Ce qui se passe en Crimée rappelle furieusement ce que l’URSS avait fait jadis en Carélie (Finlande)
Cela s’appelle une annexion rampante, qui ne veut pas dire son nom. Ce qui est grave, c’est que M. Poutine qui a certes des intérêts légitimes en Crimée, utilise des méthodes d’un autre âge. C’est un retour à la guerre froide. C’est vrai, la Russie ne peut pas renoncer à des accords signés avec l’ancien gouvernement d’Ukraine. C’est vrai que Sébastopol lui confère l’unique accès aux mers chaudes durant toute l’année. On peut donc négocier avec le nouveau gouvernement ukrainien, sans lui faire payer par une déchirure territoriale son changement de pied : les Ukrainiens veulent l’Europe. Que la Russie se fasse plus accueillante, moins menaçante, plus démocratique, et les Ukrainiens, y compris ceux de Crimée, entretiendront avec elle des relations de très bon voisinage. On peut donc comprendre la sauvegarde des intérêts russes mais pas les méthodes utilisées.
Je vais vous dire ce que cela me rappelle : au début des années soixante-dix, je fréquentais assidûment la Finlande car j’y avais une petite amie que j’aimais bien. Cela remonte à si loin qu’il y a prescription. Et nous profitions souvent de la proximité de l’URSS par nous rendre en bateau en Estonie, à Tallin ou Riga. Pour moi qui effectuais en ce temps là mes recherches pour le doctorat de IIIe cycle, il me fallait voir les séquelles des institutions universitaires ou rabbiniques où furent publiées des thèses dont je me servais. Par exemple le rabbin Lazare Gulkowitch, Das Wesen der maimunischen Lehre (Riga,1930) et tant d’autres chercheurs que je ne peux citer dans cet article.
Le paquebot était un paquebot de luxe, le service à bord excellent, et les Finlandais buvaient de la vodka comme des trous.. J’ai eu une conversation en allemand avec un vieux monsieur, né en Carélie, et qu’il avait dû quitter après l’annexion de ce territoire finlandais par Staline.. Je lui ai demandé de me décrire comment les choses s’étaient passées.. Je résume : l’armée rouge réunissait des centaines, voire des milliers de paysans et de travailleurs encartés au PC local et à main levée, ceux ci se déclaraient prêts à fusionner avec la mère patrie russe, dénonçaient les fascistes, les fauteurs de guerre, les ennemis de l’internationalisme prolétarien… et autres billevesées . Le vieil homme ajoutait ceci : comment vouliez vous protester ou vous abstenir lorsque les soldats en armes contrôlaient le déroulement de ces meetings qui étaient tout sauf libres..
C’est exactement ce qui passe en Crimée aujourd’hui où le drapeau russe flotte sur tous les bâtiments officiels. Certes, M. Obama et les chefs des pays occidentaux, véritables tigres en papier, discutent avec M. Poutine. Rendez vous compte : ils discutent alors que l’autre occupe un territoire !!!
Quelle est la solution ? Le nouveau pouvoir ukrainien devrait consolider l’accord avec la Russie tout en spécifiant que les mouvements de troupes russes seront strictement réglementés. Les Russes ne peuvent pas céder autrement.
Comprenez. V. Poutine joue son avenir. Souvenez vous de Nikita Kroutchov.. Il a payé son retrait des missiles de Cuba par sa brutale mise à l’écart par d’autres. Or, Poutine n’est pas Kroutchov, il aune autre culture.
Il convient d’en tenir compte.