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LA PRESSE ET L’ARGENT

LA PRESSE ET L’ARGENT
Dans tous les pays évolués, le problème d’une presse libre et pluraliste se pose. Avec une certaine acuité depuis la crise et ses tourments mais aussi depuis que le numérique constitue une redoutable concurrence. De moins en moins de gens achètent les quotidiens ou les hebdomadaires car ils trouvent chaque matin dans leur courrier électronique des mèls résumant dès l’aurore les grands titres de la presse mondiale. D’autres peuvent consulter, chez eux et gratuitement, toute la presse depuis le Herald Tribune jusqu'aux Yediot Aharonot en passant par tous les journaux américains… Enfin, ce qui dessert le plus la presse, c’est la mauvaise qualité des articles, la grand médiocrité d’un grand nombre de journalistes. Ces derniers n’en sont pas toujours responsables car on les contraint à réagir sur le champ, sans même prendre le temps de la réflexion. C’est pourquoi tant de journaux donnent dans l’à peu près et l’imprécision.

 

LA PRESSE ET L’ARGENT
Dans tous les pays évolués, le problème d’une presse libre et pluraliste se pose. Avec une certaine acuité depuis la crise et ses tourments mais aussi depuis que le numérique constitue une redoutable concurrence. De moins en moins de gens achètent les quotidiens ou les hebdomadaires car ils trouvent chaque matin dans leur courrier électronique des mèls résumant dès l’aurore les grands titres de la presse mondiale. D’autres peuvent consulter, chez eux et gratuitement, toute la presse depuis le Herald Tribune jusqu'aux Yediot Aharonot en passant par tous les journaux américains… Enfin, ce qui dessert le plus la presse, c’est la mauvaise qualité des articles, la grand médiocrité d’un grand nombre de journalistes. Ces derniers n’en sont pas toujours responsables car on les contraint à réagir sur le champ, sans même prendre le temps de la réflexion. C’est pourquoi tant de journaux donnent dans l’à peu près et l’imprécision.
Cependant, une presse libre et pluraliste, depuis l’Humanité jusqu'au Figaro est nécessaire à la vie démocratique d’un pays. Où trouver l’argent qui fait si cruellement défaut ? L’Etat doit-il intervenir ? C’est ce qui se passe déjà et de différentes manières. Il y a les exonérations fiscales accordées aux journaux eux-mêmes et aux journalistes. L’acquisition d’une carte de presse exonère de tant d’impôts. Il y a aussi, mais c’est discret, ce que l’on nomme le casuel. Et il y a aussi les avantages postaux : les journaux sont convoyés à des prix battant toute concurrence.
Depuis le mois de janvier, on a assisté aux états généraux de la presse où l’Etat français s’est engagé à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros. Est-ce une bonne chose ? En d’autres termes, n’est-ce pas une alliance contre-nature ? Si l’Etat se met à donner de l’argent public à des entreprises privées comme les organes de presse ne court-on pas le risque de voir se développer une presse devenue véritable service public, un mal préocupant dont la France est gravement affectée depuis 1945 ?
Cette méthode a ses partisans et ses adversaires.  Il faut aider la presse à survivre mais il convient aussi que la presse s’aide elle-même… Par exemple : avons nous besoin d’une presse à scandale ? Avons nous besoin d’une presse qui monte en épingle les faits divers ? Avons nous besoin d’une presse tout axée sur de la publicité ? Ces journaux là ne doivent compter que sur leurs propres forces et n’ont guère à émarger aux fonds publics. Il y a aussi la médiocrité des articles et l’absence chronique d’analyses approfondies que seuls des spécialistes sont capables de fournir. C’est-à-dire que les grands journaux ne doivent pas hésiter à constituer des pools d’éditorialistes associés qui interviennent avec compétence sur tel ou tel autre sujet. Au lieu de laisser la plume à des gens qui ne connaissent pas à fond ces questions. L’auteur de ces lignes a l’honneur d’intervenir régulièrement aux côtés de Monsieur Pascal Décaillet sur Genève à chaud (Léman bleu) et Radio-cité.
Reste, pour finir, ce qui me paraît le défi le plus préoccupant pour la presse traditionnelle, écrite, orale ou télévisuelle : l’internet et ses forums de discussions. De plus en plis de gens prennent la parole, réagissent et contestent la parole des journalistes alors qu’il ne pouvaient pas le faire précédemment en raison des dimensions chétives du fameux courrier des lecteurs. Aujourd’hui, vous pouvez publier sur l’internet des pages et des pages et recevoir autant de réactions, si nombreuses parfois qu’il vous est impossible de tout lire et encore plus d’y répondre…
Alors, que faire ? Je pense que l’Etat doit aider sur certains points la presse car nous en avons besoin. Je pense aussi que des fondations, créées par des mécènes privés peuvent soutenir des journaux. Cela créera du népotisme. Mais n’existe-t-il pas déjà ?
Pour reprendre l’expression du philosophe Jürgen Habermas de Heidelberg, la presse arrive à son temps axial, à sa Achsenzeit. A la croisée des chemins. De la direction prise dépendra le degré de vie démocratique de nos sociétés. Il est loin le temps où Hegel affirmait que la lecture des journaux constituait le temps sacré de ses prières quotidiennes.

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