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L’étonnant (et decevant) discours du président Assad

L’étonnant (et decevant) discours du président Assad

 

Suivi sur France 24 ce matin, le commentaire et l’analyse de l’allocution du président syrien devant un public acquis à l’université de Damas. Visiblement amaigri et fatigué par plus de quatre mois de manifestations et de sanglantes répressions, le président syrien n’a rien apporté de nouveau : son discours n’était pas à la hauteur de la gravité de la situation ni au niveau d’attente de ses concitoyens. Parler d’organiser d’abord des élections législatives en août et placer des réformes après, une telle attitude ne pouvait qu’encourager les manifestants et les opposants. La situation va hélas empirer en Syrie et les pronostics d’Ehoud Barak, très bien enseigné sur ce qui se passe en Syrie, sont en passe d’être vérifiés : le régime vit ses derniers instants. Hélas, il ne partira pas comme ça, sana faire de nouveaux morts, de nouveaux blessés, de nouveaux orphelins.

Les Arabes ont mis des décennies à se réveiller, mais une fois les yeux ouverts, ils sont devenus inflexibles. Ils ne croient plus aux sornettes qu’on leur a débitées durant des années. Ils exigent de reprendre en main leur destin et leur avenir et ils ont bien raison. Au fond, c’est un monde nouveau qui apparaît, même si certaines erreurs se reproduisent, par exemple l’incroyable condamnation de l’ex président Ben Ali et de son épouse à 35 ans d’emprisonnement et à 45 millions d’Euros d’amende, en quelques heures. Même si ce couple est criminel, la justice rendue est trop expéditive et laisse fortement à désirer. Nous redoutons que se produise la même chose sur les bords du Nil. On a l’impression que le tribunal qui a jugé les Ben Ali a jugé comme il le faisait du temps des… Ben Ali. Et c’est regrettable, d’ailleurs, les Tunisiens ont largement exprimé leur frustration.

Mais revenons à la Syrie. Un rapprochement spectaculaire est en marche entre les Turcs et les USA. Hier soir, M. Erdogan a longuement parlé avec le Pr Obama sur la situation chez le voisin syrien. Certes, il y a une place à prendre et le Turc n’a pas mis de côté ses ambitions régionales, mais on ne peut contester le bien fondé et la justesse de ses analyses et de ses actions. Il accueille les réfugiés, dénonce la barbarie de la répression et exhorte le tyran voisin à un peu d’humanité. Le président turc Abdullah Güll a lui aussi dialogué sur ce même sujet avec le président US. La Syrie d’Assad n’a plus que deux alliés ; l’Iran et le Hezbollah (dont on a apprend hier lors d’une émission de télévision qu’il se livrerait à des trafics d’objets d’art exfiltrés d’Irak…)

Au fond, nous n’avions jamais pensé que le Proche Orient changerait du tout au tout par un tel processus, la décomposition, l’implosion des régimes autoritaires arabes sous les coups répétés de leurs administrés, excédés par tant d’années de tyrannie et de frustrations. On peut aussi dire que l’exemple de la démocratie israélienne a peut-être servi d’exemple, bien au-delà des frontières. Après tout, tant de Palestiniens vivent à proximité de cette démocratie, ils écoutent les émissions en hébreu et en arabe et ne peuvent demeurer indifférents.

La roue de l’Histoire est en marche, mais qui influe sur son cours ? Tout rationaliste que je sois, je ne puis m’empêcher de penser qu’il existe parfois (peut-être) une force ou un esprit qui guide le devenir dans un sens plutôt que dans un autre. Espérons avec Hegel que ce gigantesque réel en devenir qu’est l’Histoire universelle, aille enfin dans la bonne direction.

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