Quel avenir pour la Syrie ?
Il semble bien que les jours de Bachar el Assad soient désormais comptés. Un indice qui ne trompe pas : le rappel des ambassadeurs des pays du Golfe, Arabie saoudite en tête. Certes, le royaume wahabite qui décapite et punit corporellement les déviants n’est pas un parangon de démocratie mais tout de même ! Il fut le premier à demander d’arrêter la machine à tuer (sic).
Ce rappel d’ambassadeurs arabes pour cause de répression est inédit : auparavant, en d’autres temps, réprimer les mouvements de révolte et de contestation était monnaie courante. Aujourd’hui, les temps ont changé : on ne tue plus les citoyens dans l’indifférence générale.
Que va-t-il se passer ? Même si la répression s’arrêtait comme par enchantement, du jour au lendemain, on ne voit pas les contestata ires négocier ou pactiser avec leurs bourreaux d’hier. C’est une impossibilité quasi mathématique. Alors quel avenir pour la Syrie de l’après Baath et de l’après el Assad ?
Un article lu hier dans la presse israélienne n’a pas cessé de me préoccuper. En voici les grandes lignes, résumées le plus fidèlement possible, même si personnellement je ne partage pas toutes ses conclusions.
La Syrie, comme son voisin libanais, est un conglomérat de communautés religieuses et ethniques, unies ensemble de force et jamais consultées pour déterminer librement leur avenir. Il y aurait donc un effilochage de la Syrie, une sorte de décomposition suivie d’une recomposition, un peu comme les Tchèques se sont séparés des Slovaques. Mais dans le cas de la Syrie, c’est plus vaste, plus grave et plus profond.
Les Alaouites se regrouperont autour de Damas et des régions les plus densément peuplées par cette ethnie. Ils se préserveraient et constitueraient ainsi une entité à part, ayant son armée, son territoire et sa souveraineté. Les Syro-Chaldéens en feraient de même et se regrouperaient ainsi autour de certains centres. Les Sunnites, le groupe le plus important (près de 70%) conserveraient la plus grande partie du pays.
Ce serait une sorte de reconstitution ou de recomposition confessionnelle de ce pays. Le Liban voisin pourrait en profiter pour modifier la carte politique et religieuse de la région…
Est-ce que cette analyse du journal israélien est crédible ? Est-ce que ce n’est pas plutôt une vue de l’esprit qui conforterait en quelque sorite la position d’Israël dans la région ? Après tout, dit l’article, la géographie actuelle de la région est un héritage de la période coloniale… Que représente par exemple la Jordanie, surtout si on tente de voir ce qui sépare un Jordanien d’un Palestinien ?
Le problème est que le moindre changement de cet ordre provoquerait de graves troubles. C’est pourquoi la solution du problème syrien ne sera pas aisée ni sans conséquence. Il n’est pas exclu, aussi, que certaines de ces communautés ethnico-religieuses se tournent alors vers l’ennemi d’hier pour solliciter son aide et son soutien…
Vue de l’esprit. Mais si cela se produisait, on ne serait pas sorti de l’auberge…