Dominique SCH napper, Juifs et Israélites. Fidélité au judaïsme e citoyenneté. Gallimard, Folio.
Dominique SCH napper, Juifs et Israelites. Fidélité au judaïsme e citoyenneté. Gallimard, Folio.
Rééditer le résultat d’une enquête sociologique sur les juifs au début des années soixante-dix, revêt tout au plus une valeur purement documentaire, même si les ignorants comme moi peuvent en apprendre tant de choses. Mais dans ce livre, on peut aussi lire une longue introduction qui actualise le champ examiné et an analyse la catastrophe du 7 octobre. Ce qui lui confère un peu d’actualité et d’intrêt.
Le sujet est toujours le même, bien qu’il se dérobe à notre attention car en sociologie tout change, et très vite. On se demande toujours qui est juif ? En quoi consiste la teneur d’une telle condition ? On se pose les mêmes questions mais les réponses changent en raison de la fluctuation des faits sociaux.
Mais cette problématique (qu’est ce qu’être juif ?) m’a rappelé une de mes lectures chez Franz Kafka. Une amie non-juive de Kafka lui pose la question suivante, êtes vous juif ?, alors qu’elle sait pertinemment bien qu’il est juif. La réponse de l’écrivain fut la suivante : vous savez parfaitement que je suis juif. Votre question est en réalité celle-ci : mais quel type de juif êtes vous, Franz ? Êtes vous ouvert, tolérant ou simplement pratiquant à la lettre les préceptes religieux ?
C’est toute la question, et elle ramène chez Dominique Schnapper. Quelle distinction opérer entre judaïsme, judéité, judaïsité ? Il y a tant de manières d’être juif, de se dire juif, voire même de pratiquer les lois juives. Les grandes institutions orthodoxes juives se sont mis d’accord sur trois critères que je cite dans le désordre : épouser une femme juive, respecter les règles de la cacherout et respecter le chabbat. Mais trs oeu de gens, nés juif,s réussissent à respecter ces trois obligations. Cessent ils de se sentir e juifs pour autant ? Non point. Ils continent de rester fidèles à ce qui leur parait être l’essence du judaïsme (Das Wesen des Judentums).
Cette définition du judaïsme ou plutôt de cette forme d’appartenance à ce même judaïsme, est devenu minoritaire dans le monde. C’est l’orthodoxie qui a distingué cette triple fidélité. Les autres tendances de l’équation religieuse pensent et vivent leur judaïsme autrement. (Voir mon dernier ouvrage, Le judaïsme libéral , Hermann éditions, 2012)
Tout est donc pratique et de mesure, d’identification de fardeau de l’héritage (sévél ha yerusscha) d’un théologien karaïte du XIe siècle. Il dit bien le fardeau (sévél). L’opposition ou le passage entre deux appellations est bien perceptible : juif ou israélite. Le premier vocable est imposé par le monde extérieur et est une adaptation du latin. La connotation renvoie vers des siècles de souffrances et de persécutions. Israelite est plus neutre et surtout renvoie à la Bible qui utilise ce terme pour désigner ses fils et ses filles d’Israël. En plus, le terme est attesté dans la Bible et se distancie des interprétations rabbiniques que l’église cherchait à faire disparaître. En effet, le judaïsme n rabbinique n’est pas une religion biblique mais bien biblico-talmudique...
On assiste au même phénomène de séparation dans le judaïsme libéral en Allemagne : les libéraux ne reprennent jamais le terme juif mais bien le terme mosaïque pour bien montrer qu’ils s’en tiennent à la tradition écrite (les 24 livres de la Bible hébraïque) et rejettent cette loi orale qui empêche les juifs de se fondre dans la société chrétienne. Ils parlent de religion de loi mosaïsque, de mosaïsme mais jamais de rabbinique ou de loi orale. Le mosaïsme signifiqie que l’on reprend la révélation divine accordée au prophète de Dieu, Moïse et non à des déformations humaines...
Cette identification exclusive avec Moïse prétend purifier la doctrine religieuse des enfants d’Israël... Alors qui est le verus Israël ? Dieu seul le sait ; c’est ce que dit Rosenzweig à la fin de son Et oile de la rédemption : Dieu requiert les deux ouvriers, dit)il, suscitant l’ire de quelques rabbins
Pour finir, les sociologique qui n’ont pas une formation de sciences religieuses, ni ne savent l’hébreu, ne sont pas familiers de la théologie juive, passent souvent à côté des bonnes conclusions. Un exemple supplémentaire : le talmud prête à rabbi Aqiba, grande figure de la théologie rabbinique, le principe suivant : de même que le poisson ne peut pas survivre hors de l’eau, ainsi Israël ne peut pas vivre sans les mitzwot (préceptes divins).
Mais rabbi Aqiba n’a pas rallié toutes les générations du judaïsme historique. Mais on peut lire les pages de Do. Scvnapper à titre documentaire de valeur.