CE QUI SE PASSE ACTUELLEMENT AU PROCHE ORIENT
De retour d’Israël, on prend connaissance des titres des journaux, des éditoriaux et des analyses qui ont cours en Europe. Le changement est radical par rapport à Israël. J’ai discuté avec tant de gens dans tous les points d’Israël, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui sot contre l’offensive, même si certains, s’émeuvent des souffrances de la population civile. Des manifestations d’arabes israéliens ou d gens de gauche ont lieu pour demander l’arrêt des combats mais c’est en Israël une tradition , largement confortée par le cour suprême, qui considère qu’une manifestation pacifique est toujours légale.
Mais, en fait, maintenant que l’on perçoit mieux ce qui se passe avec l’offensive terrestre, on peut tenter de reconstituer partiellement les événements.
Depuis un certain temps déjà, le Hamas jouait avec le feu ; on a déjà eu l’occasion de dire ici même que ce mouvement, largement inféodé aux Iraniens, n’avait pas d’agenda politique et son programme se limitait à réclamer la destruction d’Israël. Au lieu de tenter de définir projet politique et de se réconcilier avec leurs frères ennemis, les dirigeants du Hamas ont cédé à une sorte de romantisme guerrier et révolutionnaire ; on se présente devant les télévisions, armés, caqués et bottés, on tire des missiles sur les villes du sud d’Israël et on se prend soi-même à croire à sa propre rhétorique guerrière, oubliant qu’on a en face de soi, une véritable armée puissante, redoutablement bien entraînée et disposant, cette fois ci, de renseignements militaires de première main.
Il y a quelques semaines déjà, l’actuel Premier Ministre d’Israël avait mis en garde, martelant que la confrontation avec le Hamas était inévitable. Ayant préparé leur offensive de longue date, les généraux de Tsahal avaient utilisé chaque jour, chaque heur, chaque minute à espionner les moindres mouvements de leurs ennemis.
Parallèlement, le gouvernement a renoué avec les grandes manœuvres stratégiques d’avant la guerre des six, qui consistaient à leurrer l’ennemi : ainsi, alors que la décision d’attaquer massivement dès le samedi précédent, le ministre de la défense avait prétendu attendait la fin du chabbat pour se réunir. IL semble même que certains régimes modérés, excédés par l’extrémisme du Hamas, aient quelque peu aidé à leurrer ce dernier… Et lorsque ce fameux samedi, vers 11h 30, deux vagues successives d’avions de combat sillonnèrent le ciel de Gaza, la surprise fut totale. Après l’offensive aérienne, il y eut une violente préparation d’artillerie, mais dans l’intervalle, certaines cibles constituées par les dirigeants du Hamas furent prises en compte.
L’offensive terrestre fut elle aussi décidée dès jeudi, aux première heures du matin, après le retour de Me Livini de Paris. Cette offensive ne fait que commencer car elle est menée avec méthode et détermination. Il faut reconnaître qu’on en trouve les prodromes dans le premier discours du ministre de la défense devant la Knését lorsqu’il disait que l’offensive serait élargie et approfondie (tou’mak wé-tourhav).
Les éditoriaux que je lisais hier soir tard dans l’avion étaient unanimes : Israël veut mettre un terme à l’activité tant que politique que militaire du Hamas. Tout semble converger vers cet objectif. Visiblement, ce mouvement radical n’a pas compris ni voulu entendre les conseils des régimes arabes modérés lesquels laissent faire et ne seraient pas mécontents de voir disparaître un mouvement dangereux, considéré comme une tête de pont de l’Iran dans la région.
Autrement, on ne s’expliquerait pas l’attitude de l’Egypte qui, tout en appelant Israël à la retenue, n’a pas manqué d’accabler le Hamas, responsable une fois encore, des souffrances de ce peuple palestinien qui n’a décidément pas trouvé les leaders qui conviennent.
Il y a fort à parier que l’offensive ne fait que commencer et que la direction du Hamas n’en sortira pas renforcée.
Avant les vacances, je demandais au Seigneur d’envoyer enfin la paix : mais qui peut vivre sous les missiles ?