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Le retour en force de l'Egypte sur la scène du Proche-Orient

Le retour en force de l’Egypte sur la scène du Proche Orient

Ceci est en soi une bonne nouvelle car cela conforte les partisans de la paix et laisse espérer plus qu’une trêve, un véritable cessez le feu. Mais une hirondelle ne fait pas le printemps et il y a fort à parier que le Hamas qui a déclenché toute cette opération ne voudra pas apparaître battu et tentera, d’une manière ou d’une autre, de relancer les combats.

Mais les fais sont têtus : il y a d’abord la médiation égyptienne qui a fini par s’imposer, reléguant au second plan l’autre tendance, celle des Qataris et des Turcs, qui affichait de trop grandes sympathies pour le Hamas, lequel n’est plus à son aise car il sait bien que ceux qui accueillent les pourparlers ne sont vraiment pas ses amis. Et pourtant, s’il veut sauver ce qui peut encore l’être, il doit se plier aux méthodes de l’Egypte et à son aréopage.

L’Egypte du président al-Sissi conforte sa position régionale, rien ne peut se faire sans elle. Mais il y a plus, le Moyen Orient étant la zone la plus dangereuse du monde, tout y change très vite. C’est ainsi que la vallée du Nil (expression empruntée à Heinrich Heine : Das Niltal) est passée d’un régime pro-islamiste, ami du Hamas, à un nouveau régime terriblement hostile à ce mouvement. Le maréchal-président a même fait savoir que les Frères musulmans dont le Hamas fait partie, ont ourdi au moins deux complots afin de le tuer. Ce qui explique qu’il ait pris son temps (presque un mois !) avant de réagir et de tenter de mettre fin au conflit.

Un nouvel axe se met en place dans la région, un axe qui aurait, il y a tout juste quelques mois, suscité la plus grande perplexité chez les observateurs patentés de cette région : les régimes arabo-musulmans modérés (Arabie Saoudite, les Emirats arabes, les pays du Golfe, Qatar excepté) ont pris conscience de ce qui se passe à leurs portes en Libye, en Syrie et en Irak, sans oublier le Liban. Les extrémistes, tant chiites que sunnites, font peser de lourdes menaces sur tous ces pays qui commencent à voir en Israël, par la force des choses, un ami et un allié objectif. Avoir les mêmes ennemis crée des liens assez forts L’Egypte, grand puissance arabe de la région, a choisi son camp et aucun changement n’est prévisible avant longtemps, tant les positions sont tranchées. L’armée, pilier du régime et colonne vertébrale du pays, ne changera pas de position, sauf cataclysme majeur que rien ne laisse prévoir.

L’Egypte et l’Arabie Saoudite, deux alliées de choix, sont du côté d’Israël, ainsi que la petite Jordanie qui subsiste grâce au puissant appui américain. Or, à ses portes, la Syrie se déchire et, plus loin, l’Irak tombe progressivement sous la coupe d’al-Nosra qui vient d’avancer et d’infliger une lourde défaite aux Peshmergas. Le maréchal al-Sissi sait bien que les Arabes ne pourront pas arrêter ce déferlement extrémiste s’ils continuent à disperser leurs forces et à voir en Israël un ennemi majeur.

Ce n’est plus le cas. L’Histoire réserve parfois des surprises. Et celle que nous vivons présentement, en est une et de taille. Je ne dois pas oublier dans ce camp des modérés l’autorité palestinienne, en dépit du grand âge de son chef actuel. Il fait partie de cet axe modéré, à la recherche d’un arrangement avec son puissant voisin israélien.

Il est probable que le Hamas n’acceptera pas de se laisser désarmer et de démilitariser la zone de Gaza. Et alors la guerre reprendra.

C’est bien dommage car ces peuples ont  le droit de goûter enfin à la paix et de régler leurs différends autrement que par la force armée. Mais voilà, on est au Proche Orient, un territoire où nul n’a jamais entendu parlé de René Descartes.

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