Le Premier Ministre turc récidive
Nos lecteurs ne seront pas surpris si l’on revient sur le cas de M. Erdogan qui n’a vraiment pas grand chose à faire ces derniers temps sinon donner des leçons à la terre entière. Mais sa cible de prédilection est, depuis quelques mois, l’Etat d’Israël, et depuis peu, la Syrie, jadis son alliée avec l’Iran. Le Turc fait mine de croire, à la face du monde, qu’il découvre tout juste la vraie nature du régime en place à Damas. Lequel refuse obstinément de suivre ses conseils de modération, pourtant frappés au coin du bon sens.
Tous les observateurs s’accordent à dire que la Turquie est dans une impasse et que son vrai problème est l’adhésion à l’Europe laquelle ne veut pas l’admettre en son sein pour de multiples raisons déjà exposées maintes fois. La France a placé le verrou du referendum, l’Allemagne considère que le quartier du Kreuzberg à Berlin lui suffit et qu’il n’est pas question d’en multiplier le nombre, quant aux autres petits de l’UE, ils ne paraissent pas désireux de favoriser cette adhésion. C’est donc la ville de Jérico biblique : fermée à double tour.
Devant un tel échec, si patent, que fait le P.M. turc ? Il vibrionne, effectue une tournée très médiatisée des capitales arabes qui ont fait leur révolution et au Caire, hier, il s’est rendu au siège de la Ligue Arabe pour réciter un vibrant plaidoyer en faveur de la création d’un Etat palestinien. Discours qui a beaucoup plu à ses auditeurs mais qui ne sont pas dupes car ils ont entendu parler d’un veto américian au Conseil de Sécurité : les Arabes, jadis, ont mis des siècles à se libérer du joug ottoman ce n’est donc pas pour accepter en 2011 l’hégémonie ou la domination d’un PM turc, islamiste de surcroît…
N’écoutant que son enthousiasme, assez dépourvu de discernement, M. Erdogan a d’abord fulminé contre Israël, épargné par le rapport de l’ONU, et pour faire bonne mesure, contre la Syrie d’Assad qu’il a voué aux gémonies. Ses auditeurs l’ont poliment applaudi. On se trouve en effet en Egypte, dans un pays qui a fait un coup d’Etat militaire et qui va peut-être en arriver aux mêmes extrémités… Mais le P.M. turc ne s’en tient pas là, il va à Tunis et ensuite à Tripoli, montrer que la Turquie étend son influence.
Pourquoi, me direz vous, fait-il cette tournée ? En fait, il veut montrer à l’Europe chrétienne qui ne veut pas de lui qu’il peut jouer un rôle d’intermédiaire entre l’Occident et le monde arabo-musulman. Mais sommes nous sûrs que les Arabes voudront être représentés par les Turcs ?
C’est cette vérité têtue qui rend M. Erdogan agressif envers Israël, croyant, naïvement, que c’est la seule porte d’entrée dans ce monde arabe qu’il convoite et qu’il sent partagé, divisé et traversé de graves secousses politiques.
Rendez vous compte, il a même prétendu qu’il allait renforcer la présence de la marine de guerre turque en méditerranée ! Je crois que la VIe flotte en tremble déjà.
La Turquie devrait revenir à sa politique d’antan, à ses vraies dimensions et abandonner ses rêves de grandeur. Cesser les gesticulations. Elle devrait se démocratiser davantage, comme elle a commencé à le faire et tenter d’accroître son PIB. Voilà un objectif louable et pacifique.
Elle oublie apparemment que sans les drones d’un certain petit pays elle ne pourrait même pas repérer ses ennemis kurdes dans les montagnes…
Alors plus de patience et un peu plus de sagesse…