La Syrie, la libye et la Turquie
Ce trio risque de faire parler encore plus qu’il ne l’a fait jusqu’ici ! Commençons par la Syrie : on a parlé ce matin de l’article d’un journaliste syrien, un certain al-Atassi, le fils de Noureddine al-Atassi, qui fut président de son pays de 1963 à 1970, date à laquelle il fut renversé par un homme encore plus implacable et plus cruel que lui, Hafez el-Assad, le père du président actuel, Bachar. Est-ce un renversement de situation ? Est-ce que ce même Bachar va se retrouver en exil si un général, sans foi ni loi, décidait de prendre les rênes du pouvoir ? Curieux parallélisme, car les courbes de vie des deux fils, el-Assad et el-Atassi risquent de se rejoindre…
Le journaliste al-Atassi a écrit un bel article qui exalte le lyrisme métaphorique dont la est capable une belle prose arabe. Il y dit qu’en prenant la succession de son père, Bachar a trouvé sur le bureau de celui-ci un flacon de parfum qu’il n’a jamais songé à ouvrir mais qui renfermait pourtant un produit envoûtant, un extrait suave dont se régalent les narines. Mais ce flacon s’est accidentellement renversé et son contenu, loin d’embaumer l’atmosphère du bureau présidentiel, est venu se mêler à l’odeur insoutenable de tout ce sang versé… Et le fils de l’ancien président syrien sait de quoi il parle : son père a passé l’essentiel de ses jours en prison après le coup d’Etat. Décidément les Assad ne changent pas, de père en fils…
Ghadafi risque de voir lancé contre lui un mandat d’arrêt international par le TPI pour crimes de guerre, crime contre l’humanité, assassinats, attaques de civils etc… Est ce cela suffira ? Peut-être pas, mais le bouillant colonel qui a perdu de sa superbe et qui se terre, plus encore qu’avant, risque d’y réfléchir à deux fois avant de poursuivre son action. Chaque jour qui passe voit les bombardement se durcir et son autorité s’effriter. Fidèles à la mentalité des fils du désert, il crâne et gesticule même quand il est aux abois. Il dit vouloir mourir en martyr mais on est loin du compte… Cela dit, il n’est pas normal que le bombarde et que l’on épargne la Syrie. La même rigueur devrait s’appliquer aux deux Etats, connus pour leurs liens avec le terrorisme.
Et la Turquie ? M. Erdogan ne cessera pas de nous étonner. N’ayant en vue que l’intérêt régional et stratégique de son pays, il a déjà abandonné son éphémère allié syrien et voit avec inquiétude avancer les chars de son armée vers une bande de son territoire revendiquée par ce turbulent voisin. Il n’est pas exclu que la diplomatie turque, l’une des meilleures de la région après Israël, soit en train de se rapprocher silencieusement de l’Etat hébreu avec lequel l’Etat-Major ottoman entend poursuivre une fructueuse coopération militaire. D’ailleurs, signe supplémentaire de baisse de la tension, le navire amiral turc qui a voulu forer le blocus de Gaza ne fera pas partie de la flottille qui s’apprête à appareiller…
Oui, M. Erdogan ne cesse de nous étonner. Espérons que désormais il étonnera agréablement puisqu’il a gagné les élections et se trouve au zénith de sa popularité. Qu’il en fasse bon usage, enfin…