breu et le russe en Israël
Croyez moi ou pas, mais le russe est la première langue des Israéliens ! Hier, sous une chaleur étouffante, nous nous sommes rendus dans un centre commercial afin de faire des courses au supermarché. Heureusement, tout était climatisé. Nous passons les contrôles de sécurité sans peine et nous voila dans une immense surface commerciale où sont entreposées toutes les victuailles de la terre. Evidemment, je me pâme devant le rayon boucherie charcuterie car ici tout est cacher. Une vie juive vraiment normalisée :ici, tout le monde mange cacher pour ainsi dire puisque l’abattage rituel est imposé par l’Etat et que nul n’a droit à un abattage individualisé.
Mais je vais d’étonnement en étonnement lorsque le client qui est juste devant moi s’adresse directement en russe à la vendeuse du rayon, laquelle lui répond dans la même langue. Le seul mot que je comprends en russe c’est harashow car les russophones disent toujours après be-séder qui signifie en hébreu la même chose… Quand mon tour arrive, je commande ce que je souhaite avoir en hébreu et on me répond dans la même langue avec tout de même une point de russe qui m’a toujours fait rire. On croit être la norme et être dans le vrai, la dame me dit en découpant des tranches fines de pastrami hodou, tu es français, toi (atta tsarfati, ken ?). Que puis je faire ? Je réponds oui
Et comme à mon âge on ne se refait pas, je me remets à méditer et à me dire mais comment donc participons nous, ici et là bas, à la même identité juive ? Comment font les autorités pour tenir ensemble dans un même territoire, un même peuple, une même armée, 120 nationalités différentes ? Qu’est ce qui rapproche un juif russe d’un juif marocain ou d’un juif yéménite qui sont si typés au point de les confondre avec d’autres, disons, des voisins assez turbulents, pour ne pas en dire plus ? En somme se repose à nousla question de l’identité juive. Pour tenir ensemble tant de gens de cultures et de provenances différentes, il faut des lois civiles très dures. Il faut dire que le pays rassemble le meilleur et le pire, un peu comme la langue d’Esope. Essayer de vous abonner à une société de télévision et vous verrez. Que la banque oublie le virement automatique pour la note de téléphone et vous arracherez les cheveux pour le rétablissement de la ligne, tant la burocratie est effrayante.
Je vais vous raconter ce qui s’est passé hier lorsque j’ai prié notre charmante voisine de nous abonner à une chaîne de télévision et d’installer l’internet : elle a passé une bonne heure au téléphone et en fin de compte, nous avons dû renoncer tous deux, tant les règles sont rigides. J’en ai profité pour lui faire remarquer que je n’exagérais guère jadis lorsque jed éonçais en termes sévères ces difficultés artificielles et qu’elle me rabrouait vertement. Un mot pour rire : dans la langue hébraïque moderne, on reprend, mais dans un sens ironique, certains oracles prophétiques, notamment une phrase d’Ezéchiel, je pense, récités dans la prière du matin : un Sauveur viendra à Sion (U-va le-tsiyon goél). C’est-à-dire que la rédemption est proche. La voisine a dit cela aux employés de la société de télévision qui demeurèrent inflexibles. Off the record, elle m’a confié qu’il y a dans ce pays tant de gens qui ne respectent ni les règles ni leurs engagements que les formalités sont devenues très dures, voire inflexibles, tant l’inventivité des mauvais payeurs est grande.
Ce qui nous ramène aux Russes et aux autres. Mais plus sérieusement, aucune identité nationale et religieuse n’est prise dans un tel processus de mutation comme en Israël ! Je me demande comment la définition de la judéité par la matrilinéarité continue d’avoir encore quelque validité.