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La question des Arabes israéliens, aujourd'hui

La question des Arabes israéliens, aujourd’hui

Hier, je n’avais pas encore pris connaissance de l’agression dont fut victime un Arabe de Jérusalem (je le nomme ainsi car j’apprends que ces habitants n’ont pas la nationalité israélienne mais une carte de résident) ; ce statut ne doit, cependant, en aucun cas, les exposer à des agressions ni à des violences d’aucune sorte.

C’est sur la magnifique plage de Herzliya, le Neuilly de Tel Aviv, que le jeune serveur du restaurant, étudiant en histoire à ses heures, en voyant déambuler le long de la mer, des groupes compacts d’Arabes, me raconte ce qui s’est produit la semaine précédente dans un quartier de Jérusalem. Un groupe d’adolescents israéliens ont agressé très violemment quelques palestiniens qui passaient par là. Cet acte a suscité une vague d’indignation dans le pays et la plupart des forces politiques l’ont condamné. Mais certains silences demeurent inquiétants.

Lorsque je demande son avis au jeune homme qui nous sert le déjeuner, celui-ci me demande quelle est ma profession. Je lui donne mon nom et mes titres. Il revient quelques instants plus tard (ayant sûrement contrôlé mes dires sur son I phone ou internet) et me déclare ceci : les Arabe au sein d’Israël, affirme t il, constituent l’un des problèmes majeurs de ce pays. Ils se considèrent, dit-il, comme des Palestiniens de l’intérieur, ce qui équivaut aux yeux de leurs compatriotes juifs, à une sorte de cinquième colonne. Je lui explique que c’est fort probable mais que l’Etat doit assurer la sécurité de tous et que cette loi est internationale, ne souffrant aucune exception.

Il répond qu’il est d’accord mais que la plupart des clients arabes de l’établissement sont regardés avec méfiance, surtout lorsqu’ils portent un sac sur le dos ou sont chaudement vêtus alors qu’il fait près de 40° à l’ombre.

Il s’en va et je me replonge dans la lecture attentive du livre de Le Rider sur Fritz Mauthner. Mais en levant les yeux, je me rends compte qu’il y a un flux continu d’Arabes marchant le long de la mer. Je m’explique leur mouvement en groupes par la crainte d’agressions. C’est plutôt triste, mais au fond ces deux populations s’ignorent et refusent d’entretenir la moindre relation normale.

Revenu à Natanya, nous nous installons pour le dîner sur une terrasse en bord de mer. Et là, de très nombreux groupes d’Arabes venus de Tulkarem, la ville arabe voisine, font une sorte de dîner sur l’herbe. Là encore, c’est l’ignorance mutuelle totale.

Sauf une exception : un couple de juifs tunisiens, très volubiles, parlent dans un arabe approximatif avec ces mêmes Arabes de paix et de fraternité. Certes, les arguments de nos gentils coreligionnaires ne dépassent pas le niveau d’un grain de semoule, mais visiblement leurs interlocuteurs arabes sont ravis de ce type de discours puisqu’ils appellent leurs épouses afin qu’elles entendent, elles aussi, ce qui se dit…

Ce problème est vraiment grave, je l’ai déjà souligné dans mon article sur Akko.

Mais en dégustant, en guise de dessert, une tranche de pastèque bien fraîche, je me dis qu’un jour peut-être, se réalisera la prédiction du prophète Isaïe (VIIIe siècle avant JC) : la connaissance de Dieu couvrira l’étendue de la terre comme l’eau recouvre la surface des océans.

Maurice Ruben Hayoun

In Tribune de Genève du 22 août 2012

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