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Manuel Valls versus Jean-Luc Mélenchon ; les dessous d’un étrange conflit…

Manuel Valls versus Jean-Luc Mélenchon ; les dessous d’un étrange conflit…

Ni l’opinion ni les média n’ont l’air de prendre au sérieux cette bataille à couteaux tirés entre deux hommes issus de la gauche, désormais transformée en champ de ruines. Que les deux hommes, jadis, dans une autre vie, alliés autour du PS, s’arrachent les débris d’un parti mort et enterré, cela n’est pas nouveau sous le soleil. En revanche, l’enjeu qui apparaît de plus en plus clairement, ne laisse pas d’être inquiétant. De tous les commentateurs, seul, me semble-t-il, Christian Barbier a compris ce qui est en train de se tramer.

L’ancien Premier Ministre qui a été longtemps maire d’une banlieue affectée par le communautarisme a pris des positions courageuses, même du temps où il était le locataire de Matignon. Son adversaire cherche désespérément une place dans le nouvel échiquier politique et fait flèche de tout bois pour ne pas être oublié par les média qui lui donnent un semblant d’existence. En effet, aucune élection n’est prévue avant deux bonnes années, donc aucune occasion d’accaparer les médias pendant je ne sais quelle campagne électorale… En plus avec un petit groupe à l’Assemblée, rien de transcendant ne peut se passer. Partant, J-L Mélenchon s’agite de son mieux pour exister. Mais voilà, dans ses troupes, certains se rapprochent dangereusement de quelques thèmes qui vont scander notre vie politique intérieure dans les mois, voire les années qui viennent. Et les solutions qu’ils préconisent n’inspirent vraiment pas la quiétude ni la sérénité.

Valls a dénoncé les velléités de contourner les règles de la laïcité alors que son adversaire renifle dans ces milieux un bon bassin de recrutement, un gisement de voix pour son mouvement la France insoumise. Or, ceci ne peut se faire que si on cède sur la règle de la laïcité. Par ailleurs, les récents attentats, notamment ceux qui ont pu être déjoués ou n’ont pas fonctionné grâce l’intervention de la divine Providence… montrent que la situation se tend.

Or, hier, le ministre de l’intérieur a largement parlé des problèmes liés à l’islamisme, problèmes qui, selon Chr Barbier, risquent de porter atteinte à la cohésion nationale. Et nous avons des exemples très instructifs qui remontent au XIXe siècle européen.

Nous sommes vers 1830, les juifs d’Europe, notamment d’Allemagne, n’ont pas encore les mêmes droits civiques que leurs concitoyens chrétiens. Surgit alors la question juive, la Judenfrage. La France révolutionnaire avait, avec des hauts et des bas, abordé justement la question et certains conventionnels avaient intelligemment appréhendé ce point. Le plus lucide est devenu célèbre (Clermont-Tonnerre) pour sa fameuse formule (même si elle fut démentie en 1948) : tout aux Juifs en tant que religion, rien en tant que nation…

Les sociologues allemands du XIXe siècle avaient théorisé la question de la même façon : les juifs qui veulent s’intégrer, le veulent en tant que communauté religieuse (une simple religion parmi d’autres) ou se veulent -ls une communauté nationale (un peuple au sein d’un autre peuple, un status im statu, un état dans l’état) ? Et dans ce cas, on irait vers des difficultés réelles. Hier, le ministre de l’intérieur a vaguement d’insérer, d’une insertieon là où le terme intégration eût été de mise…

Si les Français de confession musulmane ne réfléchissent sur cette question, l’Europe risque d’hériter d’une Islamfrage, un problème islamique. Nous sommes tous des républicains, ce qui compte c’est l’identification aux valeurs laïques et républicaines et non point l’appartenance religieuse qui doit rester confinée à la sphère privée. Mais toutes les religions monothéistes n’adoptent pas la même attitude face à ce problème qui grandit à vue d’œil au point de diviser la nation tout entière. Toutes les religions qui ont une base humaniste et rejettent l’exclusivisme religieux doivent avoir droit de cité. Mais sans prosélytisme ni haine, qu’elle soit partisane ou théologique.

Il semble que J-L Mélenchon ait oublié cette ligne rouge. La querelle qu’il fait à son adversaire est une mauvaise querelle. Cette question et tant d’autres doivent être appréhendées avec sérieux et l’objectivité nécessaire. On se défend mal de l’impression que certains puisent dans ce vivier pour se renforcer électoralement au risque de pécher contre l’épine dorsale de la démocratie française.

La France doit rester le pays de Montaigne, de Voltaire et de Renan. Certes, elle est aussi celui de Pascal mais elle ne saurait se renier.

Dans le cadre d’un tel débat, la démagogie et le populisme doivent être bannis. A bon entendeur salut…

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