INFORMATION ET QUÊTE DU SENS…
N’ayant pas l’honneur d’être un journaliste professionnel et nourrissant une grande estime à l’égard des membres de cette corporation, je m’applique, chaque fois que je le peux, à dégager un sens, un certain sens, de ces masses d’informations qui s’abattent sur nous matin, midi ou soir, où que l’on soit dans toutes les parties du monde !
Dans le langage des spécialistes de la presse, on distingue entre deux genres de journaux : d’opinions, notamment les feuilles qui donnent en même que temps la nouvelle et son interprétation ; et enfin les journaux d’information qui vous livrent les faits et les événements bruts de décoffrage, comme on dit, ce qui signifie une information non dirigée, car c’est à chacun de se forger une opinion, rout en étant, si possible, ouvert à celle des autres…
Mais la question qui se pose est la suivante : est-ce que chacun est en mesure de séparer la paille du grain, d’interpréter correctement des nouvelles qui ont parfois une charge émotionnelle très forte, même trop forte ? Ce n’est pas malheureusement pas sûr…
Au Moyen Age qui ne connaissait ni l’école publique, ni la scolarité obligatoire, ni la démocratie et où savoir lire et écrire n’était pas le bien commun de tous, on ne se posait pas cette question : les sages de l’époque avaient érigé un mur hermétique entre les masses incultes et les rares élites appelées à diriger la cité et le pays… Un peu comme du temps de Platon.
Les enseignements de Platon et de son successeur Aristote furent repris par les philosophes chrétiens, musulmans et juifs du Moyen Age qui décrétèrent l’interdiction de communiquer aux masses la vérité sur les mystères de l’univers. Et ce pour deux raisons : d’abord il n’était pas du tout évident qu’elles les comprissent et ensuite cela risquait de porter préjudice à leur foi et à l’image que leur religion entendait donner du monde…
Nous n’en sommes plus là : mais la situation est restée la même en ce qui concerne l’aptitude ou l’inaptitude des gens à comprendre la masse d’informations qui leur assénée tous les matins dans les colonnes de journaux, les ondes radiophoniques et les canaux cathodiques… Je vérifie cette donnée incontournable chaque fois que la dame qui s’occupe de l’entretien me met au courant de ce qu’elle a vu ou entendu… Ce qui n’était alors qu’une hypothèse ou une conjecture ou même une supposition est pris pour de l’argent comptant ! Et pourtant ces petites gens sont admirables et touchantes.
Comment obvier à cela, comment pallier ce manque ? Seule l’éducation, l’enseignement peuvent y contribuer. Dans une lettre à un poète de ses amis, Edmond Rostand écrivait ceci :quand je vous lis, je respire mieux. Et c’est vrai, l’essence de la liberté se trouve dans l’intellect, un peu aussi dans la sensibilité, mais surtout dans l’esprit. Grâce à son intellect l’homme franchit les barrières, dépasse l’espace où il se trouve parfois confiné… Il suffit de voir comment un bon livre de qualité, bien écrit, nous captive, nous transporte et comment nous enous en souvenons des décennies plus tard…
Mon message est qu’il faut réfléchir sur l’information qu’on reçoit, mais pour y parvenir, il faut s’y préparer longuement… Et comment ? En lisant de la bonne littérature, de grands auteurs, de grandes idées, de grands philosophes. On se rend alors compte que les nouvelles de la veille ou de l’avant-veille servent, quelques jours plus tard, à emballer le poisson sur la place du marché, alors que les lignes de Socrate, Platon, Aristote, Descartes, et de tant d’autres demeurent telles des étoiles impérissables au firmament de la pensée humaine.