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Hommage (mérité) à Claude Sarfati

Hommage (mérité) à Claude Sarfati

Hommage (mérité) à Claude Sarfati

 

Honneur à Claude SARFATI, éditeur. contemporain de la Bible hébraïque  en oblong, qui en fait son entrée dans le club historique très fermé des promoteurs de la Bible hébraïque. Il poursuit l’œuvre fondatrice d’un lointain et illustre précurseur, un savant  flamand,  comme l’éditeur-imprimeur Daniel Bomberg, qui vivait à l’époque de la Renaissance (1534)... C’est à lui que nous devons, en autres,  l’édition des Bibles rabbiniques (Mikra’ot guedolot).

 

Claude SARFATI a aussi édité nombre de textes et de commentaires rabbiniques qui, sans son action salvatrice, seraient tombés dans un oubli immérité  Cette œuvre fera date, comme l’annonçait le grand Ernest Renan lorsqu’il rendit hommage à la tradition juive quia participé au sauvetage d’une Bible hébraïque et juive, menacée de disparition. Claude SARFATI participe de ce véritable effort de résurrection...

 

L’origine des contestations judéo-chrétiennes porte assurément sur des interprétations divergentes des textes sacrés. Les nouveaux chrétiens, anciens juifs formés à la dialectique talmudique, entendaient découvrir dans les Écritures de leur nouvelle église l’annonce de la venue de leur Sauveur qu’ils attendaient en toute bonne foi : pour eux, c’était l’Envoyé de Dieu tel que décrit dans leur Bible, notamment dans le livre du prophète Osée, au chapitre six, où il est question en toutes lettres, d’une résurrection : yéhayénou miypmatim... Constamment, la nouvelle église interprétait dans le même sens ce qui lui paraissait pertinent de son propre point de vue.

 

C’est dire combien la restauration du sens juif des Écritures était devenue une question de vie ou de mort pour les communautés juives disséminées sur le globe terrestre, au cours des premiers siècles de l’ère chrétienne.  Les Évangiles, surtout dans  les épîtres pauliniennes , se font l’écho de cette captatio benvolae. Il s’agissait alors de savoir qui était le verus Israël, l’authentique héritier des textes bibliques. On pense aussitôt à la magistrale thèse, un peu vieillie aujourd’hui, de Marcel Simon, sur le verus Israël...

 

Les Écritures, et en particulier le Pentateuque, étaient interprétées selon l’exégèse  allégorique qui favorise le sens profond, non-littéral au détriment du sens obvie. . Voici quelques exemples prouvant qu’on changeait de monde et de culture : l’univers judéo-hébraïque cédait face à la culture hellénique ou simplement païenne... Mais par-delà ce changement, il y avait une entreprise systématique de substitution. Quand la Bible évoque le figure de Noé, nos amis chrétiens ont voulu y voir l’arrivée du Christ qui inaugure une humanité nouvelle comme Noé a fait renaître une nouvelle race d’hommes après le Déluge. Et même son arche, faite de bois, évoquait le bois de la croix ayant servi à la mise à mort de Jésus.

 

Lorsque le Pentateuque parle de mystérieuses maladies contagieuses difficilement identifiables, l’interprétation chrétienne y découvre l’état du monde avant la venue de l’église  purificatrice. Mais toutes ces choses n’étaient pas les plus graves. Ce sont les tendances antinomistes de l’église primitive  qui ont mis fin  à toute possibilité de vie commune au sein d’un même communauté religieuse. Les solennités religieuses étaient mises en relation avec d’autres références, les lois pratiques comme la consommation de pain azyme pendant la pâque juive étaient supprimées,  évacuées grâce à l’exégèse allégorique. Tous ces bouleversements étaient inacceptables aux yeux de la classe montante des docteurs des Écritures (Talmidé hakhamim)...

 

Éditer donc les écrits bibliques dans leur langue originaire, c’est les préserver de l’oubli ou même de la disparition. On ne pouvait  qu’aller à la rupture qui dure depuis un peu plus de deux mille ans.

 

Au cours de toute cette vie de recherches et d’études, je me suis souvent demandé s’il eut été possible qu’il en fût autrement. Je me souviens avoir lu chez Ernest Renan une expression qui a retenu toute mon attention : élargir le sein d’Abraham... Avoir été moins regardant, moins à cheval sur les lois, notamment de pureté et d’impureté, les interdits alimentaires, l’endogamie, etc... bref façonner un judaïsme moins rabbinique, en somme un judéo-christianisme. Mais toute la question porte sur les  proportions. Favoriser l’élément juif originel ou à l’inverse le confiner à un état résiduel, comme dans un acte de  pur témoignage. Un vestige.

 

Quand on regarde l’histoire, on se rend compte que cela n’était pas possible. Même un homme aussi admirable que Philon d’Alexandrie n’y a pas échappé. Les rabbins de l’époque en ont jugé autrement et ont préservé non pas le judaïsme an und für sich, mais leur judaïsme. Je me suis souvent demandé à quoi aurait ressemblé le judaïsme sans la chute du Temple de l’an 70. En tout état de cause, on a sauvé le judaïsme du naufrage pur et simple, mais dans quel état, bardé d’interdits, de défense, de restrictions et de tant d’autres valeurs négativeses. Me revient à l’esprit une déclaration de Flavius Joseph que je cite de mémoire et en substance : il ne leur a pas suffi de noue éloigner des autres hgommes, il nous ont aussi éloigné de la nature.

 

 

Comment conclure quelque chose qui dure depuis tant de siècles ? Je crois, tout bien considéré, que nous autres, juifs, nous ne remédierons jamais assez Dieu de nous avoir fait don de sa Tora divine.

 

  A nous d’en faire bon usage.

 

Mais grâce aux efforts de ce grand bibliophile hébraïque qu’est Claude SARFATI nous ne perdons jamais notre Bible massorétique...

 

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