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Religion

  • SOMMES NOUS LIBRES DE CHOISIR NOTRE RELIGION ET D’EN CHANGER ?

     

     

      SOMMES NOUS  LIBRES DE CHOISIR NOTRE RELIGION ET D’EN CHANGER ?
        Dans nos sociétés occidentales, la foi est libre, car la liberté de conscience est garantie par la Constitution. La loi de séparation de 1905 précise bien que la République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte mais que la liberté de conscience est inaliénable et que l’organisation des cultes est absolument permise. Ceci n’a pas vraiment cours dans l’autre de la Méditerranée, en Algérie notamment.
        Il faut mettre les choses au point sans polémique, ni amalgame ni même inavouables arrière-pensées : si on vient convertir chez les autres et que l’on trouve cela normal, il faut s’attendre à ce que les autres viennent à leur tour faire des conversions chez vous… Il semble que cette réciprocité ne soit pas admise ni même comprise par tout le monde : une cour de justice algérienne a sévèrement condamné une personne pour activités missionnaires, c’est-à-dire pour prosélytisme. Et le corpus delicti est (ne riez pas !) quelques exemplaires de la Bible et des Evangiles… Je ne sache pas qu’en Europe quiconque ait jamais traduit en justice des musulmans déployant un zèle convertisseur mal placé : nous partons du principe que les personnes adultes ont le droit d’adorer Dieu comme ils l’entendent.
        On raconte dans les milieux informés que dans les banlieues un certain nombre de conversions furtives ont lieu régulièrement, à l’insu des familles dont tel ou tel membre (surtout des femmes et des jeunes filles) a choisi de quitter sa religion natale pour en embrasser une autre…
        On comprend bien le déchirement de ces familles, d’où qu’elles soient, lorsqu’elles constatent qu’un des leurs choisit d’adorer Dieu autrement ; mais il faut savoir que la liberté de conscience est assurée en Europe depuis au moins le Siècle des Lumières.

     

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  • MOURIR POUR SON DIEU, LES ORIGINES DU MARTYRE…

     

      MOURIR POUR SON DIEU, LES ORIGINES DU MARTYRE…
        Dans ce livre anglais, Bruce Chilton (La malédiction d’Abraham : les racines de la violence dans le judaïsme, le christianisme et l’islam, New York, Doubleday, 2008) se penche avec érudition, gravité et sérieux sur la notion de martyr et se demande si le fameux chapitre 22 de la Genèse où Dieu demande à Abraham d’immoler son fils n’est pas à l’origine tout bonnement des martyrs et des attentats suicides d’aujourd’hui. Il s’interroge sur cet épisode très controversé de la ligature d’Isaac (car d’après le texte biblique l’enfant ne fut pas immolé puisqu’on lui substitua un animal) et y voit l’origine de la pratique contemporaine d’envoyer des enfants à la mort afin qu’ils témoignent en faveur de leur Dieu, c’est-à-dire au martyre… L’hypothèse peut paraître surprenante mais elle tient compte de certaines lectures littéralistes courantes soit dans certaines confessions abrahamiques soit dans des cultes mystérieux…
        Le livre s’ouvre d’ailleurs sur un douloureux épisode vécu par l’auteur lui-même : homme d’église mais aussi professeur au Bard College, Chilton fut appelé un soir au chevet d’une jeune fille mourante aux abords de son église. Accouru pour lui administrer les derniers sacrements, il constate que la victime a été égorgée… L’enquête de police découvrira l’assassin qui reconnaîtra son acte mais dira avoir perçu une voix lui commandant de faire ce sacrifice humain… Le parallélisme avec le cas d’Abraham est frappant : comment Dieu a-t-il communiqué avec Abraham ? Comment a-t-il pu lui ordonner un tel acte alors qu’ils savait les insurmontables difficultés d’engendrement rencontrées par le couple (Abraham et Sarah)? La critique biblique moderne opte, elle, pour l’analyse suivante : la conscience religieuse s’étant affinée avec le temps, on a voulu, par une soigneuse mise en scène, prouver que la divinité monothéiste ne souhaitait pas de sacrifice humain mais que le culte sacrificiel, si profondément ancré dans les mentalités, pouvait subsister sous une forme moins cruelle : un animal en lieu en place de l’enfant. Mais comme ce remplacement devait se faire avec une grande solennité, on procéda à cette mise en scène où, au moment fatidique, l’ange de Dieu (ou la divinité elle-même) ordonne de surseoir à la mise à mort de l’enfant.
        Chilton remonte à l’historique de cet ordre divin de sacrifier son enfant et rappelle, au passage, que, selon certaines traditions, la mise à mort eut vraiment lieu. En d’autres termes, qu’il faudrait bien parler du sacrifice d’Isaac et non point de  la ligature d’Isaac… Mais outre la cruauté d’une divinité assoiffée de sang, outre l’insensibilité d’un père qui porte son enfant unique aux portes de la mort, un point demeure le plus révoltant : l’innocence de l’enfant, encore jeune, donc immaculé, impeccable (sans peccati, péchés). Au fond, c’est peut-être dans ce paradigme horrible de Genèse 22 que le monde d’aujourd’hui a puisé ses pratiques meurtrières qui ont culminé avec les attentats du 11 septembre 2001. Je reprends là, sans la juger, l’opinion de l’auteur, le professeur Chilton.
    On est même passé, sans difficulté véritable, de la défense de causes religieuses à celle de causes politiques. Même le martyre a  connu un processus de sécularisation.
        La Bible offre quelques exemples étonnants de ce type de sacrifice d’enfants afin de se concilier les bonnes grâces de la divinité : mis à part l’infanticide manqué du patriarche Abraham, le cas le plus archaïque et le plus poignant nous est livré par Jephté dans le livre des Juges (11 ; 29-40) : de retour d’une campagne victorieuse, le juge fait un vœu. S’il revient victorieux, il offrira à Dieu en sacrifice la première personne de sa famille qu’il rencontrera. Et le sort voulut que ce fût sa jeune fille… La conscience hébraïque fut choquée par ce drame car la jeune fille fut effectivement sacrifiée tandis que sa mémoire fut entretenue bien après, chaque année par la communauté d’Israël… Curieuse pratique ! On se souvient aussi du cas du roi Mésha sacrifiant son propre fils, celui-là même qui devait lui succéder, sur les murailles de la ville assiégée, à la seule fin de contenter les dieux ; (II Rois 3 ;27) Mais le phénomène n’est guère isolé : plusieurs siècles plus tard, le même drame se produisit chez les Grecs avec Agamemnon et sa fille Iphigénie … 
        Apparemment, toutes les sociétés antiques cherchaient désespérément un moyen de canaliser une violence congénitale. Sans verser dans la thèse de René Girard sur la violence et le sacré, on peut cependant évoquer la notion de bouc émissaire, chassé dans le désert où il transporte sur lui tous les péchés d’Israël. Or, la punition des péchés entraîne une certaine violence à l’encontre des pécheurs, coupables d’avoir violé un certain ordre…
        Selon l’auteur de ce livre, le martyre aurait pris naissance à l’époque des Maccabées, ces Judéens qui se dressèrent contre l’hellénisation forcée de Antiochus Epiphane IV ; le livre non canonique des Maccabées nous présente cet esprit de résistance qui pouvait aller jusqu’au sacrifice suprême pour sa foi, et donc au martyre. Et l’exemple d’Abraham en Genèse 22 leur aurait servi de modèle à suivre, même si le texte biblique ne parle pas d’un sacrifice effectué.
        Et le livre des Maccabées (de l’araméen makkabba : marteau, le grand Maccabée qui avait écrasé ses ennemis) va plus loin encore avec l’exemple de ce vieillard de 90 ans, Eléazar, qui refuse de consommer de la viande de porc et préfère trépasser plutôt que de transgresser. Cet autre exemple, la femme, mère de sept enfants qu’elle voit agoniser au terme d’atroces souffrances et qui susurre à son petit dernier de ne pas fléchir, d’accepter la mort car elle le rejoindra dans l’au-delà… On sent aussi, de manière très insistante, que l’idée de résurrection des corps a joué un rôle non négligeable dans cette résistance à l’oppression par le martyre : le plus jeune fils de la femme martyre offre ses mains à couper en disant que le Dieu qui les lui avait données à la naissance les lui rendra sûrement lors de la résurrection…
        La partie suivante du livre est consacrée au christianisme pour qui l’eucharistie est si cruciale. Jésus, nous dit-on, a accompli jusqu’au bout, ce que Abraham n’avait fait qu’ébaucher. Sa mise à mort volontaire et acceptée signifie le rachat des fautes de l’humanité tout entière.
        Pour l’islam qui remplace assurément Isaac par Ismaël, l’exercice est plus délicat car, souligne l’auteur, une grande partie de l’opinion publique internationale procède à un amalgame rapide sur lequel nous préférons ne pas nous étendre…
        Il demeure que les religions monothéistes ont toutes, à leur fondement, une part de violence qu’elles dirigent souvent contre elles-mêmes mais aussi contre les autres. Comme le disait Ernest Renan à propos du martyre en général :lorsqu’on se dit prêt à répandre son propre sang, on répand aussi tout aussi facilement celui des autres…
        A méditer.

     

  • MAI 68 ET l’Eglise CATHOLIQUE

     

     

      MAI 68 ET l’Eglise CATHOLIQUE
        Dans un très bon article du journal Le Monde, brillamment écrit et bien documenté, notre ami Henri Tincq, évoquait l’impact de mai 68 sur l’église catholique. Et il citait René Raymond, le grand historien catholique et membre de l’Académie Française, qui disait que les événements de l’époque avaient fait trois victimes (au moins) : l’autorité en général, la parti communiste et … l’église catholique ! Cette trinité ou cette trilogie peut étonner et pourtant elle reflète la profonde sagacité du grand historien.
        Pilier de nos institutions, même si l’influence qu’elle exerce est incolore ou inodore, l’église catholique a été la cible de bien des attaques, y compris de la part de certains clercs et de prêtres qui avaient fait leurs vœux mais qui ne purent rester au sein d’un système qui restait sourd à des revendications apparemment irrésistibles : l’importance pour l’âme humaine d’avoir une sorte de religion privée, individualisée, non codifiée, sans formulation liturgique fixée  une fois pour toutes ; la volonté de certains prêtres de pouvoir opter pour le célibat ou d’avoir une vie affective et enfin la sexualité qui, on se le rappelle, fut l’axe central des revendications libertaires des étudiants.
        Et où en sommes nous, quarante ans plus tard ? L’église (Dieu merci, est toujours là) même si elle est affaiblie et que la crise des vocations est perceptible, après avoir été enrayée. Les religions sectaires, c’est-à-dire ces  petites religions concoctées à la va vite ont toutes disparu et enfin toutes les réformes ardemment souhaitées par les uns et les autres se sont comme évanouies…
        C’est un peu triste mais c’est ainsi. Des institutions vieilles de plus de deux mille ans ne disparaissent pas comme cela, et des nouvelles formations avides de les remplacer ne tiennent pas la route longtemps. Cela fait penser à ces jeunes qui faisaient de la E-économie et entendaient racheter les grosses boîtes… Un an ou presque après l’embellie, les télévisions nous montraient leurs bureaux déserts avec des téléphones débranchés et des comptes bancaires au rouge dans tous les établissements qui y avaient pourtant cru … C’est souvent breau la révolution, mais cela ne tient pas…

     

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