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La relégation des habitants du sud d'Israël, véritables parents pauvres du pays

La relégation des habitants du sud d’Israël, véritables parents pauvres de l’Etat hébreu Les récriminations fusent de toutes parts : les habitants des localités méridionales d’Israël, celles qui font face à Gaza, depuis la région d’Eshkol jusqu’à Nahal oz, situé à un kilomètre de l’enclave palestiniennes, se plaignent amèrement d’être des laissés pour compte. Ils entonnent une longue complainte contre ce qu’ils nomment l’arrogance de médinat Tel Aviv, c’est-à-dire de l’Etat de Tel Aviv qui se considère comme le pays utile, une entité en soi, par opposition à la notion de Eréts Israël, la totalité, l’intégralité de l’Etat d’Israël. En fait, ces hommes et ces femmes se plaignent d’être la périphérie, les frontières éloignées, par opposition au centre, le seul à compter vraiment. Je viens de parler au téléphone avec des proches qui habitent ces régions là, dont certains se situent à tout juste cinq km à vol d’oiseau de Gaza. Ces habitants n’ont que quinze seconde (je dis bien quinze) pour rejoindre l’abri le plus proche. Imaginez donc les personnes âgées ou malades, à mobilité réduite, sans même parler des enfants en bas âge et les femmes enceintes, susceptibles de subir des fausses couches en raison de la peur des roquettes du Hamas. Ces régions sont généralement pauvres et habitées par des classes sociales peu favorisées. Ceci vaut aussi bien pour Ashkelon que pour Ofakim et Netivot. Mais ce ne sont pas les seules. Et notamment Sedérot. Un sondage, qui ne vaut que ce qu’il vaut, mais qu’il serait dangereux de sous-estimer, indique que près de 20% des habitants de la zone sud refusent de réintégrer leurs foyers, ne font guère confiance aux assurances prodiguées par le gouvernement ou le général commandant leur zone militaire. Comment croire ce qu’on vous dit quand ce même Etat-Major n’a pas prévu les infiltrations de commandos ennemis qui ont fait tant de victimes… L’exaspération a atteint son paroxysme : cela fait des années que les habitants de Sedérot, par exemple, vivent sous la menace de missiles et de roquettes pouvant s’abattre sur eux à tout instant. On comprend que ce soit insupportable : il suffit de voir le nombre de citoyens israéliens réclamant qu’on inflige une leçon définitive au Hamas pour s’en convaincre. Le gouvernement actuel ferait bien de se méfier. Et on annonce une manifestation importante ce soir à Tel Aviv sur la grande place Rabin. Qu’une partie, même réduite, de la population d’Israël, refuse de vivre sous le feu des roquettes, pourrait déjà être considéré, non point comme une victoire du Hamas, on est loin du compte, mais comme un point marqué par les terroristes… On s’étonne que le Premier Ministre qui a jusqu’ici bien mené son affaire, ne s’en inquiète pas plus. Qu’attend il ? Les habitants du sud d’Israël reprochent au gouvernement d’être traités comme des parents pauvres. Ils ne disent pas qu’ils sont sacrifiés, mais si rien n’est fait, ils finiront par le dire. Ils s’étonnent de la pusillanimité de la réaction d’Israël. En fait, la politique à long terme d’Israël manque de clarté, mais cela est voulu. La lisibilité est la suivante : la classe politique ne veut pas éradiquer le Hamas qui est un gros caillou dans la chaussure de Mahmoud Abbas. C’est la raison pour laquelle l’armée elle-même dose soigneusement ses frappes mais refuse, pour le moment, à s’en prendre à la direction politico-militaire du Hamas. Israël veut un Hamas très affaibli mais vivant tout en étant moribond, empêchant une forte unité palestinienne qui serait alors en position d’imposer la création d’un Etat. Avec tout ce que cela implique concernant le tracé des frontières. Et dans ce calcul un peu sinueux, les habitants du sud d’Israël sont considérés un peu comme un pion qu’on déplace suivant le niveau où l’on oriente le curseur. Est ce que cette attitude est juste, est elle éthique ? Non point, mais Israël est un Etat et les affaires de chaque Etat sont, comme on le dit avec euphémisme, diverses et variées. Mais certains ne sont pas loin de penser qu’il n’est pas convenable d’exposer continuellement les mêmes populations au même danger. L’unité de la nation pourrait en souffrir.

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