Syrie, l’impasse
Vu hier en début de soirée sur la scène al-Arabiya. Le congrès des opposants syriens à Bachar el Assad qui se tenait dans la ville tuque de Antalya. Un journaliste demande à un représentant des Frères Musulmans ce qu’il pense du projet d’amnistie générale offerte par el-Assad à tous les opposants. L’opposant répond que ce ne sont les Frères qui requièrent une amnistie, mais el-Assad qui tue des femmes, des vieillards et des enfats. Et quand le même journaliste demande à cet homme ce qu’il attend, il répond : nous attendons ce que demande le peuple, c’est-à-dire la chute du régime (soqqout al-niddam)… Voilà au moins qui est clair et net.
Les défauts graves et les dysfonctionnements de plus en plus aigus du régime syrien ne remontent pas à hier ni à avant hier. C’est presque de famille : il suffit de se souvenir des massacres commis par le père et l’oncle de l’actuel président au milieu des années 89… Mais à l’époque, nulle trace visible sur les téléphones portables du monde entier ni sur les réseaux sociaux qui portent en quelques secondes les nouvelles d’un bout à l’autre de notre monde. Or, la répression d’Assad a déjà la vie à plus de 1100 personnes. Plus de 15000 ont été arrêtées. Par ailleurs, le G8 de Deauville s’est livré à un troc assez inimaginable : pour prix de son ralliement à la croisade anti-libyenne, la Russie a évité une condamnation de son allié syrien… C’est moralement condamnable mais c’est ainsi… Espérons qu’avec le temps, les Russes évolueront aussi sur ce point.
Mais le problème demeure : l’actuelle direction syrienne n’a pas d’autre alternative à la répression, laquelle ne donne rien, sinon de nouvelles victimes. Et on voit que la pays ressemble à un bateau ivre, sans capitaine tenant fermement la barre. Il semble même que les jours d’Assad soient comptés tant la direction de l’armée n’a vraiment pas perdu la main !
Pendant des années, les gouvernements les plus respectables ont stigmatisé l’intransigeance, réelle ou supposée, des dirigeants israéliens les mettant en demeure de négocier avec la Syrie dont chacun connaissait déjà la nature mafieuse et terroriste du régime. Aujourd’hui, cette vérité éclate au grand jour : même les Libanais qui se réjouissent de ce retour de situation, un véritable revers de fortune touchant le régime de Damas qui, rappelons le, opprimé son petit voisin libanais trois décennies durant…
Une dernière illustration : le Pr Obama a eu besoin d’au moins trois bonnes années de tâtonnement pour comprendre, lui et ses équipes démocrates que l’on ne pouvait changer les choses par le verbe pacifique et la négociation dans cette région du monde. Qui parle encore aujourd’hui du soft leadership, d’une direction douce et pacifique pour changer l’ordre mondial et rendre aux différents peuples leur souveraineté ? Plus personne !
Finalement, lorsque les Républicains, qu’on les aime ou les déteste, reviendront au pouvoir, les USA retrouveront leur lustre d’antan.
Quand on est puissant, on a des responsabilités. Et on se fait respecter.