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LA FRANCE, MALADE DE SES ÉMIGRÉS ?

LA FRANCE, MALADE DE SES ÉMIGRÉS ?

Devant le spectacle à la fois désolant et pathétique qu’offre depuis quelques jours l’équipe de France de foot-ball, certains philosophes se sont demandés si cette débâcle, ce craquement grave, ne préfigurait pas, à l’échelle d’une équipe, les tensions voire le divorce, qui caractériseraient la société française dans totalité. Car depuis trois bonnes journées, on ne parle même pas des piètres performances de cette équipe hexagonale mais de son indiscipline, de ses frasques présentes ou passées, et surtout de sa mutinerie…

Le malaise est si profond, son acuité si criante, que l’on se demande pour quelles raisons on a charitablement jeté le manteau de Noé sur de tels dysfonctionnements qui ont fini par éclater au grand jour. Pourquoi donc une simple cacophonie au sein d’une équipe de foot ball, somme toute ordinaire, même si elle prétend représenter la France, a-t-elle pris de telles proportions au point que les plus hautes autorités de l’Etat ont dû s’en mêler et appeler les uns et les autres à un peu de retenue

On nous dit que tels échanges, comme celui, supposé, entre un joueur et l’entraîneur, sont monnaie courante dans les vestiaires de grandes équipes, qu’on se trouve entre hommes et que cela n’écarte pas nécessairement l’estime et l’amitié viriles… Mais cette explication ne justifie pas du tout la nature de certaines réactions qui mirent en cause la composition même de cette équipe de France, ni que le seul ministre, dûment interrogé sur cette épineuse question, soit celui de l’immigration, de l’intégration et de … l’identité nationale. Le ministre a d’ailleurs intelligemment flairé le danger en s’empressant de souligner, avant même d’apporter des réponses aux questions, qu’il intervenait en tant qu’amateur de foot ball et qu’il ne fallait pas transposer les tensions au sein d’un groupe (ethniques, raciales ou religieuses) au plan de la société française dans son ensemble. C’est possible et peut-être même vraisemblable, mais le mal est fait car le soupçon s’est installé dans les esprits.

Comment le savons nous ? En écoutant les réponses des Français, de l’homme moyen, interrogé dans la rue et sur les terrasses des cafés. Les réponses, même évasives, fustigent l’irrespect dont ces hommes ont fait preuve à l’égard de la nation, du drapeau et du maillot qu’ils portent… Certains commentaires de journalistes sportifs, voire d’anciens entraîneurs et de publicitaires, ont clairement mis l’accent sur les divergences ethniques et religieuses qui auraient été le facteur déclenchant.

On a même entendu des comparaisons soulignant le contraste entre la situation calamiteuse et honteuse d’aujourd’hui, et l’épopée de 1998 lorsqu’une France pluriethnique et pluriconfessionnelle avait démontré à la face du monde, sur un simple terrain de jeu, son unité, son harmonie et sa foi en un avenir d’où nul n’était exclu : tous unis autour d’un même hymne national, d’un même drapeau et fiers de porter le même maillot…

Aujourd’hui, les temps ont changé. Comment explique une si brutale mutation ? Laissons de côté l’inconscience d’avoir confié à un homme sur le départ, contesté par ses propres joueurs, le soin de les mener à une coupe du monde ; ne tenons pas compte, non plus, d’instances nationales, victimes du leurre de soi-même.. Ce que on doit relever, c’est que personne, absolument personne n’a dit au sein de cette fameuse équipe qu’on ne pouvait pas faire cela à la France et aux Français.

Mais il y a aussi l’exemplarité d’hommes dont la qualité majeure est, à moins que tout ne trompe, leur seule aptitude à bien se mouvoir sur un terrain de foot ball. Ce n’est pas rien car cela n’est pas donné à tout le monde et présuppose une certaine forme d’intelligence ; cependant, il y a tout le reste qui a été généralement oublié. C’est bien d’avoir de grandes qualités sportives, mais il faut aussi des qualités proprement humaines, des vertus éthiques que l’on peut donner en exemple aux jeunes. Ce qui frappait le plus dans cette gigantesque bévue n’est autre que la profonde déception des enfants, amoureux du foot ball et qui faisaient de ces joueurs leurs modèles. Ils doivent désormais déchanter. Et ce dommage est tout aussi incommensurable que l’affront fait à l’ensemble du pays.

Enfin, la constitution de cette équipe souligne la part accordée à l’intégration dans la société française contemporaine. Le sport rassemble et unit des hommes d’origine et de condition différentes qui s’affrontent dans l’estime réciproque et le respect des règles.

Cette absence de dignité conduit à se poser des questions angoissantes sur l’avenir sociologique de la France.

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