LA PAIX AU BOUT DU TUNNEL ?
L’épisode sanglant qui s’achève sur le territoire de Gaza pourrait bien être le dernier opposant les Israéliens aux Palestiniens. Ne revenons pas sur la genèse d’un conflit qui devait de toute manière éclater, eu égard aux positions des deux camps : d’un côté, le Hamas, mouvement religieux sans réel agenda politique considérant qu’il devait, par tous les moyens à sa disposition, libérer une terre qu’il considère comme la sienne et, de l’autre, l’Etat d’Israël qui ne pouvait rester inerte devant les attaques menées contre sur le sud de son territoire.
LA PAIX AU BOUT DU TUNNEL ?
L’épisode sanglant qui s’achève sur le territoire de Gaza pourrait bien être le dernier opposant les Israéliens aux Palestiniens. Ne revenons pas sur la genèse d’un conflit qui devait de toute manière éclater, eu égard aux positions des deux camps : d’un côté, le Hamas, mouvement religieux sans réel agenda politique considérant qu’il devait, par tous les moyens à sa disposition, libérer une terre qu’il considère comme la sienne et, de l’autre, l’Etat d’Israël qui ne pouvait rester inerte devant les attaques menées contre sur le sud de son territoire.
Nous ne parviendrons pas à départager les belligérants qui considèrent être chacun dans son bon droit. En réalité, les choses ne sont pas aussi claires, mais il est difficile de faire entendre raison aux uns et aux autres, même si personne ne conteste que la vie dans la ville israélienne de Sdérot n’a jamais été un long fleuve tranquille pendant ces huit dernières années…
Que va-t-il se passer à présent ? On ne ressort jamais le même d’une guerre d’une telle intensité. Il faut, par delà les mots, les rodomontades et les communiqués de victoire, envisager sereinement l’avenir. Et notamment en se posant quelques questions : y a-t-il eu un vainqueur, y a-t-il eu un vaincu ? En d’autres termes est-ce que l’armée israélienne a pleinement atteint ses objectifs dont le principal était de «changer la situation sécuritaire» dans le sud de l’Etat hébreu ? C’est probable si l’on considère la violence des coups portés à l’adversaire et surtout le changement de mentalité qui semble s’opérer progressivement dans les rangs du Hamas. En revanche, le grand vaincu de toute l’opération, c’est le camp de la paix.
Est-ce excessif de dire qu’aucun Etat souverain ne peut subir, sans réagir, des bombardements incessants ? N’est-ce pas le rôle de tout gouvernement de protéger ses citoyens et de veiller à la sécurité de ses frontières ? Le Hamas qui opère lentement quelques changements, n’a-t-il pas commis une grave erreur en se laissant entraîner par une rhétorique guerrière, aussi inutile que dangereuse ? On peut se poser la question et c’est d’ailleurs ce que firent les membres de la Ligue Arabe qui n’ont pas pu se mettre d’accord au point d’avoir même renoncé à se réunir de nouveau…
En écoutant le discours du chef du Hamas à Gaza, on pouvait distinguer, entre les lignes, un net changement d’attitude qui n’est pas encore annonciateur de paix mais laisse tout de même augurer une meilleure intelligence de la situation et une autre façon d’appréhender l’avenir : trois interminables semaines passées dans des bunkers souterrains à entendre le grondement du canon et l’explosion tout proche de bombes vous change obligatoirement. C’est le sens de la phrase du discours télévisé de M. Haniyé : le cessez-le-feu est une décision sage et raisonnable…
La rapidité avec laquelle l’armée d’Israël s’est retirée de la bande de Gaza et l’arrêt total des hostilités doivent certainement beaucoup à l’arrivée du nouveau locataire de la Maison Blanche ; mais ils renseignent aussi sur ce qui va se passer . A savoir d’incontournables pourparlers de paix entre les parties belligérantes.
Un aspect assez étrange a marqué ces trois semaines de guerre : le rôle de figurant occupé par les Palestiniens de Ramallah et leur chef M. Mahmoud Abbas. Même au sein du forum arabe, les Palestiniens ont joué les seconds rôles avec une touchante application… Ils étaient dans une situation inconfortable : pouvaient-ils accepter de reprendre le pouvoir à Gaza dans les fourgons de l’armée israélienne ? C’eût été impensable, même si l’idée a refait surface sous une forme diplomatique, notamment en proposant un gouvernement d’union nationale au Hamas et la poursuite des pourparlers de paix.
Cette proposition, jointe à l’initiative franco-égyptienne dont le spiritus rector n’est autre que l’infatigable président français Nicolas Sarkozy, est une chance à saisir absolument. Elle est en mesure de permettre une transition en souplesse vers un règlement pacifique qui rendra inutile toute nouvelle confrontation armée. Le Hamas pourrait en profiter pour revoir, à terme, sa charte et user de sa grande ingéniosité exégétique pour y parvenir sans trop de heurts. Les dernières déclarations du commissaire européen Louis Michel devraient l’y inciter fortement
Enfin, Nicolas Sarkozy qui a décidé les Européens à agir rapidement en passant dans la même journée de Charm el-Cheikh à Tel Aviv, est fondé à dire qu’il faut une paix définitive dans la région dès cette année 2009. C’est aussi l’opinion du président Obama. Il a raison de battre le fer tant qu’il est chaud. Cela fait penser à l’action de l’ancien Secrétaire d’Etat Henry Kissinger qui réussit sa fameuse «percée conceptuelle» en desserrant l’étau autour de la IIIe armée égyptienne, jadis prise au piège par Ariel Sharon. Cela ouvrit la voie à la visite du président Sadate à Jérusalem et à la paix avec le plus grand pays arabe… Ce n’est pas un hasard si le président Sarkozy a choisi de s’adosser à ce pays plutôt qu’à un autre de la région.
N’oublions pas la fameuse phrase du grand théoricien de la guerre von Clausewitz : les conflits ne naissent pas de la volonté des hommes mais de la rupture d’équilibre. Restaurons les équilibres et la situation redeviendra gérable. Au fond, en détruisant les tunnels qui servaient à la contrebande d’armes, Israël en a peut être ouvert un nouveau, celui où s’engouffrera la paix.