A propos de la lettre ouverte de Psacal Décaillet à Me Joly
On ne présente plus mon ami Pascal DECAILLET au public genevois de la TDG ni même, plus généralement, aux lecteurs de journaux de toute la confédération helvétique. Son émission quotidienne Genève à chaud est très suivie de même que ses articles et ses blogs sont lus, attendus et parfois même redoutés. J’évoque avec bonheur le souvenir de mes si nombreux passages à Radio Cité où il m’interviewait régulièrement par téléphone depuis Genève.
Pascal est un homme affable, courtois et même en cas de désaccord, il en fait part fermement mais toujours très poliment. Je l’ai vu agir à Genève en attendant mon tour d’être interviewé.
Sa lettre ouverte à Eva JOLY justifie tout à fait ce jugement de sagacité et de pondération. Je trouve, cependant, qu’il est trop indulgent envers une personne, qu’il faut, certes, respecter (cela va sans dire) mais qui a souvent la dent dure contre ses adversaires, voire même contre certains de ses «amis».
Mais passons, car ce n’est pas le sujet… Même si j’ai des raisons de redouter que l’on parle des naturalisés, étant moi-même le fils d’un ancien intendant des armées, naturalisé français, je trouve que le Premier Ministre François Fillon a bien réagi. En disant que Me Joly ne connaissait pas bien la sensibilité française, ni cette proximité si forte à notre unique fête nationale, l’abolition des privilèges, la prise de la Bastille, etc…, le Premier Ministre a dénoncé ce qui lui paraît être une carence, il n’a pas soulevé d’indignité, en d’autres termes, en aucun cas, il n’a laissé entendre, ni même sous entendre que cette dame ne méritait pas cette nationalité qu’elle a choisie et obtenue. Il n’a pas non plus dit qu’elle ne méritait pas d’être française… Ce sont certains commentateurs, pas toujours amis de la Vérité, qui ont singulièrement tiré ses propos vers des rivages que M. Fillon ne fréquente jamais…
Cependant, Pascal a raison de faire valoir (trop gentiment, à mon gré) à Me Koly qu’on ne fait pas de telles déclarations un jour ou deux jours après le sacrifice de nos cinq soldats en Afghanistan. Et j’ajoute dans le même souffle que cette dame n’y est pour rien. Cependant, le moins qu’on puisse dire est qu’elle manque un peu de jugement politique.
Mais il y a plus. Chaque observateur un tantinet sensé aurait conseillé à une candidate à la présidence de la République de s’abstenir d’une telle ânerie (révérence gardée). Et d’ailleurs, il suffit de voir qui la soutient pour s’en convaincre.
De l’humour, enfin : je propose respectueusement à M. Sarkozy d’inviter Madame Joly à la tribune d’honneur l’an prochain à l’occasion du défilé militaire, un défilé qui met les armes de la France au service de la paix et des plus nobles causes.
Que seraient devenus les habitants d’Abidjan sans l’armée française qui y a combattu pour faire prévaloir le droit ? Que seraient devenus les habitants de Benghazi si l’armée française n’avait pas, à elle seule, entamé les bombardements ?
Quand j’étais jeune, mon père me rappelait un adage du Talmud recommandant fermement de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de l’ouvrir… Mais vous n’êtes pas obligé de me croire car moi, au moins, j’ai le sens des proportions, je ne me présente pas à la présidence de la République.
Maurice-Ruben HAYOUN
Tribune de Genève
Le 16 juillet 2011