Le coup de maître des généraux égyptiens : la candidature du général Omar Souleymane
Depuis quelques semaines, tous les observateurs attentifs de la situation égyptienne, qui tarde à se stabiliser, se demandaient si les militaires, actuellement au pouvoir, allaient perdre la main au profit des Frères musulmans et des Salafistes qui ont obtenu les suffrages du peuple. On se demandait vraiment ce qui allait se passer et voici que quelques événements inattendus ont fait basculer le rapport de forces : d’une part , le candidat des Frères musulmans a été disqualifié parce qu’il ne remplissait pas certaines conditions et enfin, le plus important, l’homme de confiance du président Hosni Moubarak, le général Omar Souleymane, chef des services secrets, a présenté sa candidature à la présidence. Certes, cette candidature a été refusé par le comité électoral mais il existe une procédure d’appel et le général s’en saisira certainement.
J’ai toujours pensé que l’Egypte constituait une heureuse exception au sein des pays islamiques et que ce pays comprend une classe d’intellectuels et d’hommes de culture qui tranche par rapport aux autres pays de la nation musulmane. D’ailleurs, la presse égyptienne ne souhaite pas qu’on considère les Egyptiens comme des Arabes. A un moment donné, lorsque l’Egypte avait été mise au banc des pays d’islam en raison de son traité de paix avec Israël, la presse stigmatisait les Palestiniens et les Arabes en général, leur reprochant d’avoir précipité le pays dans un conflit qui n’était pas le sien.
Le corps d’Etat le plus organisé, le mieux préparé, le plus avancé dans la société égyptienne n’est autre que l’armée qui a toujours été le facteur économique le plus puissant et le mieux représenté dans tout le pays. Une blague a longtemps amusé les Egyptiens : quel rapport existe-il entre la chemise que vous portez, la voiture que vous conduisez et la télévision que vous regardez ? Les trois sont fabriquées, assemblées ou dirigées par… l’armée ! Dès lors, il est inconcevable que le futur élu ne soit pas issu de ses rangs ou, à tout le moins, ne soit pas d’accord avec elle.
Le général Souleymane présente de nombreux atouts : c’est un homme éduqué et modéré, il a la confiance des USA et d’Israël, il sait tout sur tous car il fut le chef des services secrets, il inspire confiance aux régimes arabes modérés, allies traditionnels de l’Egypte, et surtout il est issu des forces armées. Or qui tien l’Egypte depuis plus de 50 ans ?
Son unique point faible, mais il est considérable, c’est qu’il fut l’éphémère vice-président de Hosni Moubarak. Ce qui le déconsidère aux yeux d’une partie de la population. L’armée va-t-elle l’aider ? C’est probable ? Mais les généraux sont subtils, ils doivent avoir d’autres ressources dans leur gibecière. Ils ne lâcheront sûrement pas la proie pour l’ombre.