Michel Bicard, Histoire politique du panthéon de 1791 à nos jours. PUF, 2025.
Michel Bicard, Histoire politique du panthéon de 1791 à nos jours. PUF, 2025.
Voici une enquête minutieuse sur les conditions et le choix des grands hommes, auxquels la nation reconnaissante a décidé de rendre hommage en les accueillant dans un site, censé immortaliser leur mémoire. C’est le principe même de la ponthéonisation... C’est donc à la fois un appel à la mémoire et une volonté de combattre l’oubli. C’est presque un pari métaphysique puisque toute œuvre humaine est nécessairement inachevée et soumise à l’usure du temps. C’est aussi une manière de mesurer ses propres limites. En adorant le même Dieu on crée une culture ou une nation, en révérant les grands hommes on constitue un passé, une culture nationale. C’est un fait qui joue un rôle crucial dans la naissance d’un peuple.
Comment s’effectue ce choix ? Qui est sélectionné pour accéder à cet honneur, réservé é aux happy few ? Ce sont ces sujets qui nourrissent les pages de ce beau livre qui nous fait revivre les controverses, les débats et les réactions lorsque les personnalités choisies par les autorités font l’objet de contestations allant jusqu’à’ demander une exhumation. ..Si les fautes découvertes sont graves. Il est question d’un parlementaire assassiné Le Chapelier mais aussi de sujets plus connus comme Mirabeau ou, plus encore, Marat ; ce dernier fut tué par un coup de poignard porté à la carotide par une jeune femme alors qu’il se trouvait dans sa baignoire. Les pouvoirs publics furent contraints d’adopter un règlement stipulant une attente de dix années, voire deux fois plus, pour une candidature à la ponthéanisation. Ainsi on se mettait à l’abri de scandales à venir.
Existait il des précédents avant l’exemple français de l’église Sainte -Geneviève? On peut citer l’abbaye de Westminster avec Isaac Newton. On a même parlé par la suite d’un Westminster français...
Quelle relation existât- il entre l’admonition au Panthéon et la reconnaissance de la nation ? On pourrait aussi, et cela se fait déjà, ériger une statue, faire un buste, en guise d’hommage à un grand homme pour services rendus à la nation. Et cette dernière réagit en octroyant à un individu un repos éternel dans un site déterminé, une église ou un lieu de repos éternel qui l’sole des autres hommes.
On suit avec un grand intérêt les démarches, les hésitations et les justifications sociales qui accompagnent toute décision d’ouvrir les portes du panthéon à une haute personnalité. Parfois, on oublie le cercueil dans un couloir de cette église, ou on attend qu’une controverse disparaisse, bref on reste dans les catégories relevant de l’humain.
Ce livre est appelé à devenir une sorte d’encyclopédie sur la question du Panthéon. Il suit le s développements de cette question jusqu’à nos jours .On y lit aussi une évolution concernant le choix des candidats et on se rend compte que la question a tendance à devenir une partie du domaine réservé du président de la République. Certes, celui-ci s’entoure d’avis autorisés qui lui sont signalée soi par ses conseillers ou par des autorités morales, scientifiques et religieuses.
Mais pour les désignations effectives, c’est bien l’avis du président qui prédomine. Partant, c’est la politique qui s’impose aux autres. Il y eut des précédents célèbres. Je pense à des choix comme celui de Victor Hugo dans les engagements politiques poquaient dans certains cas avoir laissé des traces...
On relève aussi que dans des affaires politiques, c’est le religieux qui prédomine car c’est dans une église que reposera désormais l’élu.
Je me suis souvent posé la question en ce qui concerne les ponthéonables juifs qui ne veulent pas reposer à l’ombre de la croix. On en parle rarement mais on peut disposer d’une tombe avec simplement l’identité de la personnalité concernée. Sans avoir à transposer concrètement les ossements...
Finalement, c’est le religieux qui crée le sacré, le génère incarne ses aspirations, notamment à l(éternité. Au fond, les choses politiques ont leurs limites alors que le mystère religieux, comme le disait Kierkegaard, relève du domaine de l’infini. Or, il n y a pas d’éternité dans les affaires de la mondanité...
En tout état de cause, ce livre est d’une grande richesse et contient de larges développements qui reprennent une partie de l’histoire de France et de ses élites.