fleg est un peu sévère avec une classe rabbinique qui s’est contenté de gérer un héritage reçu d’autres. Mais soyons justes : sans l’élite rabbinique, nous ne serions plus juifs. A quel prix le sommes nous restés, ça c’est une autre histoire…

     

     

     

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  • L’INTERVIEW DU PRÉSIDENT CACHAR AL ASSAD AU FIGARO

    L’INTERVIEW DU PRÉSIDENT CACHAR AL ASSAD AU FIGARO
    Dans le grand quotidien national français d’hier, on peut prendre connaissance d’une longue interview du président syrien . Disons d’emblée qu’elle n’apporte rien de vraiment nouveau et qu’elle brille même par son excessive prudence. C’est l’aspect le plus important de cet entretien qui livre tout de même aussi un indice important sur les coulisses d’un pouvoir parmi les plus opaques au monde : le jeune président qui n’a accédé au pouvoir qu’à la suite de la disparition tragique de son frère aîné, peine à s’affranchir de la tutelle, voire de la mainmise de la vieille camarilla qui surveille ses faits et gestes. Or, dans le régime syrien, habitué aux coups d’Etat, ce sont l’armée et le parti Baas qui ont le premier et le dernier mot…
    En revanche, certaines déclarations, même formulées avec le plus grand soin, confirment ce que je relevais précédemment, à savoir la nécessité d’ouverture pour échapper à l’isolement international et à l’asphyxie économique, deux dangers qui pourraient être fatal au régime en place.
    Il y a donc eu un débat interne aux premiers cercles du pouvoir et le président a pu faire admettre qu’une nouvelle politique, timide à ses débuts, était nécessaire, voire vitale. Et on sait combien le clan est attaché à sa survie.
    Que dit l’interview ? Elle aborde quelques points majeurs : La politique internationale, le conflit israélo-arabe et la situation intérieure syrienne.
    Le président syrien reconnaît que la France lui offre une magnifique ouverture sur la scène internationale : les USA sont hors jeu pendant la campagne électorale, sans même parler de leur exécration du régime d’el Assad… Il saisit la chance de sa vie en se rendant au sommet du 13 juillet pour l’Union de la Méditerranée à Paris. D’une certaine manière, la France lui offre une main secourable qui le rend fréquentable alors qu’on le considérait comme un pestiféré (voir ce que pensait Jacques Chirac du régime syrien…)
    Sur le conflit avec Israël, le président syrien est étonnamment clair, signe d’une évolution majeure du régime. Il ne se cache pas, évoque ouvertement la perspective de négociations directes avec Israël et se sert comme d’une feuille de vigne de la garantie américaine à venir : pas de contact avec l’administration Bush il faut attendre le résultat des élections… Comme si le président Bush était demandeur… Le président syrien a visiblement fait des progrès en matière de négociations diplomatiques. Quand on lui pose la question sur son alliance avec Téhéran, dont tout devrait, en bonne logique, le séparer, el-Assad esquive et souligne que chaque Etat a le régime qu’il s’est choisi… La ficelle est encore plus grosse pour ce qui est du Liban : nous sommes prêts, dit-il, à y ouvrir une ambassade, ce sont les Libanais qui en en empêchaient en raison de leurs dissensions internes et d’une politique peu aimable à notre égard. Et pui, ajoute-t-il,  il y a plusieurs dizaines d’Etats avec lesquels nous n’avons pas échangé d’ambassadeurs, est-ce à dire que nous ne les reconnaissons pas ? Paradoxes qui seraient savoureux pour tout palais, sauf libanais ! L’enquête sur la mort d Rafic Hariri est traitée avec distance, comme si le régime syrien n’avait rien à y voir.
    C’est sur la situation intérieure syrienne que le président est le plus innovant car il reconnaît (et c’est une première, dans un journal occidental) que la nature du pays, de son histoire et le caractère de ses habitants ne permet pas l’instauration d’un régime démocratique digne de ce nom. Assurément, je ne reprends pas ses propres mots, mais c’est ce qu’il dit… Par antiphrases, il reconnaît que la démocratie est pour après-demain dans un pays qui vit sous l’état d’urgence depuis un bon demi siècle…
    Ah, l’Orient…

  • HASSAN NASRALLAH, BIENTÔT GÊNANT POUR LA SYRIE ?

     

    HASSAN NASRALLAH, BIENTÔT GÊNANT POUR LA SYRIE ?
        Décidément, ce Moyen Orient continuera de défier toutes les règles de la logique et de la diplomatie. Je veux dire quelques réflexions que m’inspirent les récents développements au Liban, en Syrie et en Israël.
        Nasrallah commence à positionner son mouvement afin de le transformer en parti politique, doté d’une forte milice, pour se venger des humiliations passées infligées par les Sunnites et parfois aussi les Chrétiens. Ce que le gouvernement libanais, pris dans les douleurs de l’enfantement, ne peut faire, ce que Nasrallah lui interdit de faire, Nasrallah, lui, le fait sans se gêner. Il négocie indirectement avec Israël, le fait avec professionnalisme, se conduit en véritable chef de la diplomatie, voire plus, même… Et en agissant ainsi, il imite la Syrie qui, elle aussi, négocie avec Israël par l’intermédiaire des Turcs. Le Chiite le fait, lui, par le truchement des Allemands. Il se prémunit donc contre d’aventuels reproches que pourrait lui adresser le grand frère syrien.
        En procédant à l’échange de prisonniers vivants ou hélas, morts, et en donnant un compte-rendu circonstancié sur ce qui est arrivé à l’aviateur israélien Ron Arad, le chef du mouvement chiite tente de montrer qu’il est une partie belligérante responsable et avec laquelle il faut compter. Sous peu, ce ne sera plus Israël qui sera menacé par ces Chiites mais bien le gouvernement libanais actuel qui n’est pas auréolé d’un tel prestige (même s’il s’agit de miliciens qui n’épargnent pas  les civils, ce qu’aucune armée régulière ne fait)/ A terme, ce n’est pas une minorité de blocage que le chef chiite aura, mais le gouvernement, le pouvoir et le pays tout entier. Heureusement, la répartition confessionnelle du pouvoir l’en empêche, théoriquement.
        C’est là que les choses se compliquent, car la Syrie, fidèle à sa politique de tutelle sur le pays du Cèdre, n’admettra jamais que le clan chiite parvienne ainsi à une telle puissance. Et l’on sait ce qui risque d’arriver lorsque Damas trouve des gêneurs sur son chemin.
        Evidemment, Nasrallah a déjà fait ce calcul et sait que Damas sacrifiera sa cause par trouver un accord avec Israël et les USA… Il se tourne donc exclusivement vers Téhéran qui profitera de cet allié remuant pour s’implanter au Liban.  Après tout, les chiites avec les chiites… Mais même cela, il le fait avec circonspection et l’esprit subtil qui caractérise tant la diplomatie persane depuis des lustres.
        Que fera le chiite libanais, en définitive ? Optera-t-il pour une nouvelle confrontation avec Israël qu’il a toutes les chances de perdre, surtout si la Syrie le lâche ? Se jettera-t-il éperdument dans les bras de son irresponsable allié iranien ? Ce n’est pas sûr… Si mes hypothèses s’avèrent, nous sommes à la veille de profonds changements au Moyen Orient ; la Syrie n’en peut plus de l’isolement et du blocus politique mondial et le Liban sait que cela ne peut plus durer ainsi. Reste Téhéran. Mais c’est aux Iraniens de rectifier la position. Clausewitz disait que la guerre était la poursuite de la diplomatie par d’autres moyens…