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Titre de la noteRéflexions sur la philosophie du déménagement

Réflexions sur la philosophie du déménagement

 

Aujourd’hui, les sujets d’actualité ne manquent pas : je pouvais parler de la Palestine ou de la fin des ennuis  judicaires de DSK ou encore des hauts fourneaux  opposant le gouvernement français à un grand patron qui semble plus préoccupé par ses affaires que par le sort de ses employés.

 

Eh bien, non. J’ai préféré évoquer quelques réflexions sur l’idée même de déménagement. Et tout d’abord, pour quelles raisons déménage t on ? Elles sont nombreuses et variées. Il peut arriver que ce soit pour des problèmes graves (ce qui n’est pas le cas présentement), un changement de statut, un départ à la retraite ou le départ des enfants qui deviennent grands, sont diplômés et souhaitent partir fonder une famille, en une phrase, vivre leur vie.

 

En fait, rien de bien spécial. En revanche, lorsque vous organisez votre exode vers un nouveau lieu de vie, vous êtes confronté à vous-même, ou plutôt à ce que vous étiez jadis. En quinze ans ou plus, vous aviez d’abord quinze ans de moins, puis vous accumulez quantité de choses, notamment de livres, de souvenirs, d’objets dont vous devez vous séparer. Et ce n’est pas facile… Loin de là.

 

Vous voyez arriver la brigade des déménageurs qui mettent tout, absolument tout, dans des cartons, encerclent chacun de plusieurs bandes adhésives, démontent vos armoires, votre bibliothèque, bref tout ce à quoi vous tenez… Après, c’est à vous patiemment, de retrouver vos livres, vos chemises, vos chaussures. Mais encore une fois, ce n’est pas tout. Le plus émouvant est de revoir, vide, les lieux où vous avez vécu heureux, en harmonie avec l’entourage, les amis, les gens que vous fréquentiez. Et ce, même si votre nouvel emplacement n’est qu’à quinze minutes à pied du précédent.

 

Le plus dur est de se confronter à soi-même : vous retrouvez des choses, des objets qui vous rappellent tant de souvenirs, ce que vous étiez et que vous n’êtes. Et aussi, cela vous fait prendre conscience de l’âge : allez vous encore écrire de nouveaux livres ? En recevoir tout autant ? Allez vous continuer à déployer une grande activité ? Autant d’interrogations auxquelles on finit par apporter des réponses calmes et rassurantes.

 

Cette rencontre avec les déménageurs est très instructive : vous avez affaire à des hommes dont la force physique est le seul capitale. Certes, ils sont pourvus d’une solide dose d’intelligence pratique. En les observant, vous vous demandez comment ils font pour soulevez tant de caisses, porter tant d’objets, tout envelopper dans des couvertures, etc… Même au plan humain, l’affaire ne laisse pas d’être enrichissante. Elle nous livre aussi des réflexions désabusées sur la vie…

 

Mais revenons aux objets qui déménagent. Le plus dur est de se séparer de quelques livres. Vous les feuilletez avant de vous en séparer, vous revoyez les pages soulignées, vous vous souvenez alors de vos commentaires ayant servi à écrire vos propres livres. Et, je le répète, c’est cette rencontre, cette confrontation avec ce que vous étiez  C’est la chose la plus pénible. Le poète Aragon disait que la vie est un éternel divorce,, il y a du vrai dans cette affirmation. Un autre grande poète, bien plus ancien, écrivait ceci : Objets inanimés, avez vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?

 

Un mot aussi des points de repère : je me suis rendu compte que j’ai installé ma salle de travail dans une pièce de même surface que la précédente. Le bureau est près de la fenêtre pour avoir le plus de lumière possible. Les livres mis à portée de ma main sont les mêmes que ceux sur lesquels je travaille depuis des semaines… Face aux changements, l’homme aspire naturellement à un peu de stabilité.

 

Et puis, la philosophie du déménagement, c’est aussi la pensée de la mort. Ce n’est sa propre mort, mais l’idée qu’ici bas, tout change, tout a une fin. Alors, que faire ?

 

Eh bien, considérer que tout est une grâce, un don. Que la vie est belle et qu’il faut être humain dans tous nos comportements.

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