QUE VA DEVENIR L’EGYPTE ?
L’irréparable s’est peut-être produit hier et avant-hier en Egypte, lorsque des éléments de la police militaire et de l’armée tout court ont violemment réprimé les manifestants de la fameuse Place Tahrir. La situation est complexe et il convient de l’analyser sans idée préconçue ni esprit partisan.
Les militaires ont le droit, voire l’obligation d’assurer la stabilité et la sécurité de leur pays. Ils ont l’obligation de remettre le pays au travail, de lui assurer un bel avenir et de le réintégrer dans le concert des nations démocratiques.
De leur côté, les manifestants, ceux qui se battent pour la démocratie et la liberté retrouvées, ont le droit d’empêcher quiconque de confisquer leur révolution ou de faire main basse sur le pays qui respire enfin l’air de la liberté. La plupart des revendications des gens sont justifiées mais ce sont les moyens mis en œuvre qui le sont moins et mettent en péril la sécurité des gens…
Nous sommes donc en présence de deux volontés contradictoires mais qui ne sont pas inconciliables. Une bonne partie de la population souhaite le rétablissement de la stabilité et le retour au calme. Ces gens ne veulent pas vivre dans la révolution permanente, ils savent que l’Egypte est à la dérive économiquement parlant et qu’il faut tout mettre en œuvre pour que le marasme économique ne se surajoute point à la dérive politique.
Toutefois, la question posée par la rue et demeurée sans réponse, à ce jour, est au cœur du problème : sur la base de quelle légitimité, l’armée conservera-t-elle le pouvoir jusqu’en juillet 2012 ? Les militants s’opposent aux militaires sur ce point. Pour les premiers, l’armée doit obéir au peuple et protéger ls frontières, pour les seconds, jamais l’Egypte n’a connu un gouvernement autre que celui issu d’un fameux coup d’Etat militaire des officiers libres…
D’un point de vue plus général : peut-on laisser aller à la dérive, un pays de 90 millions d’habitants, le plus étendu et le plus puissant du monde arabo-musulman ? C’est peu probable. En outre, les militaires sont trop impliqués dans la gestion du pays, à tous les niveaux, notamment dans la sphère économique. Comment, alors, assainir la situation sans l’armée ? C’est mission impossible !
Dernier problème : ceux qui veulent tirer les marrons du feu et attendent patiemment dans l’ombre que les adversaires finissent par s’épuiser, tout le monde les connaît. Or, leur arrivée au pouvoir serait désastreuse pour le pays lui-même et pour le reste du monde. Ni les USA, ni l’UE ne le permettront. Pourtant, le peuple égyptien semble s’être exprimé librement.
Je me demande bien ce que l’on peut faire, même en juillet 2012… Pourvu que l’armée ne resserre pas son étau, car dans ce cas…