L’ÉVÊQUE NÉGATIONNISTE
J’ai quelque peu hésité ce matin avant de rédiger mon papier : devais-je parler de l’envoi au Proche Orient de Georges Mutchell ? Devais-je évoquer la crise économique avec cette terrible purge financière, suivie d’une non moins terrible purge sociale ? Devais-je parler de la journée de grève, de ce jeudi noir qui s’annonce en France ? C’est alors que je me suis souvenu des déclarations insensées de cet évêque lefebvriste, récemment réintégré par le pape Benoît XVI, et qui trouve le moyen d’aggraver son cas en se livrant à des déclarations ouvertement négationnistes…
L’ÉVÊQUE NÉGATIONNISTE
J’ai quelque peu hésité ce matin avant de rédiger mon papier : devais-je parler de l’envoi au Proche Orient de Georges Mutchell ? Devais-je évoquer la crise économique avec cette terrible purge financière, suivie d’une non moins terrible purge sociale ? Devais-je parler de la journée de grève, de ce jeudi noir qui s’annonce en France ? C’est alors que je me suis souvenu des déclarations insensées de cet évêque lefebvriste, récemment réintégré par le pape Benoît XVI, et qui trouve le moyen d’aggraver son cas en se livrant à des déclarations ouvertement négationnistes…
Comment est-ce possible ? Pour quelles raisons précises un évêque qui n’est ni historien ni spécialement concerné par l’extermination des juifs par les Nazis durant la seconde guerre mondiale, s’arroge-t-il le droit de remettre ce fait en question et de prétendre que tout au plus 300 000, et non plus 6 millions d’âmes juives, ont vraiment été assassinées dans les camps de concentration ? Et il ajoute, circonstance aggravante, que les chambres à gaz n’auraient pas existé…
Je suis un philosophe spécialiste du Moyen Age, du phénomène de rencontre entre la religion et la raison, la philosophie et les croyances, et aussi du renouveau de la pensée allemande au XIX siècle. Je ne me suis jamais occupé de l’antisémitisme, même si je l’ai souvent rencontré dans les textes ? Je ne me suis jamais vraiment occupé des contestations judoé-chrétiennes, ni de la théologie de la substitution. Ma correspondance avec le pape actuel prouve que l’amitié judéo-chrétienne me tient à cœur…
Mais force est de constater que certaines forces au sein de l’Eglise catholique continue d’être agitées par des sentiments violemment anti-juifs, oubliant que celui qui est le Christ, est né et mort en juif, que son terreau, son sol nourricier fut le judaïsme, en d’autres termes, la Tora… Et voici qu’un évêque, un illustre inconnu, est tiré de l’obscurité qu’il n’aurait jamais quitté, par des déclarations insensées.
Certains prélats, de moins en moins nombreux, heureusement, continuent de penser que la Providence punit les juifs au motif qu’ils ont refusé le message du Christ… En somme, que ce châtiment est d’origine divine. Si ces Messieurs avaient un tantinet de bon sens, ils comprendraient que ces interprétations fallacieuses de l’histoire ne reposent sur rien de sérieux et que la production exégétique moderne avance sur d’autres voies, à savoir une pluralité d’interprétations différentes des uns et des autres, mais sans être inconciliables : mais comment un évêque, réputé être un homme de Dieu, un messager d’amour, peut-il parler comme cet homme ?
Mais, grâce soit rendue au ciel, Monseigneur Barbarin, archevêque de Lyon, a sauvé l’honneur de l’Eglise catholique, en condamnant les propos insensés de ce prélat qui ne fait pas vraiment honneur à son habit ecclésiastique en proférant de tels mensonges : comment nier à des morts, sans sépulture, le sort de victimes ? C’est ni plus ni plus moins les assassiner une seconde fois.
La question que je me pose porte aussi sur les intentions profondes du pape Benoît XVI qui a voulu ramener dans le giron de l’Eglise ces évêques intégristes, à tout prix. Je ne prête pas au Saint Père des qualités prophétiques ni un art divinatoire ; il ne savait pas que l’un des bénéficiaires de cette mesure de grâce proférerait de tels propos. Mais tout de même.
Je vais dès ce soir lui faire passer un message écrit en allemand par l’intermédiaire de Monseigneur Fortunato Baldelli, Nonce apostolique à Paris, que je connais bien. Je dirai au Saint Père respectueusement mais clairement qu’un pape allemand doit condamner de telles allégations. L’unité de l’Eglise catholique, c’est bien. Mais pas à n’importe quel prix.