LE PAPE ET LE DIVORCE
Les dernières déclaration de Benoît XVI à Lourdes, peu avant son retour à Rome, ne manqueront pas de faire couler beaucoup d’encre. Le pape a rappelé avec force l’indissolubilité du mariage et le caractère très problématique de l’admission des divorcés remariés dans la communauté chrétienne. Ceci fait penser immanquablement à des précédents célèbres, dirons nous, sans être plus précis, afin de ne pas créer d’incidents au terme d’une visite qui a plutôt bien commencé.
Nous sommes bien d’accord que le chef de l’église catholique ne saurait se muer en thuriféraire du monde moderne, de son laxisme, de sa permissivité et de sa tendance quasi pathologique à enfreindre les interdits.
Nous savons aussi que le divorce est une maladie chronique de notre monde, que dans certaines métropoles européennes ou ailleurs, une union sur deux finit par un divorce et que les êtres humains, contraints à une telle extrémité en souffrent gravement.
Nous savons aussi que les doctrines de l’église catholique lui dictent de ne pas renoncer à ce qu’elle considère comme un dogme intangible depuis le début de sa structuration doctrinale (car certains compagnons de Jésus étaient mariés et pères de familles avant de rencontrer auquel ils ont consacré leur vie…
Mais tout de même, sans se faire l’apologiste du divorce ou le partisan de la permissivité, il faut bien considérer que l’évolution des relations entre les sexes, le développement sociologique et ce qu’il faut bien nommer les contraintes de la vie d’aujourd’hui, tous ces éléments ont, qu’on l’admette ou non, rendu le divorce incontournable…
Chacun sait que j’ai de la religion et du pape une bonne impression, que l’élément religieux, éclairé par la Raison, me paraît souhaitable, mais cette réaffirmation du dogme, suivie de la réintroduction de la messe en latin, risque de ralentir l’évolution de l’église et de la couper du monde où nous vivons.
Avec tout le respect que je peux avoir pour un saint homme et le courant religieux qu’il incarne, je ne puis que m’étonner de cette réaffirmation éminemment conservatrice (certains diront réactionnaire) d’un dogme que plus personne ne respecte. Certes, le Saint Père a cru bon d’assortir cette interdiction de divorce de sa profonde affection pour ceux qui y sont acculés, mais cela ne suffit pas.
Les fidèles sincères de cette religion risquent de se demander où va l’église. Et finirent par s’en détourner. Il y a certains dogmes de l’église catholique qui ne passent pas : le divorce et le célibat des prêtres en font partie.
Loin de moi l’idée de donner des conseils mais tout de même ! Je ne pense pas que l’on interprète correctement l’enseignement de Jésus sur ce chapitre sensible… En agissant ainsi, le Saint Père réintroduit les ferments de la discorde dans sa propre communauté qu’il divise profondément. Son motu proprio avait déjà irrité bon nombre de gens. S’il en rajoute, ce n’est vraiment pas bien.
Pour être une bonne église, une saine congrégation religieuse, l’église catholique doit vivre avec son temps, sans céder sur l’essentiel. L’essentiel, c’est d’aider les femmes et les hommes à vivre selon des principes humains. Et non point des idées d’un autre temps.
On devrait s’inspirer d’un vieil adage sémitique : ce que ta main droite repousse, que ta main gauche le rapproche…