Les regrets de Nicolas Sarkozy
Les grands hommes politiques sont-ils crédibles lorsqu’ils confessent leurs erreurs et leurs fautes ? Seront-ils plus crédibles, plus fiables et plus sincères ? Je ne sais que penser mais je dois bien reconnaître que même dénuée d’arrière-pensées politiques, cette confession du chef de l’Etat ne laisse pas de me surprendre. Et tous ceux qui me lisent dans ce journal depuis plus de cinq ans, savent que je l’ai, à une ou deux exceptions près, toujours très bien traité, non seulement eu égard à ses fonctions éminentes (cf. Ernst Kantorowicz, 1895-1963 et sa thèse des deux corps du roi) mais aussi en raison d’une réelle admiration et d’une grande proximité avec certains de ses plus fidèles lieutenants, encore à ses côtés.
En plus de ses sempiternelles apparitions à la télévision qui en firent le président le plus cathodique de la Ve République, de l’hyper président qui ne laissait pas respirer son Premier Ministre, le qualifiait publiquement de collaborateur avant d’en arriver à une bien meilleure appréciation de la situation, Nicolas avait commis une grave faute d’appréciation concernant son propre fils. Un enfant peut se tromper, un père ne le doit jamais, car il est censé guider son fils. C’est peut-être l’aspect le plus émouvant et le plus sicnère de cette confession publique.
Alors faut-il admettre en sa créance cette petite confession du chef de l’Etat ? Pourquoi pas, à condition qu’il tire les enseignements de ce qu’il qualifie lui-même comme ses propres erreurs, au premier rang desquelles se trouvent certaines nominations. Je ne parle pas ici des nominations à de hautes fonctions, je parle précisément de l’entrée au gouvernement de certaines personnes qui n’auraient jamais dû en faire partie.
Comme il s’agit notamment de deux ou trois dames, et qui plus est, de gens issus de l’immigration, de minorités dites visibles ou de la diversité (deux termes que j’abhorre tant ils sont maladroits et constituent une sorte de stigmatisation), je n’aurai pas la cruauté de pointer du doigt leurs insuffisances… Mais ce qui est, à mes yeux, l’abomination de la désolation (livre biblique de Daniel), c’est l’interférence du politico-familial dans la constitution d’un gouvernement.
La politique est vraiment un art très difficile qui ne s’apprend ni à l’ école ni dans aucun livre mais que seuls quelques hyper doués réussissent à maîtriser, mais jamais complètement : voyez de Gaulle, voyez Churchill, plus proche de nous Margaret Thatcher. Tous furent renvoyés à la maison en dépit de grands, voire de très grands services rendus…
Changer la politique reviendrait à changer l’être humain, chose absolument impossible, relevée par Platon et Aristote, et bien avant eux par la Bible. Mais ne soyons pas trop rigoureux, la vie l’est déjà assez avec ces hommes et ces femmes qui entendent nous gouverner.
La Bible dans son livre des Proverbes relevait déjà il y a plus de 2250 ans ceci : Celui qui dissimule ses fautes ne réussit pas. Mais celui qui
les confesse et les délaisse trouve de la compassion » (Pr 28 :13)
J’approuve entièrement mais ce n’est pas là la meilleure recette pour gagner l’élection à la présidence de la République. Or, tel est bien l’enjeu.
Maurice-Ruben HAYOUN
TDG du 28 janvier 2012