Le bicentenaire de la naissance de Charles-Valentin ALKAN (1813-1888) à l’ULIF
En raison de la grande manifestation, ce fut très dur d’arriver presque à l’heure hier à la synagogue rue Copernic où le vice-Président de l’Ulif, M. Bruno Freitag, a organisé un magnifique concert en l’honneur du grand pianiste Alkan. Mais un tel concert dans ce culte de culte est une véritable bénédiction. Et tous les présents furent vraiment récompensés de leurs efforts car les prestations étaient de très grande qualité.
Je ne connaissais Alkan que de nom et ignorais tout de sa vie. Grâce au petit programme très bien présenté sur sa vie et son œuvre, et aux introductions très instructives et sobres de Bruno Freitag, cette lacune peut être considérée comme comblée. Je note, en passant, que Alkan a quitté cette terre la même année (1888) qu’un autre grand juif d’Allemagne, un homme avec lequel il ne se serait sûrement pas entendu, Samson-Raphaël Hirsch, le chantre de lé néo orthodoxie de Francfort sur le Main, lequel était contre l’introduction de l’orgue et de la musique dans nos lieux de culte, au motif que c’était une imitation des pratiques protestantes et donc susceptibles de provoquer une assimilation rampante. Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de Francfort de Paris.
Comment parler de musique quand on est soi-même un grand ignorant ? Il suffit, peut-être, de dire que ces morceaux exécutés avec une parfaite maestria vous font planer : vous fermez les yeux et vous vous souvenez des Psaumes du roi David ou des descriptions fournies par le premier livre des Chroniques qui prêtent à ce grand roi l’organisation musicale de la liturgie du temple de Jérusalem… Ou vous pensez à la phrase de Schopenhauer, le monde a besoin de la musique mais la musique n’a pas besoin du monde.
En effet, il existe ce que les philosophes médiévaux appellent la hiérarchie des sens et l’ouïe figure en toute première place. C’est bien pour cela, nous dit la Bible, que la Révélation fut un phénomène acoustique et non point visuel, ce dernier sens impliquant un contact matériel entre celui qui voit et ce qui est vu… Or la divinité transcende la corporéité.
Donc la musique a un rapport avec le divin. Et le concert d’hier s’en rapproche. Félicitations à Bruno Freitag pour cette belle réalisation ainsi qu’à tous ceux qui nous ont enchantés