Marine Le Pen sera-t-elle au second tour de l’élection présidentielle en 2012 ?
La question peut se poser. Dans cette affaire, il faut avancer avec prudence et faire preuve d’objectivité. Il est incontestable que l’élection de cette jeune femme blonde, mère de deux enfants, intelligente et déterminée, a changé la donne au sein du parti d’extrême droite et a rénové son image. Cette image qui était devenue désastreuse à la suite d’incartades répétées de son propre père qui s’était illustré dans une série de provocations insensées. Depuis qu’elle a accédé au pouvoir dans son parti, Marine a incontestablement changé de ton et de vocabulaire mais guère de registre. En revanche, elle a indéniablement changé l’image du FN, élargi le spectre de ses revendications, et mis sur l’accent sur des thèmes presque républicains, comme la défense de la laïcité fa ce à un certain intégrisme et sa foi en un Etat fort et respecté.
Les historiens de la vie politique française poseront plus tard ce même diagnostic. Ce changement de ton, cette attitude nouvelle qui caractérise le programme du FN a été salué par une masse d’électeurs qui ont manifesté leur intention d’apporter leurs suffrages à Me Le Pen lors de la prochaine élection. Et depuis, Marine figure en principe au second tour, même si, depuis quelques semaines, elle semble stagner et son capital de confiance s’effriter. Encore une fois, je le répète : nous devons traiter le sujet avec réalisme et ne pas faire ce que Lionel Jospin fit en 2002 lorsqu’il fut évincé du second tout alors qu’il avait passé cinq années d’affilée à Matignon : les Français avaient alors sanctionné le comportement autiste d’un gouvernement, aveuglé par son idéologie et qui s’entêtait à prendre en considération deux plaies majeures, telles que ressenties par les citoyens : l’insécurité, l’immigration et le chômage.
L’une des réalisations majeures de Marine aura été de présenter ces thèmes, véritables fonds de commerce du FN, comme des évidences allant de soi et ne choquant ni ne visant personne. Elle a banalisé des thèmes qui étaient encore il y a peu de temps un intouchable tabou ? Désormais, comme on dit en allemand, le refus de l’immigration, le lien entre populations étrangères et délinquances en tout genre sont devenus, salonsfähig (présentables). Cette montée en puissance est incontestablement servie, voire favorisée par les crispations d’une société française vieillissante, incertaine d’elle-même et de son avenir. Et on doit en tenir compte sans l’accuser de noires arrière-pensées qu’elle n’a pas…
Comment réagir ? Sans être un homme politique, je dois bien dire que nul ne peut aller contre les aspirations légitimes d’un peuple qui n’arrive même plus à subvenir à ses propres besoins, est confronté chaque jour que D- a fait, à des tas de problèmes économiques de plus en plus graves. Voyez les chiffres de ce matin, voyez la recrudescence des attaques à main armée ces derniers jours dans le sud du pays… Loin de moi l’idée que tout est imputable aux étrangers, mais c’est un fait et il est suffisamment grave : certains les voient partout, trouvent en eux le meilleur facteur d’explication à nos difficultés. C’est injuste, mais c’est aussi injuste de ne plus se sentir chez soi dans certains quartiers des grandes villes. Au fond, et je m’en rendais pas compte jadis, la politique de la ville mérite un peu plus d’attention. Et aussi, on ne peut plus recevoir de gens tant que ceux qui sont déjà lç n’ont pas été intégrés.
Des solutions apportées à toutes ces questions dépend la présence ou non de Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle.