La libération du camp d’Auschwitz, il y a soixante-dix ans
Il est toujours atterrant d’entendre des survivants évoquer le supplice, les horreurs subies dans ces camps d’extermination. C’est toujours la même émotion, le même dégoût, que des êtres humains aient été niés dans leur plus stricte humanité, au seul motif qu’ils étaient juifs. Les récits nous étonnent toujours et continueront de le faire aussi longtemps que l’humanité conservera sa mémoire. En écoutant avec attention le récit d’un dame très âgée aujourd’hui qui racontait comment les soldats nazis tuaient à coup de crosse le moindre déporté malade ou ayant du mal à avancer, on n’en croit toujours pas ses oreilles. Elle faisait allusion à la terrible marche de la mort au cours de laquelle des déportés, affamés et transis de froid par moins 20 devaient évacuer les camps menacés par les Russes et pénétrer plus profondément dans le territoire allemand. Mais ce qui est encore plus inconcevable, ce sont les moyens réquisitionnés par les SS pour exterminer le plus de Juifs possible alors que ces trains et ces troupes eussent été plus utiles sur l’un des deux fronts, à l’est ou à l’ouest. Eh bien, non, jusqu’à la dernière minute, les convois continuaient d’affluer vers les camps d’extermination, alors que les Russes ne trouvaient plus que des enfants pour freiner leur avance. Il est vrai que Hitler, en septembre 1939 , avait exprimé une mise en garde devant le Reichstag. Il rendait les Juifs responsables de la guerre imminente et les promettait à un anéantissement certain… La suite de l’Histoire a prouvé qu’il a hélas tenu parole. Mais une question se pose : pourquoi donc n’a t on pas voulu écouter les rescapés des camps, comme si leur calvaire n’intéressait personne ? Et pourquoi eux mêmes se sont ils tus ? C’est là une interrogation qui doit trouver son explication dans la psychologie des victimes. C’est aux USA que l’on commença à dénoncer ce que l’on nomme désormais la victimologie. Mais dans le cas des déportés, cela est allé trop loin : ils ont parfaitement le droit de se plaindre, de parler du calvaire enduré et de dénoncer des silences honteux.