LA DÉCLARATION DES DROITS DE L’HOMME : SOIXANTE ANS DÉJÀ
Comme toujours dans la vie, qu’il s’agisse de l’amour, de la haine, de tant d’autres idéaux, le temps finit par en venir à bout. Mais pourquoi donc ? Parce que tout a une fin, tout finit par vieillir , voire même disparaître. C’est le cas de droits de l’homme qui ne sont pas, Dieu soit loué, à la veille de leur disparition, mais qui n’ont plus, cet an ci, leur lustre d’antan.
Les grands pays d’Europe, et même les USA, ont dû composer avec leurs idéaux, au point, parfois, de leur tourner le dos. La question qui se pose est la suivant : est-ce que le cynisme remplace désormais les droits de l’homme ?
Quelques exemples édifiants nous conduisent à cette interrogation :
a) la Chine se permet de faire des remontrances lorsque le président français reçoit, ainsi qu’il en le droit et même le devoir, la Dalaï Lama, chef spirituel incontesté des Tibétains. C’est assez inouï de la part d’une grande puissance qui va jusqu’à protéger le Soudan malgré ses exactions au Darfour, au motif qu’elle lorgne sur ses richesses en matières premières.
b) La Syrie, la Libye et tant d’autres pays du Moyen ou du Proche Orient qui n’ont cure des droits élémentaires de l’être humain et avec lesquels les grandes puissances sont bien obligées de composer. Pendant des années, le Liban fut occupé militairement et sa souverainement bafouée quotidiennement sans que cela ne gêne personne. Il a fallu une heureuse conjonction des intérêts américains et français pour en chasser la puissante occupante. Mais pourquoi avoir attendu trois décennies ?
c) Et le Zimbabwe ! Voici un tyran , Robert Mougabe, qui saigne son pays depuis des années, un pays menacé par une épidémie de choléra ! Et c’est seulement à présent que l’on s’en soucie alors que l’on aurait dû abréger de telles souffrances depuis fort longtemps.
Il y a quelques années, on tournait en dérision les droits de l’homme en parlant des «droits de l’homisme» . Aujourd’hui, on est bien loin des exagérations d’hier. On avait craint que les ministères des affaires étrangères des grands pays d’Europe ne virent tous à des secrétariats d’états aux droits de l’homme… C’était une autre époque.
Il y a quelques années, un ministre britannique des affaires, Anthony Eden, martelait cette phrase empreinte de cynisme ou de réalisme, comme on voudra : le monde ne repose pas sur la justice ou l’équité, mais plutôt sur le pétrole…
C’est encore vrai, aujourd’hui.