La contestation dans le monde arabe : une chance pour l’islam ?
Décidément, on va finir par en perdre la raison ! Chaque matin que D- fait, il y a de nouveaux troubles dans le monde arabo-musulman. Partout, c’est le même appel à plus de démocratie (dans la mesure où elle y existait déjà), à moins de corruption et au respect de la dignité et des droits de l’homme (hukouk al-insane).
C’est en entendant les dépêches des journalistes que l’on prend vraiment conscience des anomalies et des dysfonctionnements qui plaçaient ce monde islamique en dehors des chemins de la démocratie et du développement. Mais une énigme subsiste, cependant : comment a-t-on pu bâillonner, écraser pendant des décennies des pays entiers, ériger les forces armées en un unique corps organisé de tous ces pays et noyer dans le sang la moindre contestation.
Je refuse, pour ma part, les explications qui dressent le constat d’une incompatibilité totale entre cette civilisation là et les valeurs démocratiques grecques ou judéo-chrétiennes.
Nous avons tous relevé un fait marquant et clivant : aucune de ces révolutions arabes n’a manifesté le moindre désir des valeurs islamistes ; au contraire, tous les manifestants ont tourné le dos aux valeurs de la régression et de l’arriérisme, appelant de leurs vœux ardents la renaissance de la démocratie.
Qui aurait prédit, il y a tout juste une semaine ou deux que même la Libye serait contaminée par le vent de la contestation ? Qui aurait misé sur des troubles à Bahrein ? Et qui sur deux dictatures solides comme la Syrie et l’Iran ?
Ce dernier pays a subi un certain nombre de déconvenues dont on parle peu mais signent l’affaiblissement intérieur de son régime…
Tout d’abord, il y a eu cette cyber agression qui a stoppé net le fonctionnement de milliers de centrifugeuses, relatardant d’autant l’avancée du programme nucléaire iranien. Ensuite, il y eut cette mystérieuse explosion de l’unique site de missiles balistiques, privant ce pays de toute capacité de riposte en cas d’attaque.
Mais le plus grave, ce sont les ferments de la discorde au sein même du régime puisque le Guide suprême invite ses partisans à lui manifester bruyamment son soutien, au lieu d’appeler à l’unité nationale et à la réconciliation. Même le président Ahaninedjad ne cache plus à la télévision l’importance ni la virulence de cette opposition.
Mais ce vent de l’histoire qui balaie les tyrans (zemir ‘aritsim) peut aussi avoir des retombées positives : en l’occurrence l’émergence d’un islam libéral d’Europe. Un islam en paix avec les autres et en accord avec la laïcité.
Un élément important du dernier discours du président Sarkozy est passé inaperçu : la place de l’islam dans notre société. L’UMP se prépare à en parler car elle ne veut pas que le FN s’empare de ce sujet délicat qui fait grimper Marine Le Pen dans les sondages…
Il faut rester optimiste car en se réveillant les foules arabes ont montré qu’elles pouvaient aspirer aux même idéaux que la majorité des habitants de cette planète : la paix et la fraternité.