LES LECONS D’UNE ELECTION
Ainsi donc, les instituts de sondage ne se sont pas trompés, l’Amérique a tenu parole. Elle a élu Barack Obama, déjouant tous les calculs de ceux qui affirmaient que dans l’isoloir les électeurs se raviseraient et porteraient le rival républicain à la Maison Blanche. Essayons de comprendre et d’expliquer ce qui s’est vraiment passé, même si c’est à de bien plus compétents que soi que la question doit être soumise.
Comme on l’écrivait précédemment, les Américains ont été soumis à un tir de barrage journalistique sur tous les fronts : presse écrite, radiophonique et audiovisuelle. Et je ne parle même pas de la demie heure de propagande électorale diffusée il y a deux ou trois jours sur les plus grands networks. Et dans le collimateur de cette presse si influente, se trouvait le président Bush et sa politique. Ce qui a rendu l’idée même du changement absolument séduisante, pour ne pas sexy. Et on vient d’entendre le discours de l’heureux concurrent qui change déjà de discours devant ses partisans en disant que la route sera longue, qu’il ne pourra pas tout faire d’un coup (des promesses encore des promesses…), bref qui tempère l’optimisme de ceux qui l’ont choisi.
N’importe lequel des citoyens américains, mécontent de ses conditions d’existence, soumis comme nous tous à des frustrations de la vie quotidienne et accablés par des tracasseries administratives (paiements d’impôts, de contraventions, de frais de collège ou d’université, etc…) s’est persuadé que sa vie changerait si on changeait de président ! Que tout serait plus facile si Bush partait et qu’un autre, de préférence de l’autre parti, lui succédait.
Plus que pour le Sénateur de l’Illinois, les Américains ont voté contre Bush. Ils se sont jetés dans les bras du rêve pour ne pas voir la réalité en face. Mais c’est leur choix et on ne peut que le respecter.
Il faut donc souhaiter, je le répète, que cette élection se passe bien, sans heurt ni drame, qu’elle apporte la prospérité au peuple américain et plus de paix dans le monde.
Me revient à l’esprit une remarque d’une grand homme politique américain, Henry Kissinger, lorsque Jimmy Carter fut élu président des USA. Devant les promesses, les assurances imprudentes, les déclarations péremptoires du nouvel élu qui commençait à s’aheurter aux problèmes réels (souvenons nous de l’affaire de l’ambassade américaine à Téhéran et de la longue crise qui s’ensuivit), Kissinger eut cette phrase : chaque président américain croit qu’il a pour vocation de changer le monde, mais le président Carter se comporte comme s’il l’avait créé. Professeur d’université avant de devenir homme politique, Kissinger se souvenait aussi que le monde a des lois et qu’Aristote , le maître à penser d’Alexandre le grand (de Macédoine) avait, dès le Ive siècle, vivement conseillé ceci : ne pouvant changer le monde, il faut changer son opinion sur le monde.