Le sinistre référendum de Bachar el Assad
S’il n’était entouré d’une incroyable effusion de sang, ce référendum du 26 février serait juste une aimable plaisanterie, mais il campe un dictateur, prêt à tout, pour continuer à s’imposer. Représentez vous la chose suivante ; un président non élu mais désigné par le parti unique, le Baath, succédant à son père dans le cadre d’une monarchie républicaine un peu particulière et qui, depuis presque une année, affectée de violentes manifestations, férocement réprimées, veut montrer que son peuple l’aime et exige son maintien au pouvoir. Alors qu’en réalité, ce peuple ne rêve que d’une chose : son départ immédiat. La suite est prévue : succès écrasant du référendum, défilé de la victoire et renforcement de lé répression de ceux qui vont apparaître comme de dangereux terroristes, ennemis du peuple et des valeurs républicaines… à la Assad !
Mais comment organiser une telle consultation populaire, pour le moins cruciale aux yeux du pays et des citoyens ? Un pays dont la plupart des villes sont à feu et à sang ? Même à Damas, il y eut hier un rassemblement absolument inattendu de milliers de protestataires… Et el Assad veut y maintenir son référendum dont il pourra, après coup, se prévaloir auprès de l’ONU et du monde entier… C’est à peine croyable !
Un mot sur les vetos conjugués de la Russie et de la Chine : ces deux pays craignent par dessus tout une contagion du soulèvement en cours dans les pays arabo-musulmans.. M. Poutine se rend chaque jour compte que sa réélection ne sera pas une promenade de santé, même si elle est déjà acquise. Il sait, cependant, qu’elle sera largement contestée, même sil recourt à des procédés pas très kashers. Et il y a la question tchéchène qui est loin d’être réglée…
Le gouvernement chinois, de son côté, commence à redouter les actions d’une forte minorité musulmane, plutôt sécessionniste dans certaines régions reculées de l’empire.
Imaginez ce qui se passerait si, les troubles venant, ces deux pays se voyaient trainer devant des juridictions internationales et devant se justifier à la face du monde entier. Ce serai dramatique pour ces deux gouvernements.
En raison de ces considérations assez sordides, le peuple syrien souffre et va souffrir encore.