Iran / USA: l’accord se fissure…
On ne se réjouira pas de la vérification de nos hypothèses par les faits. Mais il faut bien se rendre à l’évidence ; Américains et Iraniens ont déjà de l’accord des interprétations non plus divergentes mais contradictoires. On disait ici même que le but majeur et ultime des Mollahs est la levée, la suppression totale et immédiate des sanctions. Alors que les USA optent pour une suspension partielle et progressive des sanctions qui seront rétablies et même renforcées (par le Congrès), en cas de rupture iranienne, ce qui ne manquera pas de se produire car la direction iranienne est pluri Céphale et largement divisée : on ne voit pas les pasdaran, les gardiens de la révolution et les bassidji jeter aux orties leurs objectifs majeurs : la révolution islamique qui les maintient au pouvoir et la haine d’Israël qui leur sert de mobilisation de leurs partisans. S’ils s’en écartaient, ils seraient aussitôt écartés du pouvoir. Donc, on est dans une impasse.
On avait déjà attiré l’attention sur une phrase de Hassan Rouhani parlant de l’ouverture de son pays sur le monde, on en retiendra une seconde, prononcée hier, encore plus sibylline que la précédente : l’accord tiendra si les deux parties respectent leurs engagements. En fait, cette mise en garde s’adresse surtout à ses opposants iraniens qui considèrent que l’actuel président de la république islamique est un modéré qui ne représente pas vraiment les intérêts vitaux de leur pays, tels qu’ils les conçoivent. On a déjà entendu l’affirmation du général des supplétifs bassidji selon laquelle tout peut être négociable, excepté la volonté de détruire Israël. Si ce n’est pas une tentative de torpiller les négociations, et donc les vœux de Rouhani, qu’est ce donc, au juste ?
Le ministre français des affaires étrangères a fait preuve d’une grande lucidité en disant qu’il saluait l’accord mais qu’il restait encore beaucoup à faire. Bref, en termes diplomatiques, qu’il avait beaucoup de réserves concernant la volonté sérieuse des Mollahs de respecter l’accord.
En fait, les choses sont faciles à comprendre : toute une décennie de sanctions ont mis l’économie de ce pays à genoux. Quand les gens rentrent chez eux, il leur faut trouver de quoi boire et manger. ET pas de l’idéologie. Or, le renchérissement des denrées alimentaires de base rendent la vie quotidienne de plus en plus difficile. Rouhani et ses partisans ont compris que l’Iran n’était plus à l’abri d’une explosion populaire. Il fallait donc faire preuve de pragmatisme et gagner du temps.
Que nous réserve n’avenir ? Il y aura à Téhéran une véritable épreuve de force entre partisans et adversaires de Rouhani ou du guide suprême de la révolution, lequel a dû répéter lors de la grande prière du vendredi qu’il ne négociait avec les USA que pour le nucléaire et sur rien d’autre. Entendez ceci : il n’y a pas de rapprochement avec les USA…
Même en cette période Pâques on il est question de libération de l’esclavage d’Egypte, d’une part, de Résurrection, de l’autre, les choses n’ont pas l’air de s’arranger. Et l’on se demande vraiment s’il ne faudrait pas une robuste manifestation de la Grâce dans ce pauvre monde pour que les choses changent enfin…