La politique et l’argent : des relations incestueuses ?
Depuis que le monde est monde, les hommes ont dû placer à la tête de leur cité des dirigeants censés administrer leurs affaires. Même dans la Bible hébraïque ou dans la Grèce antique, cela n’a jamais été chose facile. Dans la Bible, Dieu demande à Moïse de choisir des hommes intègres, incorruptibles (son’é batsa’), aptes à discerner sans difficulté l’intérêt général et à le dissocier de leur intérêt personnel. Dans la Grèce antique, il suffit de s’en référer aux Lois et à la République de Platon, sans même parler de l’Ethique à Nicomaque d’Aristote.
C’est bien quand il s’agit de placer une théorie et de faire une petitio principii. Mais qu’en est-il dans la réalité ?
Les dirigeants sont l’épine dorsale des élites, qu’il s’agisse d’une élite légitime, dotée de solides moyens intellectuels ou, au contraire, d’une élite auto-proclamée. Or, pensez vous que l’on se hisse au sommet d’un Etat ou à la tête d’une cité avec ses simples vertus ou mérites personnels ? Ce serait une douce illusion que de le croire…
Comment voulez vous financer une campagne électorale, une confrontation avec d’autres partis politiques lorsque celui auquel vous adhérez a besoin d’argent et d’influence ? Comment faire pour la location des salles, la protection des meetings électoraux, les affiches, les passages à la télévision, les articles dans les journaux, les distributions de tracts dans les boîtes à lettres, les déplacements, les repas, les salaires des permanents ? Et la liste ici fournie n’est pas exhaustive…
Il faut donc des moyens, en d’autres termes, on n’ attrape pas des mouches avec du vinaigre… Une certaine relation avec les puissances d’argent s’impose d’elle-même. Mais il faut la réglementer.
Pour obvier aux abus les plus criants mais désormais anciens, on a voté des lois pour le financement des partis politiques. Mais il reste tout de même ce cordon ombilical entre les puissances d’argent, le monde de l’industrie, de la finance et de la bourse, d’une part, et le pouvoir politique, d’autre part. Faut-il le trancher ? Cela me semble irréaliste et impraticable à la fois…
Il ne faut pas s’attendre à ce qu’un pouvoir nomme, pour le servir à des postes clés, des hommes qui adhèrent à d’autres idéaux que les siens. Nous ne sommes pas au paradis ni dans la fiction. Nous sommes sur terre avec des êtres dirigés plus par leurs passions et leurs désirs que par la sagesse et des idéaux désincarnés.
J’ai toujours été frappé par les remarques de l’ancienne Chine maoïste à propos des campagnes présidentielles aux USA. Le quotidien du peuple parlait alors de la «farce électorale américaine»… C’était une allusion méchante aux dépenses publicitaires censées animer la campagne électorale des candidats…
Mais existe-t-il une autre voie ? J’en doute. Même les pouvoirs les plus vertueux nomment leurs amis, favorisent ceux qui partagent leurs idées, croient aux mêmes idéaux.
Pourtant, chaque jour qui passe révèle de manière plus criante encore les limites d’un tel système : faudra-t-il arriver un jour à un gouvernement de juges ? Mais même les magistrats aujourd’hui ne font plus mystère de leurs préférences politiques et tentent de rejoindre des partis politiques pour devenir députés, sénateurs, conseillers régionaux, cantonaux etc… Faut-il le leur reprocher ?
Alors, comment faire ? Comme on ne peut pas changer la nature humain, il faut agir sur le système : limiter le nombre de mandats et les mandatures. Pour éviter la constitution d’un système, d’une camarilla, (les Allemands parlent eux, d’une cordée : Sailschaft), il faut imposer une sorte de turn over ou de tourniquet : Vous ferez deux mandatures comme député ou sénateur, deux mandatures comme président de la République. Après, vous repartez dans votre corps d’origine ou votre ancienne profession.
Cela nous remet au contact de la vie réelle, celle de tous les jours.
Si vous voyez une autre solution, dites le nous. Merci par avance.