Les dernières déclarations de l'ancien Premier Ministre Raymond BARRE concernant les activités de Maurice PAPON pendant l'Occupation ont largement retenu l'attention. La semaine, le Monde daté du Samedi 10-11 mars contenait deux contributions sur le sujet: l'une émanant d'un journaliste du Monde (en page 2) et la seconde, sous forme de tribune libre et signé par un lecteur.
De quoi s'agit-il? Lors d'une émission sur France-Culture, l'ancien Premier Minsitre, âgé aujourd'hui d'un peu plus de 80 ans, clamait (le nom n'est pas fort) son indignation face aux méthodes indignes (sic) d'un lobby juif (sic)… Le Premier Ministre n'a pas vraiment pris la défense d'un homme qui fut dans l'un de ses gouvernements en poste au budget, mais s'est contenté de dénoncer en termes particulièrement virulents les agissements (sic) de certains organisations juives qui furent à l'origine de poursuites -et, partant, de la condmanation de l'ancien Secrétaire Général de Préfecture.
Autant que je sache (même si je n'ai pris connaissance de l'interviex que par des dépêches de journaux, sans avoir entendu l'émission de mes propres oreilles) M. R BARRE ne s'est pas prononcé sur la consistance juridique des accusations protées contre M. PAPON. Le contraire eût été fort inattendu de la part d'un ancien Premier Ministre qui sait pertinemment ce qui signifie une condmanation prononcée par une cour d'assises…
Certains jugeront ma réaction trop modérée mais je dois d'emblée protester du respect et de la très haute considération que, comme tant d'autres universitaires de notre pays, j'ai toujours porté à un homme qui a laissé de son passage aux affaires de mémorables formules comme «le microcosme» ou encore, ces politiciens «frappés d'incontinence médiatique»… En gros, nous avions tous pu constater que le grand universitaire qui forma des générations d'étudiants en économie et en sciences politiques, n'est jamais parvenu à se faire pleinement accepter paqr ce même microcosme…
Mais ceci n'est pas le sujet mais ces remarques aident à mieux comprendre les réactions de l'intéressé. Jamais, R. BARRE n'a manifesté à l'égard des juifs la moindre réserve (il y en avait dans cabinet à Matignon), jamais n'a pesé sur lui le moindre soupçon et même la déclaration, assez maladroite, au demeurant, suite à l'attentat de la rue Copernic, ne suffit pas pour justifier les mises en cause qu'on a pu lire ici et là.
En défendant certains aspects de la vie et de l'œuvre de celui qui fut son ministre du budget, le professeur a cru devoir sacrifier à je ne sais quel devoir de piété. Il a commis, qu'il me permette de le dire, une grave maladresse sur un sujet où les drames, les malheurs, bref l'incommensurable détresse, ne permet pas la moindre erreur.
Nombreux sont ceux qui, aujourd'hui, admettent que M. PAPON a amorcé un tournant au moment où la fortune des armes ne souriait plus aux occupants nazis. Enfin, comment ressentir la moindre mansuétude pour un homme qui n'a jamais manifesté le moindre regret ni fait d'autre acte de contrition? Pas même un mot pour les victimes innocentes, doublement innocentes, je veux dire les enfants, morts sans avoir évécu, morts uniquempent par ce que juifs…
Ceci devrait suffire à faire entendre à Monsieur Raymonde BARRE qu'il s'est aventuré sur un terrain peu favorable et sauf à inviter notre justice pénale à se déjuger, il doit reconnaître que la justice dans notre pays fonctionne au-delà des lobbys et des groupes de pression.
je n'achevrai cette note sans redire mon espoir de voir l'ancien Premier Ministre adopter une attitude plus conforme aux faits. C'est du reste lui qui nous l'avait promis lorsqu'il était à la tête du gouvernement du pays.