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oltaire, Dieu et les hommes. Edition  de Nicolas Cernek. Gallimard.                                                Déiste ou athéiste ?

oltaire, Dieu et les hommes. Edition  de Nicolas Cernek. Gallimard.

                                               Déiste ou athéiste ?

Voltaire, Dieu et les hommes. Edition  de Nicolas Cernek. Gallimard.

                                               Déiste ou athéiste ?

 

L’œuvre philosophique et l’influence de Voltaire sont immenses, tant dans la culture française qu’européenne. L’apogée de. son activité philosophique touche les rapports avec le religieux C’est un adversaire résolu des dogmes. Comme on va le voir dans la suite de cet article, Voltaire n’a fait aucune concession à l’église catholique. C’est toute une vision du monde qui est remise en question. Et pourtant, on n’a retenu de lui que certaines formules célèbres comme «écrasez l’infâme» et l’engagement en faveur de causes célèbres. Un certain style propre à Voltaire, sa critique cruelle des idées de ses adversaires, son amour de la polémique et de la satire   ont quelque peu occulté le fond de sa pensée. Pa exemple, sa dépendance envers les déistes anglais, de la théologie libérale ou son athéisme réel ou supposé. Le présent ouvrage vient compléter ce que nous savions déjà.

 

Ce livre qui se veut une totale déconstruction de l’histoire sainte, donc biblique, compte plusieurs dizaines de chapitres prouvant l’acuité de la lecture des saintes Écritures par l’auteur. Il dénonce les déformations, les incohérences et l’amoralisme prétendu de l’historiographie biblique. C’est donc  l’idée même de Révélation que Voltaire questionne et remet en cause.

 

Voltaire se veut historien des religions, et plus spécifiquement celui d’une religion bien précise, le judaïsme, qui se trouve être à la base de tout.. Il se donne pour mission d’en scruter les sources existantes d’un œil critique et se sert des ouvrages faisant le point sur la question, de son temps. Sa démonstration semble  bien objective et éloignée de toute approche supra rationnelle ou non objective. Il part donc à la recherche de sources parmi les plus anciennes et dont l’object était de dire les origines du judaïsme. Voltaire dit aussi que tout ce qui provient des juifs et de leur histoire est enveloppé de mystère et de merveilleux, deux tendances sont il s’éloigne, tant sa démarche se veut historique. Il cite même l’approche générale de Hérodote, ce qui signifie qu’ici aussi, il met en doute le témoignage de la Révélation.

 

Voltaire est vraiment parti à la recherche des origines de ce peuple car il git au fondement des recherches sur l’origine du monothéisme, lequel donnera par la suite la religion chrétienne dans laquelle il est né. Voltaire cite bien des légendes mais il n’omet pas de mentionner des sources plus séreuses comme Flavius Josèphe, Apion d’Alexandrie, Ptolémée Philadelphe et ce qui semble bien provenir de la fameuse lettre à Aristée dont l’objet majeur était de parler de la traduction de  la Bible des Septante et de l’interprétation allégorique des préceptes divins.

 

Apion, en charge de la grande bibliothéque d’Alexandrie a mis en circulation une curieuse idée sur l’origine du peuple juif ; passe  encore de parler des juifs comme d’un peuple arabe habitué aux razzias et à l’errance dans des espaces désertiques, on n’hésite pas à nous parler d’un peuple de lépreux que les anciens Égyptiens  aveient expulsé de chez eux car ils étaient porteurs de maladies infectieuses. Cette thèse malveillante sera reprise au cours du XIXe siècle par un certain Arthur Schopenhauer. Ce philosophe, tant admiré par Nietzsche ( Schopenhauer comme éducateur), a déconstruit, pire il a tenté de détruire l’histoire relatée par le livre de l’Exode... Or, cet événement, historique ou prétendu tel, est l’évènement fondateur de l’histoire juive. Sans sortie d’Egypte, pas de peuple  d’Israël, et donc pas de christianisme...

 

On le voit, Voltaire a vraiment tenté d’aller au fond des choses pour découvrir le cheminement qui a conduit à l’histoire religieuse de l’Europe, telle que nous la connaissons et telle qu’elle fut transmise par les sources judéo-chrétiennes. Ce que je retiens, ce n sont pas, évidemment ,t les résultats d’une telle enquête mais bien le cadre dans  lequel ils ont été obtenus. On sent aussi que Voltaire fait preuve d’une grande prudence , car il souligne qu’il ne s’intéresse pas ici à la foi divine : dans la mesure où sa documentation est la plus complète possible, il tente de percer au jour ce mystère du peuple juif : comme un peuple composé d’Arabes errant dans le désert a-t-il pu connaître une telle odyssée ? Il ajoute qu’il ne prend pas pour argent comptant les narrations bibliques à ce  sujet..  Impossible de séparer l’histoire de la légende, la Raison de la Révélation..

 

Voltaire, il faut le reconnaître, procède de manière acceptable dans son enquête ; il se demande, par exemple, à quel moment de  son histoire, cette tribu arabe itinérante dans le désert, a fini par se sédentariser. Ils n’eurent de ville capitale qu’à l’époque du roi David, ver l’an mil avant Jésus. Et c’est ce même David qui avait conquis Jérusalem sur les Jébuséens. Partant, l’historiographie biblique a visiblement du mal à précisément rendre compte de cette évolution vers la sédentarisation. Laquelle constitue une étape incontournable dans le développement religieux de ce peuple. Cette évolution de la civilisation urbaine explique comment ce peuple, si petit, si peu nombreux, a pu exporter le monothéisme sur toute la surface du monde habité.

 

Je ne reprends pas tous les développements sur toutes les questions annexes que Voltaire nous offre dans cette question, mais visiblement il cherche à masquer son athéisme derrière un prétendu théisme. Il n’est pas prêt d’accepter les résultats de la Révélation qui détermine fondamentalement les narrations bibliques. Il s’en prend frontalement aux miracles qui relèvent plus de la Grâce  divine que de la Raison. Et c’est pour sauver la mise qu’il parle des idéaux du théisme qu’on pourrait résumer ainsi : Penser le vrai et faire le bien. L’homme est en mesure d’y arriver sans aucun concours extérieur. L’intellect humain peut s’en passer et aboutir aux résultats escomptés. Une telle attitude équivaut à ce que les kabbalistes ultérieurs qualifieront de ravage des plantations, c’est-à-dire ruiner  toute la base des religions.

 

Voltaire était aussi un humaniste, ce qui provoque chez lui un rejet total de toute conduite immorale. Si des atrocités sont commises au nom de Dieu ou de la religion, elles n’en sont pas inacceptables. Nulle exégèse, si fine, si subtile soit-elle ne les lui fera accepter. Dieu est synonyme d’amour et de bonté. Prêcher le fanatisme et la croisade, au nom de la divinité, est inadmissible. Telle est l’idée directrice  de Voltaire. Dieu ne saurait être la source du mal et de la violence.

 

 

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