L’anarchie sociale en France : Débat autour du droit de grève…
Les aéroports français risquent de connaître à nouveau l’anarchie la plus totale durant quatre longues journées (rien que cela !) en raison du projet gouvernemental qui consiste à les aligner sur les transports terrestres concernant le droit de grève : tous les grévistes qui entendent cesser le travail doivent se signaler 48 heures à l’avance…
En principe, il n y a rien de mal à cela puisque l’on ne touche guère au droit d’arrêter le travail mais que l’on cherche simplement à protéger l’autre principe de la Constitution qui prévoit la liberté de mouvement et de déplacement pour tous: voilà le véritable enjeu qui n’est pas, comme les prétendent les syndicats et certains partis politiques, une atteinte au droit sacro-saint de grève. Surtout dans un pays comme la France.
En fait, ce faux débat permet de toucher au cœur même de l’organisation sociale française, caractérisée par la crispation, le raidissement et l’opposition exacerbées entre classes sociales. La Révolution française est demeurée inachevée aux yeux de certains qui poursuivent, encore deux siècles après, un combat d’arrière-garde, et aux yeux desquels ce que l’on n’obtient pas par les urnes sera exigible par la rue (manifestations, grèves, blocages, séquestrations, etc…)
Ce que réclament les grévistes en tous genres, c’est le droit illimité de peser sur tous, de la pire des façons, tant qu’ils n’auront pas obtenu gain de cause. Or, la mesure gouvernementale ne vise qu’une chose : protéger les usagers, éviter la pagaille et la désorganisation. La France est pratiquement le seul pays d’Europe où l’acception d’une grève, son sens premier, est de gêner, de faire mal à tous sans distinction aucune…
Voyez l’Angleterre : depuis le long passage de Me Margaret Thatcher, les Trade Unions ont été calmés par des mesures énergiques alors que ils étaient en passe de ruiner l’économie du pays. Voyez l’Italie où les salariés des transports ont droit de faire grève mais après avoir assuré le transport des gens de six heures à neuf heures du matin et le soir entre dix-sept heures et vingt heures. Tout le reste du temps, ils peuvent s’arrêter de travailler.
Mais en France, la grève vise à gêner le maximum de gens, sans le moindre discernement. On se ne se soucie guère de la jeune mère célibataire qui ne sait comment garder ses enfants les jours de grèves des enseignants et qui risque de se mettre à mal avec son employeur… Et il en est de même des hôpitaux, des transports, des agriculteurs, etc… Souvenez vous des agents de sécurité qui ont fait grève au beau milieu des vacances scolaires, condamnant d’innombrables familles avec enfants en bas âge à errer d’un aéroport à l’autre.
La fermeté du gouvernement a payé, ils ont dû se soumettre.
Le ton peut paraître un peu ferme mais la situation l’exige. Savez vous quel est le salaire d’un pilote d’avion de ligne ? Je ne dis pas que ce n’est pas mérité, mais ce ne sont pas les plus malheureux.