Il est presque impossible de parler sereinement de la manif pour tous et des questions qui en découlent..
Pourtant, je vais tenter de le faire tout en protestant par avance de ma bonne foi et en me protégeant de certaines mésinterprétations fondées sur le contestable principe : qui n’est pas avec moi est contre moi.. Ce raisonnement n’est nullement philosophique.
Je commencerai par prendre acte des changements des sociétés contemporaines. L’homosexualité que je respecte a, par son affirmation presque totale et sans retenue, entièrement fait bouger les fondements mêmes de nos sociétés. Un certain modus vivendi s’est installé, chacun campant sur ses positions, mais avec une sorte d’accord secret entre les parties : on ne va pas plus loin, le mariage pour tous est ans la loi ( même ses adversaires promettent d’y revenir en cas d’alternance), en revanche, pas d’adoption et surtout pas de gestation pour autrui… C’est à peu près ainsi que je résumerais la situation, dans l’espoir de ne pas m’être trompé..
Aujourd’hui, la question qui se pose ou se repose est celle des mères porteuses. Et je voudrais dire que Hagar, la mère d’Ismaël dans la Bible, peut être considéré comme la première mère porteuse de l’Histoire. Et les fameuses tablettes de Nuzi, près de la ville de Kirkouk actuelle, le confirment : quand une princesse se mariait et qu’elle ne voulait pas d’enfant ou refusait tout simplement la moindre étreinte amoureuse, la règle disposait qu’elle devait fournir à son époux une de ses dames de compagnie ou servante, apte à accomplir la vie conjugale et donner au mari des héritiers..
Pourrait-on se réclamer de ces mœurs pour avaliser une éventuelle GPA qui considérerait les tablettes de Nuzi comme de lointaines avant-gardes ? Je ne le crois pas car les problèmes posés dépassent –et de loin, ce qui se passait alors dans la lointaine Mésopotamie : je rappelle qu’Abraham, sil a vraiment existé, se situerait vers 1850 avant l’ère chrétienne, c’est-à-dire il y a presque quatre mille ans…
Qu’on le veuille opu pas, qu’on le sache ou pas, et qu’on l’accepte ou pas, notre civilisation judéo-chrétienne fait fond sur la Bible, Ancien et Nouveaux Testament compris. Or, dès les premiers versets de la Genèse, se dresse devant nous une image miniature du monde et des relations entre les êtres humains. On y parle de la vie en couple, c’est-à-dire du mariage entre un homme et une femme. On y lit expressément : c’est pourquoi on quittera père et mère pour adhérer (davak) à son épouse, et ils (les deux) constitueront une même chair (we-hayou le-bassar éhad). C’est d’une clarté et d’une simplicité bibliques indiscutables.
Mais on peut ne pas être d’accord sur le principe. On peut aussi rejeter le verset du Lévitique qui condamne fermement l’homosexualité. Et il n’est pas question dans cet éditorial de condamner qui que ce soit : je ne fais que rappeler des principes bibliques pour ceux qui y croient.
Et les scripteurs bibliques ne s’imaginaient sûrement pas que c’est le modèle même de la FAMILLE que l’on voulait faire évoluer en admettant, par exemple, la GPA. Je voudrais le répéter : on comprend bien le désir d’enfants par tous, tous les types de couples, encore faut-il prendre en compte le désir et le droit de l’enfant. C’est à mes yeux, le seul obstacle.
Ma mère nous a quittés quand j’avais 54 ans et aujourd’hui encore je pleure son absence ; chaque fois que j’évoque sa mémoire, même en public, j’éclate en sanglots. Je n’imagine donc pas que l’on puisse compter sans cela.. Que dire à un enfant qui demande où est sa mère ?
En fin de compte, je répète une nouvelle fois, presque sans illusion, mon respect pour tous, tout en marquant mes préférences.
J’espère donc du fond du cœur ne froisser personne et que nul ne fulminera d’anathème. Il convient de ne pas remplacer par les arguments par des invectives. On dépassionnerait le débat. Et ce serait déjà quelque chose.
MRH in TDG du 5 octobre 2014