LA NOUVELLE RELATION FRANCO-SYRIENNE
Comme toutes les visites de chefs d’Etats à l’étranger, la visite du président Nicolas Sarkozy à Damas a un double intérêt, géopolitique et économique. On ne reviendra pas sur l »ostracisme –justifié- dont l’ancien président français avait frappé la Syrie, impliquée gravement dans les troubles secouant le Liban et aussi dans la disparition tragique de l’ancien Premier Ministre Rafic Hariri. Nicolas Sarkozy a compris que la carte syrienne était incontrôlable. Il a donc donné à son homologue syrien des gages de sérieux et d’ouverture, renforçant de cette façon le clan de ceux qui à Damas militaient, sans succès, pour l’ouverture et le rapprochement avec l’Occident.
Certes, Damas attend le résultat des élections américaines mais sait aussi que Nicolas Sarkozy a renouvelé et amélioré la relation transatlantique. C’est un grand pas en avant si l’on arriver à enfoncer un coin entre la Syrie laïque ( voire laïciste) et l’Iran rétrograde et théocratique des Mollahs… La diplomatie française a été la première à comprendre que l’on avait contraint, en quelque sorte, la Syrie à se jeter dans les bras de l’Iran.
Ce volet éminemment politique s’enrichit de deux autres aspects non moins cruciaux : dissuader l’Iran de poursuivre ses efforts sur le plan du nucléaire militaire (et surtout si c’est la Syrie qui s’en charge) et parvenir à instaurer un dialogue direct entre la Syrie et Israël. Le caporal franco-israélien, Gil’ad Chalit, retenu par les terroristes du Hamas à Gaza depuis plus de deux ans fait lui aussi partie des thèmes abordés. Le président français a d’ailleurs remis à son homologue syrien une lettre du père du prisonnier, No’am.
L’autre aspect est essentiellement économique. La société Total a obtenu une prolongation de son contrat d’activités en Syrie et l’économie de ce pays a un grand besoin d’investissements et de modernisation. Par ailleurs, l’évacuation du Liban a privé Damas d’une place financière forte comme Beyrouth d’où les affairistes syriens pouvaient avoir accès au circuit bancaire anglo-américain… Et je ne parle même plus pas du budget militaire qui étrangle l’économie de ce pays mais qui est indispensable à la survie du régime.
C’est donc une partie compliquée qui se joue à Damas, en particulier lors du sommet quadripartite entre la Syrie, la France, le Qatar et la Turquie. Ces deux derniers pays sont certes musulmans mais sont des alliés traditionnels de Washington. Ce n’est pas rien d’avoir réussi à convaincre d’abandonner la voie suivie depuis quelques décennies et de rejoindre enfin le camp des modérés et des réalistes. La survie de ce régime est à ce prix.