UN GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE EN FRANCE : AVEC OU SANS MARINE LE PEN ?
La campagne pour l’élection présidentielle semble entrer dans une nouvelle phase. Ce n’est pas encore la grande agitation car les porte avions ne sont pas encore en haute mer, mais on sent que les mouvements sont plus profonds et plus marqués.
Il y a d’abord eu cette idée frappante émanant de François Bayrou sur le Made in France, le consommer français etc… Ce slogan, qui n’est pas inintéressant, a été repris par l’ensemble des candidats, des plus sérieux aux plus marginaux ou fantaisistes. Il semble répondre au danger de désindustrialisation qui frappe la France depuis les dernières années Chirac. Il semble que l’Europe ne se protège pas assez et subit de ce fait la concurrence de pays qui n’ont aucune législation sociale, aucune protection de la main d’œuvre, laquelle s’offre à bas prix et reste taillable et corvéable à merci. Ce qui est loin d’être le cas des travailleurs français, plus occupés que d’autres à faire grève, à occuper les usines et séquestrer même leurs dirigeants…
Ne pensez pas que je reste indifférent aux affres d’une population qui craint de se retrouver au chômage, je comprends fort bien et en appelle à une action de l’Etat, tout en soulignant qu’il ne faut pas tout en attendre.
Parallèlement à cette situation économique des plus inquiétantes, les partis se demandent de plus en plus ouvertement s’il ne conviendrait pas plutôt de construire un gouvernement d’union nationale, puisque aucun parti ne peut, à lui seul, redresser la situation. Je voudrais rappeler que j’avais été le premier à en parler dans notre journal mais que l’idée n’avait eu aucun écho.
Aujourd’hui, on en reparle car la presse s’en est saisie. Mais une question se pose : faudra-t-il y intégrer Marine Le Pen ou quelqu’un d’autre de son parti ? Car, si vous adoptez le principe de l’union nationale, vous ne pourrez pas exclure près de 20% de la population.… D’un autre côté, les grands partis ne vont pas sagement accepter de gouverner avec un FN dont ils dénoncent les outrances et l’extrémisme depuis des décennies. A tort ou à raison, ce n’est pas mon affaire. Mais l’idée est elle simplement réaliste, sans même dire réalisable ?
Voyez vous Marine, à la sortie du conseil des ministres, dire qu’il y a trop d’étrangers en France, que l’on dilapide les prestations sociales, qu’il faut favoriser les Français, que l’immigration est concomitante avec la délinquance, que les banlieues sont des zones de non droit, etc…
Franchement, j’en doute fortement… Et je crois bien que c’est ce fait qui rend impossible la constitution d’un tel gouvernement. Il faudrait alors, pour y parvenir, un strict programme de gouvernement indiquant avec précision ce que les forces politiques entendent faire ensemble, mais aussi ce dont elles ne veulent à aucun prix.
Mais il y a une autre difficulté, c’est que le FN, même séduit, craigne de perdre une partie de sa «pureté idéologique» et refuse de perdre de son crédit en se mêlant à des partis qu’il vilipende depuis des décennies. Souvenez vous la bande des quatre, dénoncée avec force par le président fondateur du FN…
Non, cette voie me paraît impraticable, sauf si les autres partis sont assez adroits pour attirer les plus ambitieux du FN qui rêvent d’accéder au pouvoir, ce qui provoquerait une scission dans ce parti. Un affaiblissement en sortirait immanquablement.
C’est compliqué, la politique. Un homme politique, aujourd’hui entièrement tombé dans l’oubli et qui avait songé jadis à se faire curé, l’avait dit : la politique, ce n’est pas la Loi et les prophètes…