LA MORT DE SAMUEL PHILIPS HUNTINGTON
Les turbulences moyen orientales ont presque éclipsé la disparition d’un grand historien américain dont l’œuvre a été réduite, de manière excessivement simpliste, à un seul ouvrage, en soi remarquable, Le choc des civilisations (traduction française chez Odile Jacob).
Cet éminent historien a enseigné à l’université de Harvard pendant près de 50 années et formé des générations d’étudiants.
Une lecture rapide et toujours approximative de journalistes prompts à dénoncer l’idéologie des néo conservateurs américains a voulu voir en lui l’inspirateur de l’invasion de l’Irak alors qu’il affirmait depuis toujours avoir été contre. En fait, son approche consistait à analyser les différences séparant les valeurs des différentes civilisations, sans accorder la moindre supériorité à celles de l’Occident. Ce qu’il demandait, c’était de veiller à protéger la spécificité des valeurs qui font l’identité nationale américaine. Mais comme son livre a vraiment commencé à être connu et lu après les attentats du 11 septembre 2001, on a cru qu’il stigmatisait une seule civilisation, celle des terroristes qui avaient voulu détruire son pays.
En réalité, la contribution de Huntington, avec ses limites mais aussi ses qualités, va bien au-delà. Elle nous invite à nous confronter à tous les aspects de la mondialisation. Les relations entre les nations, les systèmes et les religions ne seront plus les mêmes, surtout depuis que la confrontation a changé de nature avec l’effondrement de l’Union Soviétique.
Un exemple à suivre, un modèle à méditer.