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UN MAIRE PLUTÔT LAÏC À JÉRUSALEM

 

 

UN MAIRE PLUTÔT LAÏC À JÉRUSALEM
    Le verdict des urnes est désormais connu. Jérusalem aura un maire de tendance plutôt laïque puisque c’est l’industriel qui l’a emporté sur le rabbin orthodoxe. Les enjeux de cette ville, dite trois fois sainte, sont complexes. On a entendu les différents programmes électoraux, mais, en réalité, la bataille se livrait entre une liste ouverte et une liste arc boutée sur les devoirs et la vocation religieuse de la cité du roi David…
    J’ai entendu avec intérêt les craintes d’une certaine jeunesse qui redoutait que les religieux, s’ils avaient la majorité, ne ferment les boîtes de nuit le vendredi soir, n’imposent au gros de la population leurs propres règles ou mode de vie, bref ne déploient une sorte de coercition religieuse qui marque la vraie frontière au sein même du peuple d’Israël : entre les religieux et les non-religieux.
    Cette lutte intestine parcourt comme un fil rouge toute l’histoire d’Israël depuis la plus haute antiquité jusqu’à nos jours. On se souvient des imprécations des prophètes du VIIIe siècle avant l’ère chrétienne contre les rois de Judée et d’Israël ; et on n’oublie pas, aujourd’hui encore, les controverses fiévreuses lorsque le parti religieux relève la moindre profanation du repos sacro-saint du chabbat. On n’a pas oublié la demande des religieux exigeant la démission du Premier Ministre Rabin lorsque des chasseurs bombardiers commandés aux USA avaient atterri en Israël après l’entrée du chabbat… Or, les religieux savent bien que les impératifs de défense nationale transcendent le respect des lois juives, c’est même un devoir de même nature que de sauver sa vie et de la défendre…
    On a parfois l’impression de revivre ce que Bismarck avait appelé le Kulturkampf (combat pour la culture) dans son opposition à une certaine église : défendre les valeurs d’une civilisation contre l’empiétement d’une idéologie religieuse.
    Cette ambiguïté congénitale de la nature même de l’Etat d’Israël, improprement appelé l’Etat juif, nous renvoie au document fondateur signé par Théodore Herzl,  Der Judenstaat, en français l’Etat des Juifs et non l’Etat juif. Alors que la première traduction induit l’idée que les Juifs ne sont pas tous également impliqués dans la pratique religieuse, la seconde laisserait entendre que cet Etat est par la règle religieuse. Ce qui n’est que partiellement vrai.
    En fait, l’identité juive est à redéfinir. Depuis la chute du second Temple en 70 de notre ère, le corps d’Etat à avoir su organiser sa survie fut le groupe des Docteurs des Ecritures, lesquels ont tout misé sur une définition intégralement religieuse du peuple juif. Alors qu’il y a plusieurs manières d’être juif.
    La religion juive ne doit pas étouffer la culture juive. Il y va de son universalité. Ce qui n’est pas rien. Mais il faut être équitable et rendre hommage à l’action quasi bi-millénaire des rabbins : sans leurs strictes règles, les juifs auraient disparu comme tous les autres peuples du Proche Orient ancien.
    Encore un paradoxe de l’énigme juive…
 

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