Le christianise ; en tant que religion, a-t-il un avenir ?
C’est la lecture attentive et toujours très enrichissante de la page de Jacques Julliard, publiée dans Le Figaro de ce mois de mai, qui m’a inspiré ces réflexions sur un phénomène religieux historique de premier ordre, le christianisme. L’histoire mondiale est inconcevable sans lui ni sans le souvenir de son fondateur ou de celui dont on s’est servi pour affirmer et renforcer sa domination mondiale, Jésus de Nazareth.
Lorsque je traduisis pour les éditions Bayard en 2002 l’ouvrage hélas si méconnu du philosophe judéo=allemand, le dernier grand rabbin de Berlin à l’époque nazie, Léo Baeck ; L’Evangile, en tant que document de l’histoire religieuse du judaïsme, je pus me rendre compte, une fois pour toutes, de l’insécable relation entre le judaïsme ; matrice originelle de l’idée même de tout christianisme, et sa fille rebelle, l’Eglise. En fait, la publication d’un tel document historique par le dernier leader spirituel des Juifs d’Allemagne, faisait presque office de bouteille à la mer (Flaschenpost) et ressemblait à un appel au secours, suite aux législations raciales et antisémites du congrès nazi de Nuremberg en 1935. Baeck en appelait à ses concitoyens de religion chrétienne, leur rappelant l’unité indéniable des deux religions, la mère et la fille, face à ces négateurs et dénonciateurs de toutes les valeurs éthiques qu’étaient les Nazis. L’appel de Baeck ne manque pas d’émotion ni de sincérité mais il ne fut pas entendu.