Les raisons amers de la révolution égyptienne
Il y a dans les tout premiers chapitres du livre du prophète Isaïe (VIIIe avant JC) une allégorie que l’on pourrait sans peine appliquer à ce qui s’est passé hier au Caire, lors de la première session du nouveau parlement égyptien (majlis al-cha’ab) .
Le prophète Isaïe, dans sa volonté de stigmatiser l’attitude coupable de son peuple et sa désobéissance aux lois de D-, parle d’un veau vignoble que son propriétaire aurait nivelé, épierré, retourné dans tous le sens et enrichi à l’aide du meilleur engrais. Le tout pour y planter une vigne de prédilection. Mais voilà au lieu de donner des raisons sucrés et de bonne qualité, le propriétaire a eu droit à du verjus, c’est-à-dire à des raisins amers.
Le sens (nimchal) de cette allégorie (machal) est le suivant : D- a donné toutes les chances à son peuple afin qu’il ait une conduite irréprochable et voici qu’en dépit de cet inlassable labeur, le peuple déçoit considérablement son bienfaiteur.
C’est exactement ce qui vient de se passer en Egypte : avoir enduré plus de soixante ans de pouvoir sans partage de l’armée, seul corps organisé de la nation, avoir versé son sang en martyr, pour récolter un majlis où les islamistes barbus totalisent un peu moins de 5O% des sièges, où ces mêmes nouveaux élus modifient arbitrairement le serment de loyauté à la loi égyptienne (ajoutant qu’ils n’obéissent qu’à D-), où ils empêchent les collègues du parti libéral (celui de Hosni Moubarak) de présenter leur propre candidat… Beau début !
Que vont faire ces hommes qui siègent dans un hémicycle que le vrai pouvoir, aux mains de l’armée, a déserté ?
Les printemps arabes se sont dévoyés et je doute qu’on puisse en attendre quelque chose de prometteur. Ne faudrait-il pas plutôt se mettre au travail, redistribuer la manne nationale, lorsqu’elle existe ?
Mais surtout, tout ça pour en arriver la ? Déjà les Egyptiens redoutent toutes sortes de problèmes avec ces islamistes…