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Venise, Venise, Venise : le vieux Ghetto (III)

Venise, Venise, Venise : le vieux Ghetto (III)

Dès notre arrivée, je trouve au D-i un message de mon grand ami véitien, le célèbre écrivain Ricardo Calimani, qui nous invite à visiter le palais vénitien où il habite. Quand nous arrivons chez lui, nous sommes éblouis par ces palais dont la façade n’et pas imposante et ne laisserait jamais deviner que de telles richesses se cachent derrière.

Après la visite, D- qui a l’œil a tout, repère un petit restaurant juif où els tables sont posées près du canal. Nous nous approchons et découvrons qu’il s’agit bien d’un restaurant israélien mais qui est aussi cacher. Nous nous installons et une charmante jeune fille vient prendre la commande. Je note son accent en français qui n’est pas vraiment parisien mais dont la langue est châtiée.

Quand elle revient avec les plats commandés, ma femme lui demande où elle a appris le français ; elle répond à Genève ! Je lui dis que j’ai enseigné à la faculté de lettres durant près de dix ans. Son visage s’illumine, elle dit qu’elle doit travailler pour financer ses études et qu’elle compte revenir dans la ville de Calvin pour devenir traductrice en polonais, français, espagnol et italien. Remarquable ! Le monde est si petit.

Elle nous indique que le vieux Ghetto est très proche. Nous nous y redons et soudain je me souviens de mon auteur judéo-italien, Eliya Delmedigo (le Hellias Cretensis des Latins), le maître d’hébreu de Jean Pic comte de la Mirandole, le protégé du cardinal Frederico Grimani etc… Ce grand philosophe du début de la Renaissance, a vécu un certain temps à Venise. Il a arpenté les mêmes rues. J’avais traduit en 1992 son œuvre majeure, L’examen de la religion (Behinat ha-Dat), parue aux éditions du Cerf…

Marcher sur les traces d’un tel homme illustre, mort à Candie en 1493, plus d’un demi millénaire après coup.

Sur la grande place du vieux Ghetto, il y a une guérité occupée par une escouade de carabiniers lourdement armés. On aperçoit des jeunes hassidim de tendance habad (hochma, bina, da’at)

Quel étrange peuple, chassé de partout mais revient toujours sur les lieux où il a vécu.

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