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Augeschoben ist nicht aufgehoven: Quelques réflecions sur les réalutats des élections en Aurichze

 

Aufgeschoben ist nicht aufgehoben... Quelques réflexions sur les élections présidentielles en Autriche

En bon français, ce n’est que partie remise ! C’est du moins ce que Marine le Pen vient de dire en commentant les résultats qui ont donné la victoire au candidat écologiste, qui, en dépit de son âge et de son peu de charisme, a remporté haut la main les élections. Mais est ce à dire que la question a été réglée une fois pour toutes, c’est peu probable Faisons une brève rétrospective.

Qu’est ce qu’un Autrichien et qu’est ce que l’Autriche ? Ce sont deux questions qui se posent depuis la fin de la seconde Guerre mondiale. J’aime bien ce petit pays qui a eu une grande histoire et qui a réussi à maintenir son indépendance par sa neutralité active jusqu’à la disparition de l’URSS, laquelle aurait vu d’un très bon œil la possibilité de satelliser ce pays comme elle le fit sur les autres pays d’Europe et orientale. J’ai souvent séjourné à Vienne pour mes recherches sur les manuscrits hébraïques, conservés dans la très belle bibliothèque d’Etat.

Les pays du monde entier sont déterminés par une loi d’airain, à savoir leur emplacement géographique et donc leur arrière-pays, en allemand, leur Hinterland. Or, l’Autriche, depuis la disparition de la double monarchie, se cherche et a fini par adhérer à l’Union Européenne. Mais cette adhésion, certes, hautement bénéfique, n’était pas sans problème. Car les Autrichiens ont vu leur étendue territoriale et leur poids en Europe, diminuer fortement depuis l’après-guerre. Et voici que depuis la crise des migrants, ils se sont sentis envahis par des gens issus d’une autre culture et d’une autre religion, avec lesquelles la monarchie austro-hongroise eut maille à partir pendant des décennies par le passé.

A ce pays se pose le problème du maintien ou de la disparition de sa culture et de sa civilisation. Situé sur une voie de passage des migrants, l’Autriche n’a pas pu faire face comme son géant voisin, l’Allemagne de Madame Merkel qui a ouvert toute grande la frontière de son pays, voulant ainsi enrayer la crise démographique et fournir à l’industrie allemande les millions de bras et de mains qui vont lui manquer dans quelques années. On a l’impression que ce pays est l’otage, le prisonnier de sa situation géographique. Du temps où il favorisait le dialogue entre l’ouest et l’est, ses chanceliers étaient connus du monde entier. Je pense notamment au célèbre Bruno Kreisky, l’inamovible chancelier, qui sut naviguer avec adresse entre les différents écueils.

Mais aujourd’hui, la situation est entièrement différente et une proportion sans cesse croissance de la population penche vers un parti qui lui semble mieux porter ses espoirs et défendre son avenir. Peut-on le leur reprocher ? Certes, le candidat écologiste, partisan du maintien en Europe, l’a emporté en raison de la peur de ce saut dans l’inconnu. Toutefois le score remporté par Norbert Hofer est loin d’être déshonorant. Et si les élections législatives avaient lieu demain ou même après demain, rien ne laisse présager que le parti d’extrême droite subirait une défaite.

L’Europe est l’avenir mais un avenir qui, comme tout espoir, tarde à se concrétiser. Il faut régler les problèmes à la racine et non s’occuper des conséquences. Certes, on peut s’étonner de la mansuétude que je témoigne aux thèmes de ce parti qui a tout de même réunis près de 48% des électeurs.

Quand je compare cette situation à ce qui se passe en France, je réalise que la culture européenne, faite à la fois des idéaux des Lumières mais aussi de la Shoah, ne sait pas se défendre. Et un beau jour, les citoyens ont fini par dire non et se révolter contre le laxisme et le laisser-aller. J’ai la nette impression que les Autrichiens ont senti que leur base territoriale, culture, religieuse et spirituelle, allait en se rétrécissant. Que l’on me comprenne bien : il ne s’agit pas de défendre la xénophobie ni l’antisémitisme, mais qu’allons nous répondre à des gens qui se sentent laissés pour compte, face à des étrangers auxquels on porte secours ?

Il y a aussi, de façon plus lointaine, l’effet Trump. Cet homme que personne ne prenait au sérieux, étranger au microcosme politique, qui a subi les pires avanies lors de la campagne électorale, a fini par l’emporter dans la plus grande puissance mondiale. Rien n’y fit, pas même les pires accusations personnelles… Et pourtant, il a gagné et constitue son équipe en renforçant ses idées jugées extrémistes.

Pourquoi ? Parce que des millions d’électeurs en ont eu assez qu’on leur impose leur façon de penser et leur mode de vie. Après tout, du moment que vous respectez les lois internationales, vous êtes libres de faire chez vous ce que vous voulez. Or, qu’a fait cette Europe autiste de Bruxelles ? Elle a osé imposer aux pays un quota de migrants à recevoir ! Est ce le retour de la théorie brejnévienne de la souveraineté limitée ?

Il faut cesser de diaboliser certains partis de droite ou d’extrême droite. Je me pose la question : en France, tous les sondages placent Marine Le Pen en tête du premier tour et présente au second. Elle oscille entre 25 et 28%. Allons nous dire qu’un gros tiers des électeurs de France se sont radicalisés ? Non point, ils constatent simplement que les partis dits traditionnels ne respectent pas leurs promesses.

Et si la situation ne change pas en Europe, celle-ci connaîtra une période d’effilochage (Zerfaserungsprozess) et il faudra du temps pour remonter la pente. L’Europe doit se renforcer. Comme le dit l’adage : Quand on a des convictions, on se mobilise pour les défendre.

Jusqu’ici ce n’est pas le cas. Alors, pourquoi s’étonner !

Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève

 

 

 

 

 

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